Thiénaba, Un drame bouleversant secoue la paisible commune de Thiénaba, où quatre jeunes talibés ont trouvé la mort dans des circonstances encore floues mais profondément troublantes. Ces décès survenus dans un daara non autorisé mettent en lumière les défaillances criantes du système de régulation des écoles coraniques au Sénégal.
Le premier décès signalé fut celui de Pape Ndiassé Mbengue, rapidement inhumé après le rapatriement de son corps auprès de sa famille. Peu de temps après, trois autres enfants — Fallou Fall (11 ans), Cheikh Oumar Guèye (11 ans) et Modou Dièye — succomberont tour à tour malgré les soins prodigués. Selon les premières déclarations recueillies par les autorités, les enfants auraient tous consommé une plante locale connue sous le nom de “Mbanté Maré”, soupçonnée d’être à l’origine de l’empoisonnement.
L’enquête a révélé que le daara fonctionnait dans l’illégalité la plus totale. L’établissement, ni déclaré ni encadré par les autorités compétentes, était dirigé par un maître coranique et son suppléant, M. Seck. Ce dernier a été interpellé par la gendarmerie de Kébémer et placé en garde à vue. Lors de son audition, il a reconnu que l’école n’avait aucune autorisation administrative et ne respectait aucune norme de sécurité.
Face à la gravité des faits, la gendarmerie a prolongé la garde à vue de M. Seck, dépassant le délai légal de 48 heures. Il est poursuivi, aux côtés du maître coranique, pour mise en danger de la vie d’autrui, homicide involontaire et ouverture illégale d’un établissement d’enseignement coranique.
Parallèlement, le parquet de Louga a ordonné des autopsies sur les corps des victimes, qui seront réalisées à l’hôpital général de Grand-Yoff. Des échantillons de la plante suspectée ont également été prélevés et envoyés à l’Institut Pasteur, où des analyses sont en cours afin d’en déterminer la toxicité exacte.
Au-delà du drame humain, cette affaire pose la question plus vaste de la régulation des daaras au Sénégal. Malgré les efforts étatiques pour encadrer ces établissements, nombre d’entre eux continuent de fonctionner dans l’informel, exposant ainsi des milliers d’enfants à des risques sanitaires, éducatifs et sécuritaires.