Ce 19 octobre, la coalition « Samm Sa Kaddu » s’est vue contrainte d’interrompre son action humanitaire à Bakel en raison de l’arrestation musclée de Bougane Gueye Dany par les gendarmes. À cause de cette incident, Ousmane Sonko, qui organisait un meeting de collecte de fonds au « Dakar Arena », à Diamniadio, s’est très vite vu voler la vedette par son virulent opposant. Cet incident a suscité un vif intérêt médiatique et des réactions dénonçant la répression ont inondé les réseaux sociaux.
Samedi dernier, la caravane de la coalition « Samm Sa Kaddu », dirigée par Bougane Gueye Dany, Anta Babacar Ngom et Thierno Bocoum, s’était donnée pour mission d’évaluer les dégâts causés par les récentes inondations des fleuves Sénégal et Gambie, qui ont ravagé plusieurs hectares de terres, affectant des zones habitées. L’objectif de ces leaders de l’opposition était de se rendre à Bakel pour apporter un soutien humanitaire aux populations sinistrées. Cependant, cette action sociale a été interrompue par un dispositif de sécurité imposé par les gendarmes, qui leur ont bloqué la progression à seulement 12 kilomètres de leur destination. Cette situation s’est transformée en une confrontation entre Bougane et les forces de l’ordre, lorsque les gendarmes ont affirmé agir sur des ordres venus « d’en haut », en raison de la proximité du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui devait lui-même se rendre dans la zone touchée par les inondations.
LE COUP DE COM’ DE BOUGANE
L’arrestation de Bougane, survenue dans ce contexte tendu, a pris une tournure spectaculaire qui a immédiatement captivé l’attention des médias et du public. Les images de cette interpellation, marquée par une forte présence policière, se sont répandues comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux. Cet événement a rapidement suscité des réactions virulentes de la part de nombreux citoyens et personnalités publiques, transformant ce qui était initialement un déplacement humanitaire en un événement médiatique majeur. En quelques heures, l’arrestation de Bougane a éclipsé le meeting organisé par Ousmane Sonko au « Dakar Arena », où une collecte de fonds pour sa campagne électorale se tenait en parallèle. Alors que les médias auraient pu se concentrer sur cet événement politique, c’est l’interpellation de Bougane qui a monopolisé le débat public, créant une dynamique inattendue.
En effet, alors que les journalistes s’attendaient à couvrir le « Dakar Arena » qui devait être « THE EVENT ! », ils se sont retrouvés plongés dans un choc de récits où Bougane, de par son arrestation, est devenu « MAIN CHARACTER », c’est-à-dire le centre de l’attention. Les réseaux sociaux ont été inondés de commentaires, de soutiens et de critiques, détournant ainsi l’attention vers la répression présumée des libertés individuelles. Dans un contexte où la communication politique joue un rôle crucial, Bougane a réussi à occuper le devant de la scène médiatique, éclipsant ainsi les initiatives d’autres acteurs politiques et reléguant au second plan le rendez-vous des « Patriotes ».
RÉACTIONS DE L’OPINION
La réaction de la société civile ne s’est pas faite attendre. Alioune Tine a déclaré sur Twitter : « ce serait une grosse erreur politique que de déférer Bougane Gueye Dany au procureur de Tamba », appelant à sa libération immédiate et sans condition. De son côté, le défenseur des droits humains, Seydi Gassama, a exigé la remise en liberté de Bougane, notant que cet « incident mineur qui n’a pas mis en danger la vie des personnes doit être placé dans le contexte préélectoral actuel. » Il a également exhorté la classe politique à faire preuve de sérénité afin de garantir des élections législatives libres et paisibles, en soulignant que « la solidarité nationale envers les populations sinistrées du nord-est du pays doit transcender les agendas et clivages politiques et sociaux. »
Dans un communiqué transmis au Dakarois Quotidien, la coalition « Samm Sa Kaddu » a, elle aussi, exprimé ses inquiétudes face à la situation des sinistrés, déplorant le « laxisme de l’État central » et condamnant l’arrestation de Bougane. Elle a exprimé son indignation face au « mépris flagrant affiché par le régime actuel » envers les souffrances des populations touchées par les inondations. Le communiqué précise que « ce régime, non content de réagir trop peu et trop tard face aux cris de détresse de ces citoyens, a osé faire bloquer par les forces de sécurité le convoi humanitaire » destiné à aider les habitants de Bakel. La coalition a fermement dénoncé cette atteinte aux libertés individuelles et collectives, ainsi que la brutalité infligée à Anta Babacar Ngom et Thierno Bocoum. Elle a exigé la « libération immédiate et sans condition » de Bougane Gueye Dany, qualifiant ces actes de répression de « dérive autoritaire ».
RAISONS DE L’ARRESTATION
Dans un communiqué, la gendarmerie a précisé que Bougane avait refusé de se conformer aux instructions et avait tenté de forcer le barrage. Ce qui a conduit à l’intervention d’un peloton de l’Escadron de Surveillance et d’Intervention (ESI) pour intercepter le convoi. Suite à cet incident, Bougane a été conduit à la brigade de gendarmerie de Bakel pour « refus d’obtempérer ».
Quant au camarades du fervent opposant du duo « Diomaye-Sonko », ils évoquent une annihilation des libertés. Thierno Bocoum a déclaré : « on nous empêche d’accéder à Bakel. Cette dictature ne passera pas dans ce pays. » Il a affirmé que leur présence était justifiée par la solidarité envers les sinistrés, qualifiant le prétexte de la présence présidentielle de « fallacieux ».
Par ailleurs, Anta Babacar Ngom a exprimé sa détermination à se rendre à Bakel pour apporter soutien et réconfort aux familles touchées. Malgré l’absence de Bougane, la caravane a finalement atteint sa destination, avec un retard conséquent. L’équipe a pu finalement distribuer des vivres aux sinistrés.
Le Dakarois