Déclaration de patrimoine : un débat relancé au Sénégal sur la transparence des ministres

La question de la transparence dans la vie publique refait surface au Sénégal, notamment en ce qui concerne les déclarations de patrimoine des membres du gouvernement. Alors que la fortune du président de la République est rendue publique par le Conseil constitutionnel, celle des ministres, y compris le Premier ministre, reste confidentielle. Cette situation soulève de nombreuses interrogations et critiques, tant au sein de la société civile que parmi les militants de la transparence.

Une obligation légale limitée
Selon la cheffe de la division réception et traitement des déclarations de patrimoine de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), Aminatou Diop, la loi actuelle ne permet pas à l’Ofnac de publier le contenu des déclarations. Ces documents, bien qu’exigés par la loi, restent confidentiels. « L’Ofnac n’a pas les prérogatives de rendre public le contenu des déclarations de patrimoine, que ce soit à l’entrée ou à la sortie d’un assujetti », a-t-elle rappelé lors d’un séminaire de formation organisé par l’Ofnac en collaboration avec Amnesty International.

Babacar Bâ, vice-président de l’Ofnac, a abondé dans le même sens, tout en ouvrant la voie à un éventuel changement. « Si les Sénégalais jugent nécessaire d’aller vers la publication de ces données, il faudra modifier la loi. » Il a souligné que ce qui s’applique au président de la République pourrait tout aussi bien s’étendre aux membres du gouvernement, si une réforme législative était engagée.

Une incohérence dénoncée
Pour certains observateurs, comme l’ancien député Doudou Wade, les dispositions actuelles relèvent de l’incohérence. « Le président de la République fait sa déclaration de patrimoine auprès du Conseil constitutionnel, qui est obligé de la rendre publique. Comment voulez-vous, dans ce contexte, protéger son Premier ministre et ses ministres ? Ça n’a pas de sens », a-t-il déclaré.

Les critiques pointent également le risque d’un manque de transparence qui pourrait nuire à la confiance des citoyens envers leurs dirigeants. Selon les militants de la lutte contre la corruption, une telle opacité laisse planer des doutes sur la probité des ministres et du Premier ministre.

Un enjeu de plaidoyer citoyen
La publication des déclarations de patrimoine des membres du gouvernement pourrait être un levier important pour renforcer la lutte contre la corruption au Sénégal. Mais comme l’a souligné Babacar Bâ, tout dépendra de la volonté politique et de la mobilisation citoyenne pour pousser à une réforme législative.

Pour l’instant, le débat reste ouvert. Les associations de lutte contre la corruption, comme Amnesty International, continuent de plaider pour des mesures plus strictes et une transparence accrue. Dans un pays où la reddition des comptes est un enjeu central, l’évolution de ce dossier pourrait marquer un tournant dans les efforts pour assainir la gouvernance publique.

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