[8 mars] La politique, le dernier rempart de la virilité ?

La question de la place des femmes en politique au Sénégal suscite des débats et des réflexions approfondies, notamment à l’approche de la Journée internationale des droits des femmes. L’histoire politique du pays montre que les femmes ont toujours été présentes dans l’arène politique, même si celle-ci était souvent dominée par des hommes.

Le mémoire de DEA de Seynabou Ndiaye Sylla en 2001, intitulé « Femmes et Politiques au Sénégal : contribution à la réflexion sur la participation des femmes sénégalaises à la vie politique de 1945 à 2001 », soulève des interrogations cruciales. La politique est-elle le dernier rempart de la virilité ? Est-ce une pratique réservée aux hommes, ancrée dans un imaginaire masculin ?

L’examen de l’histoire politique du Sénégal révèle des figures féminines marquantes dès la période précoloniale. Des femmes exceptionnelles, telles que Yassine Boubou et les reines Ndatte Yalla et Djembeut Mbodj, ont joué un rôle politique majeur, démontrant que la politique n’était pas l’apanage exclusif des hommes.

La période coloniale a également été marquée par l’engagement politique des femmes, notamment dans les campagnes électorales. Lamine Guèye, premier avocat noir de l’Afrique occidentale française (OAF), a reconnu l’importance du poids électoral des femmes et a su en tirer parti dès 1925, devenant le premier maire noir de Saint-Louis du Sénégal.

Après les indépendances, des femmes telles que Caroline Faye et Maimouna Kane ont ouvert la voie en devenant les premières députées et ministres du pays. Le Sénégal a également vu émerger la première femme Premier ministre, Mame Madior Boye, sous le régime libéral.

En mai 2010, une loi sur la parité entre hommes et femmes dans les fonctions électives a considérablement augmenté la représentation des femmes à l’Assemblée nationale, marquant un tournant dans l’histoire politique du pays.

Cependant, malgré ces avancées, la question de la masculinisation persiste dans l’espace politique sénégalais. Les femmes politiques font face à des défis, à commencer par la répartition sexuée des espaces public et privé. La politique, déjà difficile, devient encore plus complexe pour les femmes en raison des normes sociales préétablies.

L’observation de la professeure Amsatou Sow Sidibé, candidate aux élections présidentielles de 2019 et 2024, souligne les obstacles rencontrés par les femmes politiques. Le système patriarcal et les représentations traditionnelles entravent la participation égalitaire des femmes à la vie politique et sociale.

Le débat sur la promotion du leadership féminin et la nécessité d’une solidarité entre les femmes demeurent au cœur des enjeux. Certains estiment que les femmes elles-mêmes peuvent être réticentes à promouvoir l’avancement de leurs pairs. La nécessité de moyens financiers pour s’engager en politique est également soulignée.

Ainsi, la Journée internationale des droits des femmes invite à réfléchir sur ces enjeux persistants et à promouvoir l’égalité des sexes en politique. La consolidation des acquis et une réelle solidarité entre les femmes sont essentielles pour surmonter les défis et progresser vers une représentation politique plus équilibrée au Sénégal.

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