Finances publiques : le FRAPP appelle à un refus de payer la dette cachée du Sénégal

L’annonce a fait l’effet d’une onde de choc : entre 2019 et 2023, une dette de 7 milliards de dollars aurait été dissimulée sous la présidence de Macky Sall, selon les constations du Fonds monétaire international (FMI). Alors que le rapport d’audit de la Cour des comptes met en lumière d’importantes irrégularités dans la gestion des finances publiques, la société civile monte au créneau. Le Front pour une Révolution Anti-impérialiste Populaire et Panafricaine (FRAPP) appelle à une mobilisation nationale pour contester cette dette jugée illégitime et exiger des comptes.

APPEL À LA MOBILISATION POUR L’ANNULATION DE LA DETTE ILLÉGITIME- ÑOO BAÑ, DU ÑU FAY BOR BI!

Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment révélé qu’entre 2019 et 2023, une dette de 7 milliards de dollars (soit plus de 4 000 milliards de FCFA) aurait été dissimulée sous la présidence de Macky Sall. Cette annonce a provoqué un choc au sein de l’opinion publique sénégalaise, soulevant des interrogations majeures sur la gouvernance économique du pays et sur la responsabilité des institutions internationales. Si cette dette a été tenue secrète, comment expliquer le silence du FMI pendant toutes ces années ? L’institution, censée veiller à la transparence et à la stabilité financière des pays qu’elle surveille, n’a-t-elle pas failli à sa mission en ne révélant cette anomalie que maintenant ?

Une équipe des services du FMI, dirigée par M. Edward Gemayel, a effectué une mission au Sénégal du 18 au 26 mars 2025 afin d’échanger avec les autorités sur les conclusions du rapport d’audit de la Cour des comptes, publié le 12 février 2025. Cet audit approfondi a examiné l’exécution budgétaire sur la période 2019-2023 et confirmé des déclarations erronées importantes des déficits budgétaires et de la dette publique. La mission visait à évaluer l’ampleur des écarts constatés, comprendre les mécanismes ayant conduit aux incohérences et discuter des mesures correctrices à mettre en place pour éviter qu’elles ne se reproduisent.

Le rapport de la Cour des comptes, intitulé “Rapport sur la situation des Finances publiques : gestion de 2019 au 31 mars 2024”, a été transmis au gouvernement avant sa publication. Ce rapport comprend deux chapitres principaux : le premier examine les opérations du budget général et des comptes spéciaux du Trésor, tandis que le second se concentre sur la gestion de la trésorerie et la situation de l’endettement. L’audit a révélé des anomalies significatives dans la gestion des finances publiques pendant la période concernée, notamment des écarts importants entre les chiffres officiels et la réalité financière du pays.

Ainsi, le rapport indique que l’encours total de la dette de l’administration centrale budgétaire s’élevait à 18 558,91 milliards de francs CFA au 31 décembre 2023, représentant 99,67 % du PIB, un taux bien supérieur à celui annoncé par le précédent régime, qui évoquait un montant de 13 854 milliards. Cet écart de 25,27 % met en lumière une importante divergence entre les chiffres réels et les montants officiellement communiqués. En ce qui concerne le déficit budgétaire en 2023, l’ancien régime avait annoncé un montant de 911 milliards de FCFA, soit 4,9 % du PIB. Toutefois, selon le “déficit recalculé” par la Cour des comptes, ce déficit atteignait en réalité 2 291 milliards de FCFA, soit 12,3 % du PIB.

Ces révélations soulèvent des interrogations quant à la responsabilité du FMI, une institution chargée de veiller à la transparence et à la stabilité financière des pays membres. Si une telle somme a été dissimulée, comment expliquer le silence du FMI pendant toutes ces années ? L’institution n’a-t-elle pas failli à sa mission en ne révélant cette anomalie que maintenant ? Le FMI est souvent accusé d’être un acteur politique influençant les choix budgétaires des pays sous ajustement structurel tout en fermant les yeux sur certaines pratiques des gouvernements en place. Si le FMI a volontairement attendu le départ de Macky Sall pour révéler cette dette cachée, cela signifie qu’il aurait joué un rôle dans la protection de l’ancien régime. Cette révélation tardive pourrait alors être interprétée comme une tentative de pression sur le nouveau gouvernement, lui imposant un passif financier colossal et limitant ainsi sa marge de manœuvre.

Il est essentiel de comprendre les implications concrètes d’une dette cachée de cette ampleur. Si ces 7 milliards de dollars doivent être intégrés dans les comptes publics, cela signifie que le Sénégal verra sa dette officiellement augmentée, ce qui risque d’affecter sa notation financière et d’augmenter les coûts de ses futurs emprunts. De plus, le pays pourrait être contraint d’adopter de nouvelles mesures d’austérité pour respecter ses engagements envers les créanciers, au détriment des investissements sociaux et économiques nécessaires à son développement. Le peuple sénégalais se retrouverait alors à payer pour des choix financiers qu’il n’a jamais validés ni même connus.

Face à cette situation, plusieurs solutions peuvent être envisagées. Tout d’abord, une enquête approfondie doit être menée pour identifier les responsables de cette dissimulation, tant au niveau national qu’international. L’Inspection Générale d’État (IGE) doit jouer un rôle actif en exploitant le rapport de la Cour des comptes et en approfondissant les investigations pour déterminer comment ces fonds ont été engagés et qui en a bénéficié. Ensuite, il est impératif que les nouvelles autorités sénégalaises contestent officiellement cette dette auprès des créanciers et des institutions internationales, en invoquant la doctrine de la dette odieuse.

L’histoire récente montre que certains pays ont réussi à se libérer d’une dette illégitime. En 2003, l’Irak a bénéficié d’une annulation de dette en raison du caractère odieux des emprunts contractés sous Saddam Hussein. L’Équateur, en 2008, a refusé de rembourser certaines dettes après un audit national qui a conclu qu’elles étaient illégitimes. Le Sénégal pourrait s’inspirer de ces exemples pour refuser de payer une dette qui n’a pas profité à son peuple.

Le refus de cette dette ne signifie pas que le Sénégal doit se plier aux exigences du FMI ou dépendre de son expertise pour gérer cette crise. Le FMI a prouvé à maintes reprises qu’il ne défendait pas les intérêts des peuples, mais plutôt ceux des créanciers internationaux et des grandes puissances économiques (cf rapport 2025 du FRAPP sur les institutions de Bretton Woods- _https://urls.fr/lHVehH_ ). Il est donc impératif que le Sénégal rompe avec cette institution et explore des alternatives souveraines pour atteindre les objectifs de l’Agenda National de Transformation/Vision 2050.

Dans cette perspective, le gouvernement doit rapidement lancer les concertations sur le projet de loi portant doctrine de financement de l’économie nationale, annoncé en Conseil des ministres le 16 octobre 2024. Les autorités doivent convier les parties prenantes à la réflexion et accélérer le processus afin de faire émerger des solutions endogènes. Parmi celles-ci, des instruments comme la Diaspora Bond, l’equity ou les Patriotes Bonds pourraient constituer des alternatives viables pour mobiliser des ressources sans dépendre des institutions financières internationales.

Cette affaire met en lumière les failles d’un système où les décisions financières d’un gouvernement peuvent engager l’avenir de tout un peuple sans son consentement. La révélation tardive du FMI pose de sérieuses questions sur sa crédibilité et son rôle dans la gestion économique du Sénégal. Le peuple sénégalais ne doit pas être tenu responsable d’une dette contractée dans l’ombre et qui ne lui a apporté aucun bénéfice tangible.

Face à cette injustice, la mobilisation populaire est indispensable. Les citoyens doivent s’organiser pour exiger la transparence et refuser le paiement de cette dette illégitime. 
Le FRAPP invite donc les forces de la nation à appuyer ce plaidoyer à travers la mise en place d’un collectif citoyen pour l’annulation de cette dette.
C’est en s’unissant que les Sénégalais pourront imposer un nouveau modèle économique fondé sur la souveraineté et la justice sociale.

Polémique sur la dette cachée : l’APR défie le gouvernement et interpelle le FMI

L’affaire de la « dette cachée » de 4 000 milliards de FCFA continue de secouer la scène politique sénégalaise. L’ancien ministre Papa Malick Ndour, membre influent de l’Alliance pour la République (APR), rejette catégoriquement les accusations portées contre le régime de Macky Sall et interpelle le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un arbitrage sur cette affaire. Selon lui, le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye utilise cette controverse pour détourner l’attention des difficultés économiques actuelles du pays.

Dans une interview accordée à France 24, Papa Malick Ndour a dénoncé une instrumentalisation politique visant à discréditer l’ancien régime. Il met en cause le rapport de la Cour des comptes, qui aurait révélé l’existence d’une dette non déclarée d’environ 7 milliards de dollars sous le gouvernement de Macky Sall.

« Ce sont des accusations infondées et mensongères. Il n’existe aucune dette cachée. La gestion budgétaire du Sénégal a toujours été transparente et encadrée par des institutions comme le FMI et la Banque mondiale. Si une telle somme existait sans être déclarée, ces organismes l’auraient relevée bien avant », a-t-il martelé.

L’ancien ministre reproche également au gouvernement actuel de ne pas avoir respecté le principe du contradictoire en publiant le rapport sans donner la possibilité aux anciens responsables financiers de se défendre.

« Un audit sérieux exige que toutes les parties concernées soient entendues. Or, nous n’avons même pas été consultés avant la publication du rapport. C’est une attaque politique déguisée sous une prétendue quête de transparence », a-t-il dénoncé.

L’APR alerte sur les conséquences économiques et financières de cette polémique. Selon Papa Malick Ndour, ces accusations risquent de ternir la réputation du Sénégal auprès des investisseurs et des institutions de financement international.

« Le gouvernement actuel a créé un climat d’incertitude économique en lançant ces accusations à la légère. Résultat : les agences de notation et les bailleurs s’interrogent sur la stabilité financière du pays. Cela pourrait entraîner une baisse de la note souveraine du Sénégal, une augmentation des taux d’intérêt sur les emprunts et des restrictions sur l’accès aux financements internationaux », a-t-il averti.

Cette situation, selon lui, fragilise l’économie nationale et compromet la mise en œuvre des projets d’infrastructures financés par des emprunts internationaux.

Face à la polémique, Papa Malick Ndour défie le gouvernement en demandant une confrontation devant le Fonds monétaire international (FMI). Selon lui, cette instance dispose des outils nécessaires pour vérifier la véracité des accusations et trancher le débat.

« Nous avons l’opportunité unique de démontrer les contrevérités du gouvernement devant le FMI. Si cette dette cachée existait réellement, alors qu’ils en apportent la preuve devant cette institution », a-t-il lancé.

Il a également affirmé que l’APR est prête à organiser un débat public sur la gestion financière du Sénégal avec les experts économiques du parti au pouvoir.

« Nous invitons les ‘4 000 cadres’ du PASTEF à un débat technique et factuel. Qu’ils viennent nous expliquer où est cette dette, qui en sont les créanciers, et pourquoi elle n’a jamais été révélée auparavant », a-t-il ajouté.

Cette affaire de dette cachée est devenue un véritable chantier politique entre le nouveau et l’ancien régime. D’un côté, le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko accuse Macky Sall d’avoir laissé un fardeau financier dissimulé, rendant plus difficile la mise en place de leurs réformes économiques. De l’autre, l’APR dénonce une tentative de diversion pour masquer l’inexpérience et l’échec du gouvernement actuel dans la gestion économique du pays.

Dans un contexte où le Sénégal négocie avec le FMI et la Banque mondiale pour maintenir sa stabilité financière, cette controverse pourrait avoir des conséquences à long terme sur la confiance des investisseurs et des partenaires internationaux.

Aliou Tine interpelle les anciens ministres : « Où sont passés les 4000 milliards de dette cachée ? »

L’affaire de la dette cachée de plus de 4000 milliards de francs CFA continue de susciter de vives réactions au Sénégal. Aliou Tine, président d’Afrikajom Center, a interpellé les anciens ministres du régime de Macky Sall, leur demandant des comptes sur cette dette qui, selon le Fonds monétaire international (FMI) et la Cour des Comptes, aurait été dissimulée entre 2019 et 2024.

Dans une déclaration publiée sur X (anciennement Twitter), Aliou Tine a exigé des explications claires et transparentes sur cette affaire qui jette le doute sur la gestion financière de l’ancien gouvernement. Il a notamment appelé Pape Malick Ndour, ancien ministre de la Jeunesse et proche du pouvoir déchu, à s’expliquer sur l’usage de ces milliards dissimulés. « Nous devons savoir ce qu’on a fait de cette dette cachée », a-t-il lancé, ajoutant que le silence des responsables de l’ancien régime était inacceptable face aux attentes des Sénégalais.

Le rapport de la Cour des Comptes, publié en février 2025, a révélé que le gouvernement précédent avait faussé les chiffres du déficit budgétaire et de la dette publique entre 2019 et 2024. Selon ce document, la dette réelle du Sénégal aurait été volontairement sous-évaluée, permettant ainsi à l’État de contracter davantage de prêts auprès des partenaires financiers internationaux.

Le chef de mission du FMI au Sénégal, Edward Gemayel, a confirmé ces manipulations budgétaires, expliquant que le gouvernement de Macky Sall avait utilisé des méthodes opaques pour masquer l’ampleur de l’endettement. Selon lui, cette dette cachée s’élèverait à environ 7 milliards de dollars (plus de 4000 milliards de FCFA), un montant colossal qui pèse lourdement sur les finances publiques.

Avec la publication de ces informations et les révélations du FMI, la pression monte sur les anciens dignitaires du régime de Macky Sall. Pourquoi ces dettes ont-elles été dissimulées ? Qui a pris ces décisions et dans quel but ? Autant de questions qui restent sans réponse officielle à ce jour.

Alors que le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye tente de rééquilibrer les finances du pays, les attentes sont fortes du côté de l’opinion publique. Certains observateurs estiment que des poursuites judiciaires pourraient être engagées si des responsabilités individuelles étaient établies dans cette affaire.

En attendant, Aliou Tine et de nombreuses voix de la société civile continuent d’exiger la vérité et un examen approfondi des comptes de l’État. Cette affaire de dette cachée pourrait bien devenir l’un des plus grands scandales financiers de l’histoire récente du Sénégal.

Le FMI face au Sénégal : une dérogation ou un remboursement de la dette cachée ?

Le Fonds Monétaire International (FMI) pourrait adopter deux options face à la situation financière actuelle du Sénégal : accorder une dérogation ou exiger un remboursement. C’est ce qu’a révélé Edward Gemayel, chef de la mission du FMI pour le Sénégal, lors d’une interview accordée à Radio France Internationale (RFI) ce mardi 25 mars 2025.

Les discussions entre Dakar et le FMI sont suspendues depuis que l’institution financière a mis en lumière l’existence d’une dette cachée de 7 milliards de dollars (environ 4000 milliards de FCFA), accumulée entre 2019 et 2024 sous la présidence de Macky Sall. Cette découverte a conduit à la suspension du programme d’aide financière accordée au Sénégal.

La situation est jugée préoccupante car le FMI ne peut plus avancer dans les discussions sur un nouveau programme d’appui tant que les données économiques transmises par le précédent gouvernement ne sont pas rectifiées.

Les conclusions du rapport de la Cour des comptes sénégalaise confirment ces irrégularités. Selon ce document, la dette publique a été sous-estimée et certaines obligations financières du pays n’ont pas été déclarées de manière transparente. Ce manque de rigueur budgétaire a contribué à la dégradation des finances publiques et à l’incertitude actuelle.

Pour le FMI, il est impératif de rétablir la crédibilité des chiffres économiques du Sénégal avant de discuter d’un quelconque nouvel accord. Cette exigence de transparence s’inscrit dans une volonté de garantir une gestion plus rigoureuse des finances publiques.

Selon Edward Gemayel, deux options sont sur la table :

  1. L’octroi d’une dérogation : le FMI pourrait décider de passer outre cette irrégularité en accordant une dérogation exceptionnelle au Sénégal. Cela permettrait de maintenir le partenariat financier entre l’institution et le pays, en évitant une rupture brutale des financements internationaux.
  2. L’exigence d’un remboursement : dans ce cas, le FMI pourrait demander au Sénégal de rembourser une partie des fonds déjà débloqués, en guise de compensation pour la fausse déclaration des finances publiques. Cette option compliquerait encore davantage la situation économique du pays, qui fait déjà face à des tensions budgétaires.

Cette incertitude économique place le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye dans une position délicate. L’administration actuelle, qui a promis plus de transparence et une gestion rigoureuse des finances publiques, doit maintenant gérer l’héritage économique du régime précédent.

Le Premier ministre Ousmane Sonko avait déjà dénoncé ces données falsifiées et annoncé un audit général des finances publiques pour identifier les responsabilités. Mais cela suffira-t-il à convaincre le FMI de ne pas exiger un remboursement immédiat ?

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