Dakar Dem Dikk face à une crise financière : Une dette de 4,9 milliards de francs CFA et une masse salariale insoutenable

La société nationale de transport, Dakar Dem Dikk (DDD), traverse une période difficile sur le plan financier, avec un endettement qui atteint 4,9 milliards de francs CFA. Lors d’une conférence de presse tenue vendredi à Dakar, son directeur général, Assane Mbengue, a exposé les défis auxquels l’entreprise fait face, notamment une masse salariale jugée « insoutenable » et des irrégularités dans la gestion des recettes.

M. Mbengue a indiqué que la situation actuelle résulte d’une augmentation significative du personnel. « En 2019, le nombre de salariés est passé du simple au double, entraînant une hausse de la masse salariale de près de 60 % », a-t-il déclaré. À ce jour, DDD emploie 3.122 personnes, avec une masse salariale mensuelle s’élevant à 1 milliard 151 millions 131 mille 440 francs CFA. Cette charge représente un déséquilibre financier qui pèse lourdement sur les opérations de la société.

En plus des problèmes de personnel, DDD fait face à une dette fiscale élevée, malgré les compensations financières reçues de l’État. M. Mbengue a également signalé des pertes conséquentes dues à des pratiques de gestion interne. « Vingt-cinq pour cent des receveurs à bord des bus ne reversent pas les montants collectés auprès des usagers », a-t-il déploré, soulignant la nécessité de réformes dans la gestion des revenus.

Le climat de travail au sein de DDD est décrit comme étant « fortement syndiqué et politisé », ce qui complique la mise en œuvre de changements nécessaires. Cependant, le directeur général a assuré qu’il prendrait toutes les mesures nécessaires pour que l’entreprise récupère les montants dus et redresse sa situation financière.

Dakar Dem Dikk est également en train d’apurer sa dette envers ses fournisseurs, avec des paiements s’élevant à 548.090.000 francs CFA déjà effectués dans ce sens. Malgré ces efforts, le défi reste immense, et des solutions à long terme s’imposent pour assurer la viabilité de l’entreprise.

Les pertes d’exploitation, bien que diminuées, témoignent des difficultés persistantes. Celles-ci ont chuté de 3 milliards 108 millions 161 mille 167 francs CFA entre janvier et avril 2024, à 1 milliard 734 millions 114 mille 431 francs CFA entre mai et août derniers. Pour Assane Mbengue, il est impératif de « repenser » l’exploitation de Dakar Dem Dikk et d’envisager un assainissement global de ses finances.

L’avenir de la société de transport public est en jeu, et des réformes en profondeur sont nécessaires pour rétablir un équilibre financier et garantir la continuité des services qu’elle offre aux usagers. La situation actuelle soulève des questions sur la gestion des ressources dans le secteur public, et les acteurs concernés devront agir rapidement pour éviter une crise qui pourrait impacter de manière significative le transport urbain à Dakar.

La dette sénégalaise sous scrutateur : Analyse des propos de Doudou Wade

L’ancien président du groupe parlementaire libéral, Doudou Wade, a exprimé des inquiétudes concernant la croissance rapide de la dette du Sénégal, atteignant un record de 1.150 milliards de francs CFA prévus pour octobre. Dans une récente interview à la Rts, Wade a souligné que cette augmentation est sans précédent dans l’histoire du pays, critiquant la gestion actuelle comme difficile et exigeant une approche sérieuse des problèmes urgents. Alors que le pays se concentre sur la gestion de cette dette croissante, Wade a averti contre la complaisance et l’importance de résoudre les problèmes laissés par les précédents régimes.

Vers une pénurie de carburant à la pompe

Le Sénégal n’est pas l’abri d’une pénurie de carburant à la pompe en raison d’une dette de 140 milliards FCFA que les distributeurs réclament à l’État.

Alerte inquiétante envers le secteur pétrolier. Il y a un risque énorme de pénurie de carburant à la pompe à cause d’une dette de plus de 140 milliards de FCFA au titre des pertes commerciales et de la péréquation de transport des produits pétroliers, rapporte L’OBS.

Pour rappel, la péréquation de transport des produits pétroliers, ce mécanisme qui permet d’égaliser le prix du carburant sur l’étendue du territoire, tarde à être remboursée sur l’année 2023 qui s’achève bientôt !

Le différentiel de transport entre le prix réel payé aux transporteurs et le prix fixé dans la structure des prix est à la charge de l’Etat. Aujourd’hui, le montant à rembourser par l’Etat est à plus de 5 milliards F Cfa. Les sociétés de distribution pétrolière ne sauraient attendre le remboursement de l’Etat pour s’acquitter de leurs créances vis-à-vis des sociétés de transport. Nous prenons sur nous cette charge de trésorerie pour ne pas crisser la chaîne d’approvisionnement.

Au titre des pertes commerciales, les importateurs suppléent l’Etat dans l’approvisionnement du pays et au prix fort. La guerre d’Ukraine et les troubles géopolitiques, qui ont rythmé la scène internationale, ont fortement secoué l’approvisionnement du pays. Grâce aux importateurs alliés à leurs sociétés-mères, nous avons surmonté ces épreuves.

Lors d’une réunion du 18 avril 2022, le ministère du Pétrole et des énergies insistait particulièrement sur la continuité de l’approvisionnement du pays et pour ce faire, misait sur les importateurs, révèle Ameth GUISSE – Président de l’Association Sénégalaise des Pétroliers.

Toutefois, cet effort a un prix et à ce jour, malgré le concours du gouvernement, les arriérés de remboursement se sont reconstitués et avoisinent plus de 135 milliards de F Cfa si nous y incluons le remboursement des clients exonérés.

Et pourtant, pendant ce temps, l’Etat met une pression énorme aux sociétés pétrolières de s’acquitter de leurs devoirs de contribuables envers la Dgid en imposant l’attestation de paiement de la Tpp (Taxe spécifique des produits pétroliers) tous les 15 du mois sous peine de blocage de toutes leurs livraisons aussi bien aux stations-services qu’aux industriels. Cette nouvelle disposition a été introduite dans le nouveau Code général des impôts 2023 publié dans le Journal officiel du 31 décembre 2022.

L’Etat leur impose de s’acquitter des droits de douane sous peine aussi de bloquer les sorties des camions pour approvisionner lesdits clients.
Cette situation pressure les sociétés à qui l’Etat doit des arriérés énormes. L’Etat est le garant de l’équité et à ce titre, se doit à tout moment de comparer sa dette due au sous-secteur par rapport à ce que celui-ci lui doit.
La pérennité des entreprises en découle.

Cet état de fait menace à terme l’approvisionnement du pays de même que la distribution du carburant à un prix équitable sur l’ensemble du territoire. Les sociétés de distribution pétrolière souffrent et en appellent au sens de l’équité de l’Etat. Les échéances électorales à venir risquent de prolonger les délais de remboursement. Et pourtant, malgré ce calendrier, le pays doit continuer de fonctionner comme dans toutes les démocraties.

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