Pacte de stabilité sociale : Mamadou Lamine Dianté détaille le rôle stratégique du Haut Conseil du Dialogue Social

Invité ce dimanche 18 mai 2025 sur le plateau de Face au Jury (PressAfrik TV), Mamadou Lamine Dianté, président du Haut Conseil du Dialogue Social (HCDS), a levé le voile sur les coulisses du nouveau pacte de stabilité sociale signé entre le gouvernement, les syndicats et le patronat. Ce processus, amorcé dès l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye, s’est imposé comme un des piliers majeurs de sa stratégie de pacification du climat social.

Dès les premières semaines du nouveau quinquennat, le président Faye a placé la question sociale au cœur de son agenda. Selon M. Dianté, le chef de l’État « a compris que sa politique ne pourrait produire des résultats sans une stabilité dans les milieux de travail ». C’est dans cette perspective que le Haut Conseil du Dialogue Social a été sollicité pour piloter un processus de concertation nationale, avec pour objectif un pacte équilibré et ambitieux.

Contrairement à certaines idées reçues, les discussions n’ont pas débuté en mars 2025, mais dès janvier. Mamadou Lamine Dianté a précisé avoir pris l’initiative : « Le 24 janvier, j’ai demandé à parler aux secrétaires généraux des syndicats. Ils sont venus me voir, et très vite, nous avons adressé un courrier officiel aux autorités. Une semaine plus tard, nous rencontrions le ministre du Travail. »

Les échanges ont débouché sur un document de base, baptisé draft zéro. À la différence du pacte de 2014, celui de 2025 intègre des attentes sectorielles concrètes et des engagements clairs, dépassant le cadre des simples déclarations d’intention. « Les centrales syndicales ont voulu que ce pacte sorte des négociations sectorielles ordinaires », a souligné M. Dianté, insistant sur la portée transversale de ce nouvel accord.

Pour encadrer cette démarche, le Premier ministre Ousmane Sonko a mis en place un comité restreint dans lequel le HCDS a joué un rôle moteur. La première étape fut une évaluation approfondie du pacte de 2014, afin d’en tirer les leçons. Cette phase a été suivie par une rencontre tripartite décisive, tenue le 27 février 2025 au Grand Théâtre national de Dakar. Une réunion jugée structurante, car elle a permis, selon M. Dianté, de renforcer la confiance entre les trois parties.

Le président Faye a ensuite donné des directives claires pour étendre les négociations aux grands secteurs sociaux : éducation, santé, justice, collectivités territoriales, etc., avec comme échéance symbolique le 1er mai 2025, jour de la fête du Travail. Grâce à une médiation discrète et continue du HCDS, les divergences ont été surmontées, permettant la signature d’un pacte à la hauteur des attentes.

« Notre rôle de médiation exige de la discrétion, surtout dans les rencontres sensibles. Il ne faut pas en faire un espace de polémique, sinon les lignes ne bougent pas », a confié Mamadou Lamine Dianté, soulignant l’importance du dialogue de fond, constructif et apaisé dans l’environnement social actuel.

Ce pacte, désormais effectif, constitue un levier stratégique pour le gouvernement Diomaye Faye : il vise à assurer la paix sociale durable, indispensable à la réussite de ses réformes structurelles. Le HCDS, en s’érigeant en courroie de transmission entre les différentes forces sociales, s’affirme plus que jamais comme un acteur central du nouveau contrat social sénégalais.

Licenciements massifs au Sénégal : la CNTS dénonce des pratiques abusives et appelle au dialogue social

La multiplication des licenciements dans le secteur privé et parapublic suscite une vive inquiétude au sein du monde syndical. La Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS) alerte sur des pratiques jugées abusives et réclame l’ouverture d’un dialogue social inclusif afin de protéger les droits des travailleurs.

Lors d’un atelier de formation tenu ce lundi à Fatick, Mariame Sakho Dansokho, secrétaire fédérale de la CNTS en charge de l’éducation et de la formation, a exprimé son indignation face à la vague de licenciements qui frappe le pays. Selon elle, ces mises à pied massives ne respectent pas les normes en vigueur et se déroulent dans des conditions souvent opaques.

« La CNTS ne peut que déplorer les licenciements abusifs auxquels nous assistons en ce moment. Il y en a beaucoup. Et malheureusement, ce sont des licenciements qui n’ont pas respecté les procédures », a-t-elle déclaré.

La syndicaliste pointe du doigt l’absence de concertation préalable entre les employeurs et les travailleurs, un manquement grave aux principes de dialogue social censés régir le marché du travail. Elle insiste sur la nécessité d’un cadre de discussions entre les différentes parties pour anticiper et éviter ces ruptures brutales de contrats.

Au-delà des procédures irrégulières, la CNTS dénonce un manque flagrant de dialogue social dans la gestion des licenciements. Pour Mariame Sakho Dansokho, les entreprises doivent associer les travailleurs aux discussions avant toute décision, afin de rechercher des alternatives viables.

« Il y a des procédures pour licencier. On n’a pas convié les travailleurs autour d’un dialogue social pour voir quel plan il faut mettre en place », regrette-t-elle.

L’organisation syndicale considère que la crise économique ne peut justifier un passage en force des employeurs au détriment des travailleurs. Elle exhorte donc les autorités à renforcer le cadre juridique et institutionnel en faveur d’un dialogue social constructif et permanent.

Face à cette situation préoccupante, la CNTS place de grands espoirs dans les échanges avec le Premier ministre. Selon Mariame Sakho Dansokho, le gouvernement doit jouer un rôle central dans la régulation du marché du travail et la protection des salariés.

« Le travail sérieux va commencer après le lancement, avec le Premier ministre qui nous a dressé le contexte financier et économique du pays », a-t-elle affirmé, suggérant que ces discussions pourraient aboutir à des mesures concrètes pour endiguer la crise sociale.

La CNTS exhorte les autorités à revoir en profondeur les mécanismes de licenciement afin de garantir plus de transparence et d’équité. Elle rappelle que le respect des droits des travailleurs et la préservation des emplois doivent être des priorités pour assurer une stabilité sociale et économique durable.

« Ce que nous disons, c’est que le dialogue social doit être mis en œuvre. Il doit être franc et sincère pour mettre tous les problèmes sur la table, en discuter et trouver des solutions », insiste la responsable syndicale.

Alors que le climat social demeure tendu, la CNTS met en garde contre les conséquences désastreuses d’une détérioration des relations de travail. Elle appelle ainsi à une mobilisation générale pour faire entendre la voix des travailleurs et garantir une meilleure protection de leurs droits.

Dialogue social : vers un accord entre le gouvernement et les agents des collectivités territoriales

Le ministre de l’Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l’Aménagement du territoire, Moussa Bala Fofana, a récemment annoncé des avancées significatives dans le dialogue avec l’intersyndicale des agents des collectivités territoriales, qui avait engagé un mouvement social prolongé. Dans un communiqué, le ministre a exprimé sa satisfaction suite à la rencontre tenue avec les représentants syndicaux, à laquelle ont assisté plusieurs hauts responsables de son ministère, y compris son Directeur de cabinet et la Secrétaire Générale.

Cette réunion a permis de rétablir le dialogue et de poser les fondations d’une solution durable visant à améliorer la fonction publique locale. « Nous avons convenu de l’impérieuse nécessité de mettre un terme à une situation qui pénalise considérablement les populations sénégalaises », a déclaré Moussa Bala Fofana, soulignant que l’interministérialité sera essentielle pour relever les défis identifiés.

Les discussions ont abordé plusieurs points cruciaux, tels que la carrière des agents, prenant en compte les diplômes, les grades et l’ancienneté. La nécessité de renforcer les compétences des agents a également été mise en avant. Un dispositif d’accompagnement social devrait également être instauré pour répondre aux besoins spécifiques des agents.

Les représentants syndicaux ont salué la nature constructive des échanges et ont soumis des propositions concrètes pour améliorer les conditions de travail. Le ministre Fofana s’est engagé à examiner ces suggestions tout en tenant compte des contraintes budgétaires du pays. « Nous avons promis d’y apporter des solutions soutenables en collaboration avec les autres ministères concernés et ceci dans les meilleurs délais », a-t-il assuré.

Cette rencontre s’est tenue dans un contexte où le Premier ministre Ousmane Sonko avait récemment appelé à la création d’un pacte social visant à instaurer une stabilité durable. Les représentants de l’intersyndicale se sont engagés à informer leur base des progrès réalisés, exprimant leur espoir d’un « dénouement heureux au profit du contribuable sénégalais et pour l’intérêt supérieur de la nation ».

Après plusieurs heures de discussions, les deux parties semblent donc sur la voie d’un apaisement, avec l’ambition commune de trouver des solutions pour améliorer le cadre de travail des agents et répondre aux attentes des collectivités locales. Le dialogue reste ouvert, et des solutions durables devraient être apportées dans les semaines à venir, offrant ainsi une lueur d’espoir pour les agents des collectivités territoriales et la population sénégalaise dans son ensemble.

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