Lors de la présentation de l’ouvrage intitulé “Gouvernance des biens communs et comptabilité patrimoniale au Sénégal” de Ndèye Nangho Dioum, Me Doudou Ndoye a livré une analyse critique sur les déviances observées dans la gestion du domaine national au Sénégal. À travers ses propos, il pointe des pratiques illégales et appelle à une réforme urgente et collective pour redresser la situation.
Le domaine national, constitué des terres appartenant à la nation, est un bien commun censé être géré dans l’intérêt général. Pourtant, selon Me Ndoye, les populations et certains responsables administratifs contournent les lois pour aboutir à des ventes illégales. « Les populations ont inventé des méthodes de contournement des lois. Elles ont créé leur propre système juridique », a-t-il affirmé, dénonçant une gestion chaotique et un usage détourné des terres.
Il rappelle que seule l’État a le pouvoir d’immatriculer ces terres et que cette prérogative doit servir l’intérêt public. Cependant, dans la pratique, de nombreux titres fonciers sont octroyés à des privés sans respect des conditions d’exploitation prévues. Ces terrains, souvent attribués sous forme de baux emphytéotiques, sont ensuite revendus sans investissements, contribuant à la spéculation foncière.
Me Ndoye ne s’est pas limité à critiquer les populations. Il a également mis en lumière la responsabilité des collectivités locales et de l’administration dans ces dérives. « Les populations se rendent à la mairie pour obtenir des terres interdites à la vente. Ces terres finissent pourtant par être vendues devant notaire, avec la complicité des conseils ruraux ou municipaux », a-t-il déploré.
Ces pratiques, qualifiées de quotidiennes, révèlent une déconnexion entre la loi de 1964, qui interdit les immatriculations privées, et la réalité sur le terrain.
Face à ce constat alarmant, Me Ndoye propose une solution inclusive : impliquer l’État, les populations, les professeurs de droit et les utilisateurs dans une réflexion commune pour mieux protéger ce qui reste du domaine national. Il a également insisté sur la nécessité de faire preuve de patriotisme. « Soyons Sénégalais au profit des Sénégalais », a-t-il exhorté.
Pour lui, l’État doit jouer pleinement son rôle de garant de l’intérêt général en encadrant strictement les immatriculations et en mettant fin aux abus.
L’ouvrage de Ndèye Nangho Dioum, inspectrice des impôts et étudiante en sciences économiques, apporte un éclairage inédit sur la gestion des biens communs et la comptabilité publique au Sénégal. Me Ndoye a salué la qualité de ce travail, soulignant la rigueur documentaire et l’analyse approfondie qu’il contient.
« Vous semblez même remettre en cause votre propre administration sans l’écrire ouvertement. Vous êtes très démocrate », a-t-il reconnu, impressionné par la capacité de l’auteure à produire un tel ouvrage malgré un agenda professionnel chargé.
En conclusion, Me Ndoye a insisté sur la nécessité de repenser la gestion du foncier au Sénégal, en tenant compte des réalités économiques et sociales. Il a relevé que l’ouvrage de Ndèye Nangho Dioum soulève des questions fondamentales sur l’économie du foncier et la comptabilité publique, ouvrant ainsi la voie à des débats nécessaires pour une réforme durable.