Sénégal : Les rapports de l’IGE dévoilent des dossiers sensibles sur la gestion de l’État

Les premiers rapports de l’Inspection Générale d’État (IGE) sous le régime du président Bassirou Diomaye Faye commencent à être transmis à la présidence. Selon des informations révélées par Libération ce lundi, plusieurs dossiers mettant en cause la gestion de certaines structures publiques sont sur la table du chef de l’État. Et contrairement aux craintes d’un possible enterrement des enquêtes, ces rapports devraient faire l’objet d’un suivi rigoureux.

Parmi les dossiers explosifs figurant dans les rapports de l’IGE, l’un concerne les exonérations fiscales accordées ces dernières années. Le président Faye a ordonné une mission spécifique pour faire la lumière sur ces allégements fiscaux, qui pourraient avoir causé un manque à gagner important pour l’État.

L’enquête vise à établir si certaines exonérations ont été accordées dans des conditions opaques, favorisant potentiellement des intérêts privés au détriment des finances publiques. Ce dossier, qui implique potentiellement plusieurs administrations et entreprises, pourrait provoquer une onde de choc dans la sphère politico-économique du pays.

En plus de l’affaire des exonérations fiscales, une enquête approfondie est en cours sur la gestion des ressources humaines à la Direction générale des impôts et des domaines (DGID). Cette mission pourrait révéler des pratiques irrégulières en matière de recrutement, d’avancements ou d’octroi d’avantages indus à certains agents.

D’autres structures publiques pourraient également être concernées par des enquêtes similaires, l’IGE ayant reçu pour mandat d’auditer plusieurs institutions clés du pays.

Le président Diomaye Faye, qui a fait de la lutte contre la corruption et de la bonne gouvernance un pilier de son programme, semble déterminé à aller jusqu’au bout de ces investigations. L’ouverture de ces dossiers sensibles pourrait marquer un tournant dans la gestion de l’État sénégalais, avec une volonté affirmée de rompre avec certaines pratiques du passé.

Cependant, la publication des résultats de ces enquêtes et les éventuelles sanctions qui en découleront seront le véritable test de la volonté politique du nouveau régime. La gestion de ces dossiers explosifs pourrait aussi provoquer des tensions avec certains acteurs économiques et politiques influents.

Samuel Sarr face à une expertise financière décisive : les enjeux du dossier de 8 milliards de francs CFA

L’affaire Samuel Sarr, ancien directeur général de West African Energy (WAE), connaît un tournant décisif. Sous mandat de dépôt pour abus de biens sociaux à hauteur de 8 milliards de francs CFA, il fait face à une troisième expertise comptable qui pourrait peser lourdement dans le verdict final.

Selon L’Observateur, un expert-comptable a été mandaté par le juge du deuxième cabinet pour analyser les documents financiers et contractuels de l’affaire. Cette mission s’étendra sur 30 jours, au cours desquels l’expert examinera les états financiers, relevés bancaires, rapports d’audit et contrats liés à West African Energy. La provision allouée à cette mission, d’un montant de 20 millions de francs CFA, sera prise en charge par la partie civile, représentée par Moustapha Ndiaye, actionnaire au sein de WAE et plaignant dans cette affaire.

Cette nouvelle expertise, troisième du genre, vise à trancher entre les conclusions contradictoires des deux précédentes. Samuel Sarr avait notamment contesté les conclusions du cabinet Mazars, qui avaient pointé des irrégularités dans sa gestion, et avait obtenu une contre-expertise rejetant ces résultats. Le magistrat instructeur a donc décidé de lancer une nouvelle analyse indépendante pour départager les parties.

Pendant que l’expert-comptable entame sa mission, les avocats de Samuel Sarr préparent une demande de liberté provisoire. Ils réclament que leur client bénéficie des mêmes conditions de défense que ses accusateurs, soulignant qu’une plainte de l’ex-ministre contre Moustapha Ndiaye pour usurpation de fonction est également en cours.

Cette démarche témoigne de la complexité juridique de l’affaire. Si Samuel Sarr est accusé d’abus de biens sociaux, il rejette catégoriquement ces accusations et considère que cette nouvelle expertise pourrait jouer en sa faveur.

Cette affaire met en lumière les défis liés à la gestion des grandes entreprises au Sénégal et les responsabilités des dirigeants face aux actionnaires. L’issue de ce dossier aura des implications non seulement sur la carrière de Samuel Sarr, mais également sur l’image et le fonctionnement de West African Energy.

Le rapport attendu dans un mois pourrait influencer la décision du juge, qu’il s’agisse de maintenir le prévenu en détention ou de le relâcher sous certaines conditions. D’ici là, la tension reste palpable entre les parties.

La justice, en quête de vérité, devra peser avec prudence chaque élément de preuve pour rendre une décision qui fasse éclater la lumière sur cette affaire à fort enjeu économique et judiciaire.

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