REPLI DE 7,2 POINTS DANS LE SECONDAIRE ET LE TERTIAIRE : Le climat des affaires en chute libre en un une année

Le climat des affaires au Sénégal s’est nettement détérioré, reflétant les difficultés croissantes des entreprises du secteur secondaire et tertiaire. Entre concurrence accrue, problèmes de recouvrement des créances et pression fiscale, les acteurs économiques évoluent dans un environnement de plus en plus incertain.

Une conjoncture morose s’annonce-t-elle ? Quel que soit le cas, l’économie sénégalaise traverse une période de turbulences marquées par une nette détérioration du climat des affaires, d’après le « Point mensuel de conjoncture janvier 2025 » publié en mars 2025 par la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee). En effet, selon le document, l’indicateur synthétique, fondé sur les soldes d’opinion des chefs d’entreprise, a reculé de 10,4 points en un mois et de 7,2 points en un an. Cette situation alarmante est exacerbée par la crise de confiance des acteurs économiques, frappés de plein fouet par des difficultés structurelles et conjoncturelles qui entravent la croissance dans leurs domaines respectifs.
Dans le secteur industriel, les chefs d’entreprise font face à des obstacles majeurs, notamment le recouvrement difficile des créances (31 %), la concurrence (28 %), les problèmes d’approvisionnement en matières premières (25 %), l’insuffisance de la demande (19 %) et la pression fiscale (9 %). Ces contraintes ont conduit à une baisse de 1,7 point du climat des affaires dans ce sous-secteur, traduisant les inquiétudes des industriels quant aux commandes, aux stocks de produits finis et à la production attendue.
Le secteur des services n’est pas en reste. L’intensification de la concurrence (35 %), la complexité du recouvrement des créances (45 %), la faiblesse de la demande (36 %) et une fiscalité jugée contraignante (27 %) pèsent lourdement sur l’activité. Dans ce contexte, les prestataires se montrent particulièrement pessimistes quant à l’évolution des tarifs, des commandes, du chiffre d’affaires et des perspectives globales. Ce climat morose se reflète dans l’indicateur du sous-secteur, qui a plongé de 18,5 points en un mois.
Dans le commerce, les difficultés sont encore plus criantes. Le recouvrement des créances apparaît comme la principale entrave (78 %), suivi par une concurrence jugée déloyale (67 %), une fiscalité lourde (56 %), une demande insuffisante (44 %) et des difficultés d’approvisionnement en marchandises (11 %). En conséquence, le climat des affaires dans ce sous-secteur s’est contracté de 1,3 point, révélant un pessimisme grandissant quant aux stocks de produits finis et aux perspectives de chiffre d’affaires.

PRESSING DU FMI

Les ennuis s’enchaînent pour le Sénégal. Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment gelé un programme de 1,8 milliard de dollars, soit plus de 1 000 milliards de francs CFA, en raison des incertitudes sur la viabilité des finances publiques. Le FMI refuse pour l’instant de négocier un nouvel accord avec le Sénégal, exigeant d’abord des clarifications sur les « faux chiffres » avancés par le Premier ministre, Ousmane Sonko. En février, la Cour des comptes a révélé que la dette publique atteignait en réalité près de 100 % du PIB, bien au-delà des quelque 74 % officiellement annoncés sous l’ère de Macky Sall.
Cette révélation a provoqué une onde de choc sur les marchés financiers et a entraîné une dégradation de la note souveraine du pays. L’agence de notation Moody’s a abaissé la note du Sénégal de Ba3 à B1, signalant une augmentation significative du risque de défaut. Peu après, Standard & Poor’s a emboîté le pas, aggravant davantage la perception du risque pays. Avec ces nouvelles notations, le Sénégal se retrouve dans une position délicate : pour emprunter sur les marchés internationaux, il devra désormais accepter des taux d’intérêt beaucoup plus élevés qu’auparavant ; ce qui risque d’accentuer la pression sur les finances publiques et d’aggraver la crise économique.
Dans un climat d’incertitude, avec une détérioration des fondamentaux macroéconomiques et une méfiance croissante des investisseurs, il y a un ralentissement de l’activité dans les principaux secteurs productifs. La nécessité de restaurer la crédibilité des finances publiques et de mettre en place des réformes structurelles devient plus que jamais impérative afin de redresser la situation pour éviter un enfoncement encore plus profond de l’économie.


Penda THIAM

ÉCONOMIE SÉNÉGALAISE : Plusieurs indicateurs au rouge

Entre baisse des importations, repli du secteur tertiaire et diminution de la masse monétaire, l’économie sénégalaise traverse une période délicate, si l’on se réfère au dernier point mensuel de conjoncture de la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE), ayant relevé des contreperformances significatives dans plusieurs secteurs stratégiques.

Le rapport mensuel de la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE) pour janvier 2025 dresse un tableau préoccupant de l’économie sénégalaise.
Le secteur tertiaire, moteur traditionnel de la croissance, a enregistré une contraction significative de 10,3 % en novembre 2024 par rapport à la même période en 2023. Cette baisse s’explique principalement par l’effondrement des « activités spécialisées, scientifiques et techniques », qui affichent une chute spectaculaire de 65,9 %.
Sur une base mensuelle, ce secteur a également montré des signes de faiblesse, avec une diminution de 0,2 % en novembre 2024. Les contreperformances des activités immobilières (-66,8 %), de l’information et de la communication (-0,7 %), de l’administration publique (-0,1 %) et du secteur de la santé (-0,2 %) ont pesé lourdement sur l’ensemble de l’économie. Néanmoins, certains segments ont fait preuve de résilience, à l’instar du commerce (+2,6 %), des services financiers et d’assurance (+10,1 %) et des services de soutien et de bureau (+11,2 %). Ces performances positives, bien que notables, n’ont toutefois pas suffi à compenser les pertes globales.
Les importations, autre indicateur clé de la vitalité économique, ont également accusé un repli marqué. En novembre 2024, elles se sont établies à 576,1 milliards F CFA, enregistrant une baisse de 17,5 % par rapport au mois précédent. Cette diminution résulte principalement du recul des acquisitions de machines, appareils et moteurs (-47,9 milliards), d’huiles brutes de pétrole (-32,6 milliards), de riz (-28,1 milliards) et de véhicules (-7,9 milliards). En glissement annuel, la chute atteint 104,2 milliards, une tendance exacerbée par la baisse des importations de produits pétroliers finis, d’équipements industriels et de véhicules. Cependant, l’augmentation des achats d’huiles brutes de pétrole (+51 milliards) a permis d’atténuer en partie cette régression.
Sur le plan monétaire, les perspectives ne sont guère plus encourageantes. La masse monétaire a diminué de 27,5 milliards de FCFA en octobre 2024, s’établissant à 9 557 milliards F CFA. Ce repli est attribuable à la contraction des dépôts transférables, qui ont chuté de 152,2 milliards F CFA. Toutefois, une légère hausse a été enregistrée au niveau de la circulation fiduciaire (+62,7 milliards) et des autres dépôts (+62 milliards). En dépit de cette baisse mensuelle, la liquidité globale de l’économie a progressé de 0,7 % sur une base annuelle.
Quant aux créances intérieures des institutions de dépôt, celles-ci ont connu une hausse de 69,9 milliards entre septembre et octobre 2024, atteignant 9961,1 milliards F CFA. Cette progression s’explique par une augmentation des créances nettes sur l’administration centrale (+440,6 milliards). Toutefois, les créances sur l’économie ont enregistré une baisse préoccupante de 370,7 milliards F CFA, traduisant parfois des difficultés accrues pour les entreprises et les ménages à accéder au crédit.

Penda THIAM

Le Dakarois Quotidien & Le Dakarois Sports N°375 – du 20/01/2025

🔴 DPEE / IMPORTATIONS AU PORT, ACTIVITÉS IMMOBILIÈRES, MASSE MONÉTAIRE, SECTEUR TERTIAIRE, ETC : TOUT S’EFFONDRE !
🔴 MARCHÉ FINANCIER DE L’UEMOA : LE SÉNÉGAL LÈVE 43,529 MILLARDS F CFA

🔴 COUPE CAF / ÉLIMINÉ PAR USM : JARAAF RENTRE BREDOUILLE D’ALGER
🔴 CONTRAT DE PAPE THIAW : LA FSF ET LE MINISTÈRE ACCORDENT LEURS VIOLONS

ZLECAF : Un boost potentiel de 1,3 % au PIB du Sénégal sur dix ans

L’introduction de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) pourrait offrir une augmentation significative de 1,3 % du produit intérieur brut (PIB) du Sénégal au cours de la première décennie suivant son implémentation. C’est ce que révèle une étude approfondie réalisée par la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE). Ce projet ambitieux de l’Union africaine vise à établir un marché unique pour les biens et services à travers le continent, et ses impacts sur l’économie sénégalaise sont largement analysés dans ce document.

L’étude de la DPEE indique que plusieurs secteurs de l’économie sénégalaise pourraient bénéficier considérablement de la ZLECAF. Par exemple, la production dans le secteur des raffineries pourrait augmenter de 27,3 %, tandis que les activités extractives et le secteur de la construction pourraient voir des croissances de 3,2 % et 1,5 % respectivement. Ces prévisions sont en grande partie attribuables à une croissance projetée de 8,1 % des exportations sénégalaises vers les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de 1,4 % vers d’autres États africains.

Malgré ces perspectives positives, des défis sont également identifiés. L’étude prévoit une diminution de 1,3 % dans la production des autres produits manufacturiers. Les exportations pourraient également enregistrer une baisse moyenne de 3,3 % à long terme, possiblement en raison d’une réorientation vers les partenaires africains au détriment des échanges avec d’autres continents.

L’augmentation moyenne des importations sénégalaises pourrait atteindre 4,2 % à long terme, avec une hausse notable de 11,8 % des importations en provenance des pays africains. Cette dynamique pourrait influencer les équilibres commerciaux du pays et nécessiter des ajustements stratégiques pour gérer ces nouvelles réalités économiques.

Pour maximiser les bénéfices de la ZLECAF, les experts de la DPEE recommandent une accélération des réformes prévues dans la Stratégie nationale de mise en œuvre de la ZLECAF ainsi que dans le plan national de développement. Ces mesures sont cruciales pour permettre au Sénégal de profiter pleinement des opportunités offertes par cette zone de libre-échange et d’atteindre son objectif ambitieux d’augmenter ses exportations vers les pays africains de 46 %.

L’étude suggère également que la ZLECAF pourrait avoir des effets positifs sur le bien-être des ménages sénégalais. Une légère augmentation de 0,7 % du niveau général des prix à la consommation est prévue, accompagnée d’une hausse de 1,3 % des salaires et de 1,1 % de la consommation privée. Ces changements pourraient contribuer à une amélioration modeste du bien-être des ménages, soulignant les avantages économiques globaux de cette intégration accrue dans le marché africain.

En résumé, la ZLECAF représente une opportunité stratégique pour le Sénégal, avec des prévisions de croissance économique significative. Toutefois, pour pleinement tirer parti de cette initiative, il sera essentiel de gérer les défis identifiés et de mettre en œuvre les réformes nécessaires pour optimiser les bénéfices de cette zone de libre-échange.

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