Lors du Conseil interministériel consacré à la rentrée scolaire du 19 septembre dernier, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a ravivé une question sensible : celle du port du voile dans les établissements scolaires privés, notamment les écoles catholiques. Son appel à l’élimination de toute discrimination liée aux tenues vestimentaires a suscité une réaction immédiate du Conseil national du Laïcat (CNL), responsable de la gestion des établissements privés catholiques.
Dans son discours, Ousmane Sonko a critiqué la gestion passée de l’État, qualifiant de faiblesse le fait de permettre aux établissements de définir leurs propres règles vestimentaires. « Dans d’autres pays, lorsqu’il est décrété qu’un certain type de tenue vestimentaire n’est pas autorisé, tout le monde s’y conforme. C’est ainsi que fonctionne une République », a-t-il déclaré. Il a ensuite ordonné à ses ministres de préparer un arrêté qui viserait à uniformiser les pratiques vestimentaires dans l’ensemble des établissements, y compris ceux à gestion étrangère.
Cette annonce a immédiatement relancé le débat concernant le port du voile dans les écoles privées catholiques, une question délicate dans un pays où la laïcité et la tolérance religieuse coexistent de manière équilibrée.
Face à cette déclaration, le Conseil national du Laïcat a rapidement répondu par un communiqué dans lequel il exprime son mécontentement. Le CNL, tout en affirmant son attachement aux principes républicains, a tenu à rappeler que l’enseignement privé catholique repose sur des valeurs évangéliques et que toute imposition extérieure concernant les pratiques vestimentaires serait perçue comme une ingérence.
« Le CNL invite le Chef du Gouvernement à faire preuve de davantage de respect et de considération envers l’enseignement privé catholique, qui repose sur des valeurs évangéliques. Les menaces ne sont pas efficaces. L’Église ne connaît pas la peur. Elle marche dans la Vérité, la Justice et la Paix », peut-on lire dans le communiqué. Le Conseil précise également que ses établissements se conforment à la Constitution et qu’ils n’accepteront pas un arrêté qui remettrait en cause leur liberté de gestion.
Cette confrontation entre le gouvernement et les établissements privés catholiques met en lumière une tension latente dans la société sénégalaise, entre le respect des valeurs laïques de l’État et les particularités religieuses des institutions scolaires. L’intervention de Sonko, qui vise à mettre fin aux discriminations vestimentaires, pourrait néanmoins être perçue comme une tentative de limiter l’autonomie des établissements privés, notamment ceux qui se fondent sur des principes religieux.
En attendant l’adoption éventuelle de l’arrêté promis par le Premier ministre, le débat autour de la liberté des tenues vestimentaires à l’école et du respect des principes républicains reste ouvert. Cette affaire pourrait bien redéfinir les contours de la laïcité dans le système éducatif sénégalais.