Recensement fiscal à Dakar : la DGID élargit son champ d’action, la population s’interroge

Dans le cadre de sa stratégie de modernisation et d’élargissement de l’assiette fiscale, la Direction Générale des Impôts et des Domaines (DGID) a lancé une vaste opération de recensement dans plusieurs quartiers de Dakar. Cette initiative vise à identifier de manière exhaustive les propriétaires de biens immobiliers afin de les intégrer dans une nouvelle base de données fiscale, en prévision d’une imposition future.

L’opération, d’une ampleur inédite, s’inscrit dans une politique plus large de mobilisation des ressources internes. En effet, les autorités fiscales sénégalaises cherchent à accroître les recettes de l’État dans un contexte de pression budgétaire croissante.

Les agents de la DGID sillonnent les rues de la capitale pour recueillir des informations détaillées. Une fiche consultée par nos soins révèle la profondeur du dispositif :

• Identification du propriétaire : nom, prénom, date et lieu de naissance, numéro de carte nationale d’identité (CNI).

• Informations sur le bien immobilier : adresse, numéro de téléphone, identification des occupants, étage occupé, type d’occupation (résidentielle ou professionnelle), NINEA, date d’occupation, montant du loyer mensuel et annuel, superficie, observations.

• Données spécifiques : en cas d’absence dans le fichier fiscal, les informations personnelles sont relevées ; si le NINEA fait défaut, cela est également notifié. Pour les biens à usage professionnel, la nature de l’activité est précisée.

Si cette opération traduit la volonté des autorités de moderniser le système fiscal et de lutter contre l’évasion, elle n’en demeure pas moins source d’inquiétudes pour une partie de la population. Dans un climat économique difficile, où de nombreux ménages peinent à faire face aux dépenses courantes, la perspective d’une nouvelle pression fiscale est loin de faire l’unanimité.

Des voix s’élèvent déjà pour exprimer des craintes sur les effets de cette réforme. Certains redoutent une hausse généralisée des impôts, d’autres dénoncent un manque de communication sur les objectifs réels de l’opération. Le risque de tensions sociales n’est pas à écarter, surtout si les mesures à venir sont perçues comme injustes ou inadaptées au contexte actuel.

Face à ces interrogations, l’adhésion de la population apparaît comme un enjeu central. Pour que cette réforme soit comprise et acceptée, la DGID devra redoubler d’efforts en matière de sensibilisation et de transparence. Il s’agira de démontrer que cette opération ne vise pas uniquement à alourdir la charge fiscale, mais à instaurer une meilleure équité et une juste contribution de tous au financement des services publics.

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