Élections en RDC: des responsables de la Cenco et de l’ECC rencontrent le président de la Céni

Ce samedi 30 décembre, des responsables de la mission d’observation électorale des Églises catholique (Cenco) et protestante (ECC), ont rencontré le président de la Commission électorale, Denis Kadima.

En RDC, la grande annonce est pour demain dimanche. Le pays saura en effet le nom de son prochain président pour les 5 années à venir. La semaine dernière, les Congolais étaient appelés aux urnes pour élire des élections générales : la présidentielle, mais aussi des législatives, des provinciales et des municipales partielles. Dimanche, ce ne seront que les résultats provisoires globaux pour la magistrature suprême qui seront annoncés par la Céni du centre Bosolo. Ce samedi, des responsables de la mission d’observation électorale de l’Église catholique, Cenco, et de l’Église protestante, ECC, ont rencontré le président de la Commission électorale, Denis Kadima. Ils ont publié un rapport préliminaire il y a deux jours et sont venus discuter de leurs recommandations, a expliqué à la sortie de l’entretien, Denis Kadima, le président de la Commission électorale.

Élections en RDC: les Congolais appelés aux urnes pour un scrutin crucial pour le pays

Près de 44 millions d’électeurs sont appelés à élire leur président mais aussi leurs députés nationaux et provinciaux et leurs conseillers communaux ce mercredi. Le président sortant, Félix Tshisekedi, brigue un second mandat de cinq ans face à une opposition morcelée.

Au total, 19 candidats, dont une seule femme, sont en lice pour la présidentielle. Mais sur les bulletins de vote présentés aux électeurs, ils sont toujours 26. Les ralliements durant la campagne étant arrivés après impression des bulletins.

Pour voter, 75 400 bureaux de vote sont disposés sur l’ensemble du pays mais dans trois territoires, deux dans le Nord-Kivu et un dans le Maï-Ndombé, il ne sera pas possible de voter à cause de l’insécurité. Les équipes de la commission électorale n’ont pas pu procéder à l’enregistrement des électeurs.

Concernant l’élection présidentielle, il s’agit d’un scrutin à un tour durant lequel le chef de l’État est élu à la majorité simple. Cette année, ce scrutin est couplé à l’élection des députés nationaux et provinciaux. Pour ces deux scrutins, les électeurs vont devoir choisir parmi plus de 25 000 candidats leurs prochains représentants au Parlement à Kinshasa et parmi plus de 44 000 prétendants leurs députés provinciaux. Ils sont parfois plus de 900 candidats à briguer un même poste. Enfin, dans les chefs-lieux des 26 provinces, il faudra aussi choisir les conseillers communaux, une première dans le pays depuis 34 ans.

Défi logistique

Plus de 100 000 candidats sont donc sur les rangs pour ces quatre scrutins dont l’organisation représente un vrai défi dans ce pays de 2,3 millions de km2 largement dépourvu d’infrastructures. Jusqu’à la dernière minute, le doute a subsisté sur la capacité de la Commission électorale (Céni) à équiper en « machines à voter », bulletins et autres matériels tous les bureaux de vote à temps. Le budget total est estimé à plus d’1,1 milliard de dollars.

La Commission électorale a annoncé bénéficier d’appui aérien pour son déploiement : assistance de l’armée congolaise, mais aussi de la mission de l’ONU dans le pays, la Monusco, d’avions de l’armée égyptienne ainsi que d’hélicoptères venus du Congo-Brazzaville.

La grande difficulté, c’est le nord du pays : le Grand équateur et l’ancienne province orientale où se trouvent des zones particulièrement isolées et difficile d’accès. D’ailleurs, la Céni reconnait que le matériel continuera à être déployé même le jour du vote. Des bureaux pourront ouvrir en retard, prévient-on du côté de la présidence, mais la durée des opérations sera garantie pour les électeurs.

Ces scrutins seront observés par plusieurs missions internationales et nationales. Les plus importantes, celle des églises catholique et protestante, ainsi que celle d’un regroupement d’organisations de la société civile annoncent avoir chacune déployé plus de 20 000 observateurs pour le Jour J. Faute de contraintes techniques concernant des équipements de communication satellite jugés sensibles par les services de sécurité, l’Union européenne a, elle, décidé d’annuler sa mission d’observation électorale en RDC.

Élections en RDC: le matériel électoral sera-t-il déployé à temps dans tout le pays?

Il ne reste plus que trois jours avant les élections pour que la Commission électorale nationale indépendante (Céni), termine d’acheminer le matériel électoral dans ce pays immense et parcouru de conflits armés. L’Ituri, dans l’est du pays, fait partie de ces territoires isolés et en proie à la violence. Pourtant, la Céni l’assure, tout sera prêt mercredi.

Grâce à l’appui logistique de la Monusco, la mission de maintien de la paix des Nations unies, 99% du matériel électoral a été déployé dans les chefs-lieux de territoires de l’Ituri, selon la Céni. Y compris, ceux qui se trouvent sous l’influence de milices communautaires, comme Ndjugu, Mahagi et Aru, rapporte notre envoyée spéciale à Bunia, Gaëlle Laleix.

« Ce sont des milices congolaises et ces miliciens ont le droit de vote. Ils ont accepté que nous procédions à l’enrôlement. Nous avons discuté avec les leaders communautaires, ils ont permis que nous puissions nous déployer pour faire l’enrôlement sans incident. Et ces mêmes miliciens acceptent que nous déployons le matériel pour le vote », explique Jimmy Anga Matadri secrétaire exécutif provincial de la Céni.

Situation plus compexe dans l’ouest de l’Ituri

La situation est moins évidente dans l’ouest de l’Ituri. Le triangle entre Irumu, Mambasa et Oïcha dans le Nord-Kivu, subit les incursions des ADF, une milice venue d’Ouganda qui a prêté allégeance à l’État islamique. « Il y a un sérieux problème là-dessus. Il y a des efforts qui restent à fournir, mais cela relève de la compétence des autorités militaires de la province. Nous avons suivi le discours du gouverneur militaire la semaine passée, il a assuré que dans toutes les zones, les électeurs seront aux urnes le 20 décembre », selon Deogratias Bungamuzi, le président du conseil provincial de la jeunesse de l’Ituri.

Ici, selon la Monusco, le déploiement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, ainsi que celle de l’Ituri, se poursuit. Entre avril et mai, les moyens de l’ONU avaient déjà transporté 128 tonnes de matériel électoral. Et depuis le 5 décembre, grâce à l’aide de l’aviation de la Monusco, 127 tonnes supplémentaires ont été déployées. Il s’agit notamment des machines à voter et des bulletins de vote.

Avions égyptiens

Afin de pallier les retards, le gouvernement congolais a, de son côté, annoncé dimanche l’arrivée de deux avions de types Hercules C-130 de l’armée égyptienne pour appuyer le déploiement du matériel électoral, détaille notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi. Ces appareils compléteront une flotte composée d’autres moyens de transport des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et des hélicoptères de la Monusco.

Les avions, prêtés par l’armée égyptienne, sont reconnus par les experts du gouvernement pour leur polyvalence, leur robustesse, ainsi que leur capacité éprouvée à opérer dans divers environnements, que ce soit dans le cadre d’opérations militaires ou civiles à travers le monde. Leur réputation repose également sur leur aptitude à décoller et atterrir sur des pistes courtes, voire non préparées, ce qui correspond aux conditions du déploiement dans les zones les plus reculées de RDC.

Selon certains experts, deux avions peuvent s’avérer insuffisants, mais le gouvernement l’assure : d’autres moyens aériens de l’armée congolaise seront également mobilisés. Cependant, aucun détail supplémentaire n’a été fourni à ce sujet. En ce qui concerne les autres provinces, la mission onusienne indique qu’elle continue d’échanger avec la Céni pour préciser les besoins spécifiques et les destinations finales des équipements électoraux.

Quitter la version mobile