Audience du 15 mai au tribunal de Dakar : Azoura Fall libéré provisoirement, Kaïré reste en détention

Le Tribunal des flagrants délits de Dakar a tranché, ce jeudi 15 mai 2025, sur les demandes de mise en liberté provisoire déposées par les avocats d’Assane Guèye, plus connu sous le nom d’Azoura Fall, et El Hadji Ousseynou Kaïré. À l’issue d’une audience tendue, marquée par des plaidoiries offensives de la défense, le juge a accédé à la requête concernant Azoura Fall, invoquant son état de santé fragile, mais a rejeté celle de Kaïré, maintenant ce dernier en détention.

Les avocats de la défense ont plaidé avec force pour convaincre le tribunal d’accorder la liberté provisoire aux deux prévenus, en soulignant notamment leurs garanties de représentation et l’absence de risque de trouble à l’ordre public.

Me Brice Dasilva a ainsi rappelé que ses clients sont des figures connues et bien insérées socialement. Me Souleymane Soumaré a dénoncé une procédure banalisée pour un dossier qu’il qualifie de « simple » et a insisté sur le fait qu’Azoura, bien qu’au centre de l’attention médiatique, ne devait pas être pénalisé pour sa notoriété. Selon lui, l’état de santé de son client, attesté par un certificat médical, rendait sa détention injustifiable.

De son côté, Me Saïd Larifou a souligné le comportement coopératif d’Azoura, qui s’était rendu de lui-même, balayant ainsi les doutes sur son éventuelle fuite. Me Faramara Faty a, quant à lui, décrit les deux jeunes hommes comme des citoyens engagés, très actifs dans les campagnes de sensibilisation auprès des populations, arguant que « leur place n’est pas en prison ».

Me Bamba Cissé a enfoncé le clou en affirmant qu’ils étaient les victimes d’une répression étatique, et que le certificat médical produit par l’hôpital Fann confirmait les troubles psychiatriques d’Azoura. Il a aussi rappelé que le contexte de tension qui aurait justifié leur arrestation n’existe plus.

Enfin, Me Ciré Clédor Ly a dénoncé une détention arbitraire, invoquant plusieurs articles du Code de procédure pénale pour contester la légalité de la procédure. Il a plaidé non pas pour une simple liberté provisoire, mais pour une libération d’office, soulignant que les faits remontent à neuf mois et ne relèvent plus du flagrant délit.

Face à cette offensive, le procureur est resté ferme. Il a insisté sur les circonstances de l’interpellation d’Azoura, évoquant une traque digne d’une affaire de terrorisme. Il a aussi souligné que les articles invoqués par la défense ne s’appliquaient pas dans le cadre d’une procédure de flagrant délit, contredisant la base juridique des demandes de libération.

À l’issue des débats, le juge a ordonné la libération provisoire d’Azoura Fall, tout en refusant celle d’El Hadji Ousseynou Kaïré. Une décision qui a suscité une vive réaction de la part du principal concerné : Azoura a refusé de quitter la barre, lançant : « Je ne peux pas être libéré sans mon ami Kaïré ».

Le procès, initialement prévu ce 15 mai, est renvoyé au 22 mai 2025. Les regards sont désormais tournés vers cette nouvelle audience, qui devrait éclairer davantage les zones d’ombre de cette affaire à forte charge émotionnelle et politique.

Affaire West African Energy : Samuel Sarr maintenu en détention, son audition prévue le 12 février

L’ancien directeur général de West African Energy (WAE), Samuel Sarr, devra encore patienter en prison. La justice a rejeté sa demande de liberté provisoire et fixé son audition au 12 février prochain, selon des informations relayées par le quotidien Les Échos.

Le 5 février dernier, le juge d’instruction Makha Barry a rendu son ordonnance, rejetant la requête de mise en liberté provisoire de Samuel Sarr. Le magistrat a motivé sa décision en insistant sur « la gravité des faits » reprochés à l’ancien DG de WAE et le risque que sa libération « compromette la manifestation de la vérité ».

Le juge redoute notamment que l’ex-ministre de l’Énergie ne prenne contact avec d’autres personnes impliquées dans la procédure, ce qui pourrait mener à une altération ou destruction de preuves. Une hypothèse que le maître des poursuites juge suffisamment sérieuse pour maintenir Samuel Sarr en détention.

Dans le cadre de l’instruction, une confrontation entre experts a été programmée. L’objectif est de clarifier des éléments du dossier, car la contre-expertise réalisée dans cette affaire aurait révélé « certaines incohérences », selon le juge.

Cette confrontation pourrait être décisive pour l’évolution du dossier, notamment en ce qui concerne les responsabilités dans l’affaire qui secoue West African Energy.

Face à cette décision, les avocats de Samuel Sarr ne comptent pas en rester là. Ils ont annoncé leur intention d’interjeter appel contre l’ordonnance du juge, espérant obtenir gain de cause devant une juridiction supérieure.

Mort de Bassirou Diop en détention : des accusations de torture émergent

L’autopsie du corps de Bassirou Diop, membre de l’équipe de sécurité de Barthélémy Toyes Dias, est prévue ce lundi 9 décembre. Ce décès survenu en détention suscite de vives réactions et alimente une controverse autour des conditions de détention au Sénégal.

Bassirou Diop est décédé samedi dernier alors qu’il se trouvait en prison, après avoir été arrêté lors des affrontements de Saint-Louis survenus pendant la campagne électorale des élections législatives du 17 novembre 2024. Ces heurts avaient opposé des partisans de différentes coalitions politiques, provoquant une série d’arrestations, dont celle de 80 personnes liées aux troubles.

Son avocat, Me El Hadj Diouf, accuse ouvertement les autorités pénitentiaires de torture. « Bassirou Diop a subi des sévices inhumains en prison, ce qui a conduit à sa mort », a-t-il déclaré. Cette déclaration relance le débat sur les allégations de brutalité et d’abus dans les centres de détention du pays.

Les autorités judiciaires, pour leur part, affirment avoir ouvert une enquête pour déterminer les circonstances exactes de cette mort. L’autopsie prévue ce lundi pourrait fournir des éléments déterminants pour faire la lumière sur les faits.

Ce drame s’inscrit dans un contexte politique tendu au Sénégal, marqué par des affrontements violents et des arrestations massives lors des dernières élections. La mort de Bassirou Diop risque d’aggraver les tensions entre le pouvoir et l’opposition, notamment autour de Barthélémy Toyes Dias, une figure politique controversée et régulièrement ciblée par les autorités.

Les organisations de défense des droits de l’homme suivent de près cette affaire et appellent à une enquête indépendante. « Il est impératif que la lumière soit faite sur cette mort en détention. Si les accusations de torture sont avérées, les responsables doivent être traduits en justice », a déclaré un porte-parole d’Amnesty International Sénégal.

L’opinion publique, déjà marquée par les récents troubles, reste divisée entre indignation et scepticisme face à ces accusations. Pendant ce temps, les proches de Bassirou Diop réclament justice, affirmant qu’il a été arrêté de manière arbitraire et qu’il était innocent des faits qui lui étaient reprochés.

Cette affaire pourrait bien devenir un test majeur pour le système judiciaire sénégalais, appelé à démontrer son impartialité et sa capacité à rendre justice dans un climat politique sous haute tension.

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