Alors que le Sénégal s’apprête à entamer une phase ambitieuse de redynamisation de son secteur ferroviaire entre 2025 et 2029, le Syndicat Autonome des Travailleurs du Rail (Satrail) tire la sonnette d’alarme. Mbène Sène, secrétaire générale du Satrail, a exprimé de vives préoccupations face à la gestion du patrimoine ferroviaire et à l’absence de mesures concrètes pour soutenir l’industrie locale, malgré les réformes attendues.
Dans une récente déclaration, relayée par le quotidien Libération, Mbène Sène a dénoncé la vente inattendue du siège de la Direction des chemins de fer. Ce bien, jugé stratégique pour le développement futur du secteur, a été cédé, alors que l’administration ferroviaire continue de payer des sommes conséquentes en location pour d’autres locaux. « On se lève un jour et on nous informe que le bâtiment a été vendu. Nous demandons des mesures conservatoires pour récupérer ce patrimoine essentiel au développement des infrastructures ferroviaires à venir », a-t-elle déploré.
Par ailleurs, la question de la réouverture de l’usine de traverses à Thiès figure également parmi les priorités défendues par le Satrail. L’usine, fermée malgré une demande croissante en traverses pour les projets ferroviaires nationaux, symbolise un manque de soutien à l’industrie locale. Mbène Sène a rappelé qu’avec le lancement du Train Express Régional (TER), le Sénégal a importé près de 398 000 traverses, alors que la production locale aurait pu répondre à ce besoin. « Il nous en faudra 4 millions pour les projets à venir. Il est donc urgent de relancer cette usine, à la fois pour préserver des emplois et garantir notre souveraineté industrielle », a-t-elle plaidé.
Ces revendications interviennent dans un climat de concertations nationales autour du secteur des transports. Lors des états généraux du transport, 55 propositions ont été soumises, mais des désaccords persistent sur 12 d’entre elles. Cependant, le ministre des Infrastructures et des Transports s’est montré optimiste quant à l’issue de ces discussions, estimant que des solutions concrètes devraient bientôt émerger.
Le rail est perçu comme un levier stratégique pour le développement économique du Sénégal, mais son avenir dépendra des décisions à venir, tant sur la gestion du patrimoine que sur les investissements à réaliser. La relance de l’usine de Thiès, la récupération des infrastructures stratégiques et la mise en œuvre des réformes annoncées seront cruciales pour faire du rail un moteur de croissance et de mobilité.
En attendant, les acteurs du secteur restent mobilisés pour faire entendre leur voix et assurer une gestion plus proactive des ressources et du patrimoine ferroviaire, face aux défis de modernisation du réseau.