Difficultés budgétaires et endettement du Crous : Le Synapes tire la sonnette d’alarme

L’Université Sine-Saloum El Hadj Ibrahima Niass (Ussein) fait face à une crise financière majeure. Entre un budget insuffisant, un endettement record et des retards dans le paiement des salaires, la situation devient de plus en plus insoutenable. Face à cette urgence, le Syndicat national des personnels de l’enseignement supérieur du Sénégal (Synapes), section Sine-Saloum, a organisé un point de presse pour interpeller l’État et réclamer une intervention rapide.

Selon Tidiane Cissokho, secrétaire général du Synapes, le Centre régional des œuvres universitaires sociales (Crous) fonctionne avec une subvention qui n’a pas évolué depuis sa création.

« Nous avons un problème de budget. Le Crous continue à fonctionner avec la même subvention de deux milliards de FCFA, alors que les besoins ont explosé. Nous sommes actuellement confrontés à de nombreuses difficultés », a-t-il déclaré.

Malgré un effort du gouvernement qui a accordé une rallonge budgétaire de 600 millions FCFA cette année, cette somme s’est avérée insuffisante pour combler le déficit.

L’un des points les plus inquétants soulevés par le Synapes est l’endettement du Crous, qui avoisine aujourd’hui les 7 milliards de FCFA.

« Il y a eu des erreurs de gestion dans le passé, nous l’admettons, mais aujourd’hui, l’État doit prendre ses responsabilités et proposer des solutions », a insisté Tidiane Cissokho.

Cette dette a des conséquences directes sur les conditions de travail du personnel, avec des salaires versés en retard et des agents privés de certains avantages sociaux comme les allocations familiales et les cotisations aux organismes de protection sociale.

Au-delà des problèmes financiers, le syndicat dénonce aussi les retards dans la livraison des infrastructures universitaires. Les chantiers des trois campus de Kaolack, Kaffrine et Fatick peinent à être finalisés, compliquant ainsi l’organisation du travail et l’accueil des étudiants.

« Nos locaux devraient être livrés dans les plus brefs délais. Nos sites sont dispersés, ce qui complique notre fonctionnement quotidien », a déploré M. Cissokho.

Le cas du campus de Fatick est particulièrement préoccupant. Situé à 2 km du centre-ville, son exploitation sera difficile sans un accompagnement en matière de transport et d’aménagement.

Malgré les difficultés, le personnel de l’Ussein fait preuve d’une grande résilience. Toutefois, il devient urgent que l’État intervienne pour assurer la pérennité de cette institution académique.

« Le nouveau directeur du Crous fait de son mieux, mais cela ne suffit pas. Nous avons tout sacrifié pour maintenir le service, mais il est temps que des solutions durables soient trouvées », a conclu Tidiane Cissokho.

Sénégal : Vers un redressement budgétaire et une nouvelle politique d’endettement

Le ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération, Abdourahmane Sarr, a annoncé une série de réformes budgétaires et financières destinées à assainir les finances publiques du Sénégal. Lors de la conférence de presse du gouvernement tenue à la Primature, il a détaillé l’ampleur du déficit budgétaire et de l’endettement accumulé ces dernières années, tout en exposant la stratégie adoptée pour rétablir la situation.

Selon l’audit de la Cour des comptes, la dette publique a atteint 99,7 % du PIB à la fin de l’année 2023, un chiffre bien au-delà des seuils de soutenabilité fixés par l’UEMOA. De plus, l’audit a révélé que de nombreuses dépenses ont été engagées hors des circuits budgétaires normaux et sans l’autorisation du Parlement, un dysfonctionnement qui a aggravé la situation financière du pays.

« Ce n’est pas parce que des ressources sont disponibles auprès des partenaires qu’il faut les mobiliser, surtout pour des projets non productifs », a déclaré le ministre Abdourahmane Sarr, dénonçant ainsi les choix budgétaires du régime précédent.

Face à cette situation préoccupante, le gouvernement s’est fixé un objectif clair : ramener le déficit budgétaire à 3 % du PIB et réduire la dette publique à 70 % du PIB d’ici 2029-2035.

« La nouvelle politique d’endettement que nous avons élaborée devrait contribuer à réduire considérablement l’exposition du portefeuille de dette en devises et à améliorer la viabilité de cette dernière », a précisé le ministre de l’Économie.

Concrètement, cette stratégie vise à réduire la dépendance aux financements extérieurs en priorisant les ressources internes et en ciblant des investissements productifs susceptibles de générer des revenus pour l’État.

Malgré ces défis budgétaires, le gouvernement reste optimiste quant aux perspectives économiques du Sénégal. Le ministre Abdourahmane Sarr a affirmé que la croissance économique devrait atteindre en moyenne 6,5 % au cours des prochaines années, grâce notamment à l’exploitation du pétrole et du gaz.

Cependant, il a insisté sur la nécessité de mobiliser les ressources internes et d’adopter une gestion rigoureuse des finances publiques pour assurer un développement durable et souverain.

« L’avenir dépendra de ce que nous ferons en tant que Sénégalais : mobiliser nos ressources internes pour un développement souverain, juste et prospère », a-t-il conclu, soulignant l’engagement du Sénégal dans une nouvelle ère de transparence et de rigueur financière.

Ces annonces marquent un tournant majeur dans la gestion économique du Sénégal. En mettant en place une politique budgétaire plus stricte, le gouvernement espère restaurer la confiance des partenaires financiers et des investisseurs tout en assurant une croissance économique inclusive et durable. Reste à voir comment ces réformes seront mises en œuvre et si elles permettront réellement de redresser les finances publiques du pays.

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