Affaire des 35 000 tonnes d’urée : un engrais disparu, des milliards envolés

En mars 2020, un navire transportant 35 000 tonnes d’urée accoste à Dakar. À son bord, un espoir de partenariat commercial entre l’Inde et le Sénégal. Cinq ans plus tard, ni l’urée, ni l’argent. À la place : une tempête judiciaire, des accusations croisées et des silences pesants. Retour sur une affaire tentaculaire où se mêlent logistique floue, mandats suspects et milliards disparus.

Tout commence avec Rahul Chandra, homme d’affaires indien opérant dans le commerce international d’engrais. Grâce à son frère, il est mis en relation avec Aissatou Thioro Dia et son mari Thierno Ndiaye, promoteurs sénégalais de la société NAD TRADE. Enthousiasme partagé, mais manque de fonds : le couple ne peut assumer seul l’importation. Thierno Ndiaye active alors son réseau et approche Balla Camara Seck, qui l’oriente vers une figure connue du secteur : Ndeye Nancy Niang, directrice de Transcontinental Transit (TCT). La machine se met en route.

Un partenariat se forme. Amine Group, dirigé par Lamine Ngom, accepte de prendre 10 300 tonnes. Les 25 000 restantes sont destinées à Hacko Holding. Un contrat est signé dans les bureaux de TCT le 18 mars 2020. Nancy signe au nom de TCT, mandatée verbalement selon les protagonistes, un point qui deviendra central plus tard. Le fret arrive le 1er avril à Dakar. Les opérations de déchargement sont confiées à Somicoa et TVS (ex-Necotrans). Le coût logistique atteint 1,2 milliard FCFA. La marchandise est stockée dans les entrepôts de TCT. Tout semble en ordre.

Mais dès le 4 avril, Rahul déchante. Il estime que les termes de l’accord ne sont pas respectés. Il envoie une lettre de rupture à Amine Group. La confiance s’érode. Rahul se tourne désormais vers Nancy, qu’il tient pour responsable, puisqu’elle est désignée logisticienne de la cargaison. TCT devient alors le pivot du nouveau plan : vendre l’engrais, rembourser Amine et payer Rahul. Une tentative est lancée pour vendre une partie à la société Stals (16 000 tonnes), une autre au Mali (12 000 tonnes). Mais aucune livraison ne se matérialise.

C’est à partir de ce moment que les versions commencent à diverger. Nancy finit par affirmer que 16 000 tonnes ont été retirées par Lamine Ngom, ce dernier étant pourtant sorti du pays. Elle soutient également que les 12 000 tonnes prévues pour le Mali ne sont jamais arrivées jusqu’à elle. Quant à la marchandise restante, elle parle de pertes ou d’ordres donnés par d’autres acteurs, sans jamais apporter de preuve concrète. Rahul, acculé, dépose une plainte officielle le 12 avril 2021 contre Nancy Niang pour escroquerie, abus de confiance et vol.

L’enquête révèle une galerie de personnages impliqués à divers niveaux. Nancy Niang nie toute responsabilité directe, tout en admettant avoir signé des documents, géré les stocks, et supervisé la logistique. Thierno Ndiaye reconnaît avoir perçu des sommes, et même une Range Rover, pour son rôle d’intermédiaire, se justifiant par un contrat d’apporteur d’affaires. Lamine Ngom, patron d’Amine Group, finit par céder ses droits à Aziz Ndiaye, qui paie une partie mais nie l’achat total, désignant un certain Massata comme l’acquéreur réel. Ce dernier affirme avoir acheté 4 000 tonnes, sans preuve bancaire. Ses factures sont similaires à celles d’Aziz Ndiaye. Alain, le gardien des entrepôts TCT, tranche : « Aucune cargaison n’est sortie sans instruction de Mme Nancy Niang. »

Où sont passées les 35 000 tonnes ? Lamine Ngom réclame le remboursement de son investissement. Rahul tente de négocier en proposant 7 000 tonnes pour couvrir les frais, et 3 000 pour indemniser Amine. Mais la marchandise reste introuvable. Nancy affirme que 11 000 tonnes ont été volées, 5 000 perdues, 12 000 jamais reçues. Des versions contestées, des responsabilités diluées, et toujours aucun responsable clairement désigné.

Cette affaire pose une série de questions graves. Comment une telle cargaison a-t-elle pu être livrée, stockée, puis évaporée sans trace ? Comment des acteurs économiques reconnus ont-ils pu signer des contrats flous, sans garantie bancaire ? Pourquoi la justice tarde-t-elle à trancher, plus de quatre ans après les faits ?

Aujourd’hui encore, l’issue judiciaire est incertaine. Rahul Chandra, qui a engagé pour plus de 3,9 milliards de francs CFA, n’a toujours pas été indemnisé. Nancy Niang, au cœur du dispositif, reste en liberté, soutenant que sa responsabilité est limitée à une exécution logistique. Cette affaire rappelle que le commerce international, surtout dans des secteurs comme les engrais ou le sucre, peut virer au piège, entre réseaux d’influence, mandats ambigus, et marchandises détournées. Et que dans cette confusion, les institutions peinent à faire émerger la vérité.

Affaire du détournement d’engrais : l’audition d’Aziz Ndiaye reportée d’une semaine

L’audition de l’homme d’affaires Aziz Ndiaye, initialement prévue ce jeudi 27 mars, a été reportée au jeudi suivant. Selon les informations du journal Libération, ce report a été accordé à la demande de l’intéressé, une requête acceptée par le juge du deuxième cabinet d’instruction.

D’après les mêmes sources, la date fixée pour l’audition coïncidait avec celle du Conseil national de la consommation, ce qui aurait motivé la demande de report. Toutefois, cette décision ne fait que prolonger l’attente autour de cette affaire qui suscite un grand intérêt.

Aziz Ndiaye est cité dans un dossier de détournement portant sur une somme de 3,9 milliards de francs CFA, liée à des engrais destinés au secteur agricole. Son audition est particulièrement attendue, car elle pourrait apporter des éclaircissements sur plusieurs zones d’ombre dans cette affaire qui secoue le milieu des affaires et de l’agriculture.

Les autorités judiciaires poursuivent leurs investigations afin de faire la lumière sur cette affaire qui met en jeu d’importants fonds publics et la crédibilité du système de distribution des intrants agricoles au Sénégal.

Sénégal : Succès du microdosage d’engrais à Louga, une innovation agricole fructueuse

Lors d’un récent atelier consacré au partage des résultats de la diffusion des technologies de microdosage d’engrais, Daouda Hann a souligné les témoignages positifs des agriculteurs. La région des Niayes, reconnue pour ses cultures maraîchères, a particulièrement bénéficié de cette approche efficiente.

Des séances de sensibilisation et des formations ont été organisées pour les agriculteurs afin de maximiser les avantages de cette technique. En mettant l’accent sur le microdosage d’engrais et le placement profond de l’urée, les autorités locales encouragent des pratiques agricoles durables qui favorisent une utilisation judicieuse des ressources.

Daouda Hann a souligné que ces méthodes sont particulièrement adaptées à la région des Niayes, contribuant à des rendements accrus et à des récoltes de qualité. Les agriculteurs sont également incités à intégrer des pratiques telles que la rotation des cultures et la jachère pour préserver la fertilité des sols.

Le projet Dundal Suuf, mis en œuvre en collaboration avec le gouvernement sénégalais, a pour objectif d’améliorer les conditions de vie des populations en introduisant des technologies innovantes de fertilisation. Le coordonnateur du projet, Cheikh Ahmadou Bamba Ngom, a souligné que les résultats positifs ont conduit à une extension du projet jusqu’en 2026, témoignant de son impact durable.

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