Déficit budgétaire et gestion des finances publiques : l’État face à la transparence

En 2023, le déficit budgétaire du Sénégal a atteint des sommets inquiétants, révélant une situation plus critique que prévu. Selon le ministre de l’Économie, le déficit budgétaire en fin d’année pourrait s’établir autour de 10 % du PIB, bien au-dessus des 4,9 % initialement annoncés. Ce chiffre alarmant prend en compte les emprunts extérieurs et les prêts bancaires, doublant ainsi les prévisions officielles.

Abdourahmane Sarr, ancien ministre et économiste, a apporté des précisions supplémentaires lors d’une intervention. Il a souligné que le surfinancement de 605 milliards de FCFA, initialement prévu pour être utilisé en 2024 en accord avec le Fonds Monétaire International (FMI), avait été détourné pour couvrir des dépenses non budgétisées ainsi que des dettes préexistantes de l’État. Cette utilisation imprévue des fonds a provoqué un manque pour l’année suivante, forçant l’État à contracter de nouveaux emprunts non prévus, notamment par le biais de l’émission d’euro-obligations (Eurobonds) et de crédits commerciaux syndiqués à hauteur de 300 millions d’euros au troisième trimestre 2023.

Ce recours aux Eurobonds souligne la difficulté de l’État à assurer la disponibilité des 605 milliards de FCFA promis pour répondre à certaines obligations financières en 2024. Selon Abdourahmane Sarr, ces fonds n’étaient pas présents dans les comptes lors de la prise de fonction du nouveau gouvernement, posant un grave problème de gestion financière.

Face à cette situation complexe, le gouvernement sénégalais a pris une décision cruciale : en attendant les résultats de l’audit des finances publiques, il a choisi de ne pas présenter le dossier du Sénégal au conseil d’administration du FMI lors de la revue de juin 2024. Cette démarche, motivée par la volonté d’éviter une soumission de données erronées, aurait pu exposer le pays à des sanctions sévères, notamment l’obligation de rembourser les ressources mobilisées ou de se voir accorder une dérogation sous condition de mettre en place des mesures correctives approuvées par le FMI.

La position du gouvernement témoigne de son choix en faveur de la transparence. En préférant reporter l’examen de ses finances par le FMI, il évite une situation où le Sénégal aurait pu être accusé d’avoir transmis de fausses informations afin de bénéficier des tirages prévus sur les ressources du Fonds. Ce choix marque une volonté d’assainir les finances publiques et de rétablir la confiance avec les partenaires internationaux.

Cependant, la situation reste délicate, et l’issue de l’audit des finances publiques sera décisive pour l’avenir économique du Sénégal. Le pays devra convaincre ses créanciers et partenaires internationaux de sa capacité à redresser la situation tout en mettant en place des réformes structurelles pour éviter de nouvelles dérives budgétaires. Dans ce contexte, la gestion rigoureuse des ressources publiques et la transparence seront plus que jamais les clés de la stabilité économique.

Aminata Touré interpelle Amadou Ba sur sa gestion passée des finances publiques

En conférence de presse ce lundi 16 septembre, Aminata Touré, ancienne Première ministre et actuelle présidente du mouvement Mimi 2024, n’a pas mâché ses mots envers Amadou Ba, leader de l’opposition et nouveau chef du parti politique Nouvelle Responsabilité. Au cours de cette rencontre avec la presse, Mme Touré a critiqué de manière incisive l’ancien ministre des Finances, pointant du doigt des zones d’ombre dans sa gestion passée sous le régime de Macky Sall.

Amadou Ba, qui a récemment officialisé son parti, semble adopter une posture plus combative à l’encontre du pouvoir en place, selon Mimi Touré. «Pour la première fois, il s’attaque directement au président de la République», a-t-elle souligné. Toutefois, au-delà des discours d’opposition, Mme Touré estime que M. Ba a des comptes à rendre au peuple sénégalais.

«Son mouvement s’appelle Nouvelle Responsabilité», a-t-elle rappelé avant d’ajouter avec insistance : «Il devrait aussi parler de ses anciennes responsabilités, notamment lorsqu’il était ministre des Finances sous Macky Sall.» Selon Aminata Touré, Amadou Ba devrait éclaircir plusieurs points relatifs à la gestion des finances publiques durant son mandat à ce poste clé. Elle sous-entend que l’ancien ministre aurait accumulé une fortune «immense», qu’elle juge suspecte pour un fonctionnaire de l’État.

Au-delà de ces allégations, Mme Touré a demandé des explications sur certains «dossiers financiers» qui, selon elle, n’ont pas encore été éclaircis. Si elle n’a pas spécifié les dossiers en question, son attaque directe pourrait bien intensifier la pression sur Amadou Ba, qui, de son côté, tente de s’imposer comme un opposant crédible face au régime de Macky Sall.

Ce duel entre Aminata Touré et Amadou Ba illustre les tensions croissantes sur la scène politique sénégalaise à l’approche des échéances électorales. Alors que Mme Touré semble vouloir se positionner comme une voix incontournable dans la course à la présidentielle, Amadou Ba, de son côté, cherche à redéfinir son rôle d’opposant après avoir été longtemps associé à l’administration de Macky Sall.

La question des finances publiques sous le régime de l’actuel président semble donc être au cœur des critiques et pourrait jouer un rôle déterminant dans le débat politique à venir. Tandis que l’opinion publique reste attentive, il est probable que ce face-à-face ne fasse que commencer, ouvrant ainsi la voie à d’autres révélations et confrontations sur la scène politique sénégalaise.

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