Sénégal : Une Croissance Encourageante des Recettes Fiscales Malgré des Défis Budgétaires

Au 30 septembre 2024, les recettes fiscales du Sénégal ont atteint 2 642,9 milliards de FCFA, soit une hausse de 8,3 % par rapport à la même période en 2023, d’après les données fournies par le ministère de l’Économie et des Finances. Cette progression significative a été qualifiée de « encourageante » par le professeur Magaye Gaye, malgré un contexte économique marqué par des tensions budgétaires persistantes.

Le rapport de conjoncture de la Direction générale de la Planification et des Politiques économiques indique une amélioration notable des ressources globales (hors dons en capital), estimées à 2 780,5 milliards de FCFA. Cette augmentation de 6,6 % en glissement annuel est en grande partie attribuable à la hausse des recettes fiscales, qui ont progressé de 8,3 %, soit un supplément de 202,3 milliards de FCFA par rapport à 2023.

Selon le professeur Magaye Gaye, ces résultats sont positifs pour la gestion macroéconomique du pays, mais le Sénégal doit encore faire face à des défis budgétaires importants. « Il est essentiel de renforcer un État stratège capable de réduire les dépenses inutiles, dégager des marges budgétaires et accroître ses recettes fiscales », a-t-il déclaré.

Avec un taux de pression fiscale de 19 %, le Sénégal se positionne bien au-dessus de la moyenne de 14 % observée dans la zone UEMOA. Cette différence s’explique par une diversité de prélèvements fiscaux imposés aux entreprises, qui doivent gérer en moyenne 53 taxes, contre 36 en Afrique subsaharienne. Bien que cette situation puisse entraîner des fermetures d’entreprises et des pertes d’emplois, le professeur Gaye estime qu’il s’agit plutôt d’un effort de mobilisation des recettes que d’une véritable augmentation de la pression fiscale.

Les recettes fiscales ont été stimulées par une progression de l’impôt sur le revenu, de la TVA intérieure hors pétrole, ainsi que des taxes liées au commerce extérieur. Par exemple, la TVA à l’importation a augmenté de 31,4 milliards de FCFA, atteignant 481,1 milliards de FCFA, tandis que les droits de port ont progressé de 21,8 milliards de FCFA, atteignant 280,9 milliards de FCFA.

En outre, l’amélioration de la balance commerciale, soutenue par une augmentation des exportations d’or et de pétrole, a contribué à renforcer les recettes fiscales du pays. Cependant, le professeur Gaye appelle le gouvernement à maintenir cette dynamique en élargissant l’assiette fiscale et en assurant une gestion transparente des finances publiques.

Le rapport met également en avant une maîtrise des dépenses publiques, qui s’élevaient à 3 390,5 milliards de FCFA à fin septembre 2024, contre 3 291,9 milliards de FCFA à la même période en 2023, soit une augmentation modérée de 3,0 %. Les dépenses de fonctionnement ont diminué de 10,1 %, représentant une réduction de 134,3 milliards de FCFA. Les investissements financés sur ressources internes ont également baissé de 39,7 %.

Pour pérenniser ces résultats, le professeur Gaye recommande une restructuration de l’endettement dans la zone UEMOA et une meilleure maîtrise des dépenses salariales, qui s’élèvent à 1 063,1 milliards de FCFA et 567,8 milliards de FCFA respectivement. Il estime que ces mesures sont nécessaires pour garantir une gestion budgétaire efficace tout en préservant les acquis de la progression fiscale actuelle.

En somme, bien que les résultats soient prometteurs, ils soulignent la nécessité pour le Sénégal de poursuivre ses efforts en matière de gestion des ressources publiques, afin de renforcer sa résilience économique dans un contexte mondial incertain.

Mali-Niger: avec la fin des conventions fiscales, «les Maliens de France seront les premiers touchés»

Le Mali et le Niger ont dénoncé mardi 5 décembre les conventions fiscales passées avec la France qui permettaient, depuis une cinquantaine d’années, d’éviter aux particuliers comme aux entreprises de payer des impôts – sur les revenus ou la succession par exemple – à la fois dans le pays de résidence et dans celui d’activité. En clair, il s’agissait d’éviter cette double imposition. Bamako et Niamey ont décidé de mettre un terme à ces conventions dans les trois mois. Une mesure économique, censée renflouer les caisses de ces deux États, mais également très politique.

Cette double dénonciation constitue d’abord un énième message de défi adressé à Paris. Les autorités maliennes de transition et le CNSP nigérien la justifient par « l’attitude hostile persistante de la France ». Aucun détail, mais l’argument est récurrent et fait toujours mouche auprès des soutiens des militaires qui ont pris le pouvoir dans ces deux pays.

Après la dénonciation des accords de défense, ou encore la suspension réciproque des délivrances de visas – pour ce qui concerne le Mali –, la suppression de ces conventions fiscales est une nouvelle étape du détricotage des liens unissant ces pays à la France désormais honnie.

Harmonisation des pays de l’AES

Éloignement d’un côté, rapprochement de l’autre : après avoir lancé il y a deux mois et demi l’Alliance des États du Sahel (AES), le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont annoncé il y a trois jours leur volonté de créer une confédération et même, à terme, une fédération. Aucune échéance n’a été annoncée, mais les trois pays multiplient les actes de rapprochement. En supprimant les conventions fiscales qui les lient à la France, le Mali et le Niger se mettent en harmonie avec le Burkina, qui avait déjà pris cette décision au mois d’août.

Fait inhabituel et notable : Bamako et Niamey ont fait leur annonce ensemble, dans un communiqué conjoint. Le weekend dernier, c’est le Niger et le Burkina qui s’étaient mis en « conformité » avec le Mali en quittant la coalition militaire du G5 Sahel, ce que Bamako avait fait en mai de l’année dernière.

Mais cette décision n’est pas seulement politique : en rompant ces conventions fiscales, Bamako et Niamey entendent combler « un manque à gagner considérable pour le Mali et le Niger ». Les conséquences seront multiples, pour les entreprises et les particuliers français travaillant dans ces deux pays, mais également pour leurs propres ressortissants installés en France. 

Rfi

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