La Guinée est à nouveau secouée par des tensions politiques majeures, alors que les Forces vives de Guinée (FVG), un collectif réunissant les principaux partis d’opposition et des organisations de la société civile, ont annoncé une série de manifestations à partir du 6 janvier 2024. Ces mobilisations visent à dénoncer le régime militaire en place et à réclamer une transition vers un pouvoir civil.
Dans un communiqué publié ce mercredi, le collectif a appelé « l’ensemble des citoyens guinéens, civils et militaires, de l’intérieur comme de l’extérieur, à se mobiliser avec la plus grande combativité ». Les manifestations débuteront à Conakry avant de s’étendre aux principales préfectures de l’intérieur du pays. Les FVG ont également annoncé qu’ils ne reconnaissaient plus la légitimité de la junte dirigée par le général Mamadi Doumbouya depuis le 31 décembre, date marquant la fin de la période de transition initialement fixée.
Près de trois ans après le coup d’État du 5 septembre 2021 qui a renversé Alpha Condé, les espoirs d’un retour à l’ordre constitutionnel semblent s’éloigner. Sous la pression de la communauté internationale, le régime militaire s’était engagé à organiser un référendum constitutionnel avant la fin de 2023 et à transférer le pouvoir à un gouvernement civil d’ici fin 2024. Mais ces engagements restent à ce jour non tenus, provoquant une frustration croissante parmi la population et les acteurs politiques.
Les accusations à l’encontre de la junte sont lourdes. Selon les FVG, plus de 60 manifestants ont été tués lors de rassemblements pacifiques depuis le début de la transition, et deux figures majeures de la société civile ont disparu. Ces violations des droits humains, combinées à l’absence de réformes concrètes, alimentent la défiance envers le régime militaire.
Les appels à manifester interviennent dans un contexte où la répression des mouvements sociaux est systématique. Les précédents rassemblements ont souvent été violemment dispersés par les forces de sécurité, faisant de nombreuses victimes. Les observateurs craignent donc une nouvelle escalade des tensions.
Sur le plan international, la junte guinéenne fait face à des pressions croissantes de la part de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union africaine, et des partenaires européens et américains. Ces derniers exigent un calendrier clair pour la transition et condamnent les atteintes aux droits fondamentaux.
La situation en Guinée rappelle les crises politiques qui secouent d’autres pays de la région, où des transitions militaires peinent à déboucher sur des régimes démocratiques. La mobilisation des FVG constitue un défi direct à la junte, mais l’issue de ce bras de fer reste incertaine. Si la junte persiste dans son refus de céder le pouvoir, le risque d’une instabilité prolongée s’accroît, mettant en péril l’avenir du pays.