Le Groupe parlementaire Takku Wallu Sénégal est monté au créneau pour dénoncer ce qu’il qualifie de « grave dérive politique » à la suite de la proposition de mise en accusation de l’ancien président Macky Sall, récemment évoquée à l’Assemblée nationale. Dans un communiqué transmis à la presse ce mardi, les parlementaires de ce groupe d’opposition condamnent fermement cette initiative, qu’ils considèrent comme une tentative de déstabilisation politique et un précédent dangereux pour la démocratie sénégalaise.
Selon Takku Wallu, c’est « avec stupéfaction » qu’ils ont appris, par voie de presse, l’intention de mettre Macky Sall en accusation devant la Haute Cour de Justice. Ils rejettent catégoriquement ce qu’ils appellent une « énième affirmation gratuite » émanant d’un député de la majorité, sans mentionner nommément Guy Marius Sagna, l’auteur de la proposition.
Dans son communiqué, le groupe parlementaire appelle l’opinion publique nationale et internationale à mesurer la gravité de ce qu’il qualifie de « forfaiture », estimant que cette démarche porte atteinte à la stabilité institutionnelle et à l’image démocratique du Sénégal. « C’est la première fois dans l’histoire politique de notre pays, marquée par des alternances pacifiques, qu’un pouvoir en place tente d’atteindre un ancien chef d’État avec une telle violence », déplore le texte.
Takku Wallu Sénégal rappelle que la Constitution n’autorise la poursuite d’un ancien président de la République que pour des faits de haute trahison, et non pour la gestion des affaires publiques, dont il n’était plus directement responsable. En s’attaquant à Macky Sall, le groupe estime que le pouvoir actuel cherche surtout à nuire à un homme d’État dont le leadership dépasse les frontières du Sénégal. « C’est une manœuvre politicienne basse, destinée à salir l’image d’un grand Africain salué partout dans le monde », fustigent-ils.
Face à cette situation, les députés de Takku Wallu annoncent leur détermination à faire obstacle à ce qu’ils qualifient de « justice de vainqueurs ». Ils assurent qu’ils useront de tous les moyens légaux pour barrer la route à cette tentative « destructrice du modèle démocratique sénégalais ».
Enfin, le groupe lance un appel à l’ensemble des citoyens « épris de paix et de justice » à se mobiliser pour défendre la cohésion nationale, menacée selon eux par une démarche qui ouvre la voie à l’instrumentalisation de la justice à des fins de règlement de comptes politiques.
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Révocation de Barthélémy Dias : Khalifa Sall dénonce une « forfaiture » et appelle à la mobilisation
Le climat politique sénégalais connaît un nouveau séisme. Le vendredi 13 décembre 2024, Barthélémy Dias, maire de Dakar, a été révoqué par un arrêté du préfet de Dakar. Cette décision, justifiée par l’État sénégalais en raison de la condamnation de l’élu dans l’affaire du meurtre de Ndiaga Diouf, suscite une vive polémique et ravive les tensions entre pouvoir et opposition.
Réélu maire de Dakar avec une « deuxième légitimité », Barthélémy Dias se retrouve démis de ses fonctions après une décision controversée. Cette révocation est perçue par ses soutiens comme un stratagème politique visant à fragiliser son mandat. Khalifa Sall, ancien maire de Dakar et leader du mouvement Taxawu Sénégal, n’a pas caché son indignation face à ce qu’il considère comme une injustice.
« Pourquoi attendre qu’il soit réélu pour agir ? C’est gênant et inacceptable », a-t-il déclaré sur les ondes de la RFM, qualifiant cette décision d’« offensive contre la démocratie ». Khalifa Sall, lui-même victime d’une révocation similaire en 2018 après une condamnation pour détournement de fonds publics, dénonce une récurrence de « manœuvres politiciennes ».
Dans un ton ferme, Khalifa Sall a appelé les forces politiques et sociales à s’organiser pour contrer cette décision et défendre les valeurs démocratiques du Sénégal. « Nous devons nous rassembler pour exiger que la pluralité des idées et les libertés soient respectées », a-t-il lancé.
L’ex-maire de Dakar s’inquiète également des multiples convocations de figures publiques constatées ces derniers temps, évoquant une stratégie délibérée d’intimidation. « Tout est au forceps. Les gens sont convoqués à la DIC, à la cybercriminalité ou cybersécurité, comme si le pluralisme des idées devait disparaître », s’est-il indigné.
Cette révocation intervient dans un contexte tendu, où plusieurs personnalités de l’opposition dénoncent des atteintes répétées à leurs droits et libertés. La démarche engagée contre Barthélémy Dias est perçue comme une tentative de réduire au silence une figure emblématique de l’opposition à l’actuel pouvoir.
Khalifa Sall a annoncé le lancement de démarches concertées avec d’autres acteurs politiques pour contrer ce qu’il appelle « une deuxième forfaiture ». Selon lui, il est urgent que la classe politique se mobilise pour préserver les acquis démocratiques et empêcher que cette révocation ne devienne un précédent.
Alors que la ville de Dakar se retrouve une fois de plus au cœur des enjeux politiques nationaux, les regards se tournent vers l’opposition, qui semble déterminée à faire de cette affaire un levier pour fédérer les mécontentements. Barthélémy Dias, malgré sa révocation, conserve le soutien de ses alliés, tandis que Khalifa Sall plaide pour une résistance collective.
La révocation de Barthélémy Dias s’inscrit dans une série d’événements qui interrogent sur l’état de la démocratie sénégalaise. Pour l’opposition, cette décision dépasse le simple cadre juridique et traduit une dérive autoritaire qu’il est impératif de freiner. Reste à savoir si cette mobilisation annoncée portera ses fruits.