Aminata Touré : « Le Franc CFA va bientôt être de l’histoire ancienne »

Un an après l’élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidence du Sénégal, la question de la souveraineté monétaire reste au centre des préoccupations du gouvernement. L’ancienne Première ministre et actuelle haute représentante du chef de l’État, Aminata Touré, s’est exprimée sur ce sujet lors d’un entretien accordé à Russia Today (RT) en français. Elle a affirmé que le franc CFA, utilisé dans plusieurs pays africains, est voué à disparaître. Selon elle, cette monnaie ne correspond plus aux ambitions économiques du Sénégal et de la région ouest-africaine. Elle a souligné que le maintien du franc CFA constitue un frein à l’indépendance économique et qu’il est urgent d’adopter une monnaie plus adaptée aux réalités du continent.

Dans son intervention, Aminata Touré a insisté sur la nécessité pour les pays africains de reprendre le contrôle de leur politique monétaire. Elle a rappelé que le projet de l’éco, future monnaie unique de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), est en cours d’étude et constitue une alternative crédible au franc CFA. Elle a réaffirmé la volonté du Sénégal de jouer un rôle moteur dans cette transition monétaire, qui devrait permettre aux pays de la sous-région de renforcer leur souveraineté économique et de mieux faire face aux défis du développement.

Toutefois, la mise en place de l’éco demeure un sujet de débat au sein de la Cédéao. Si certains pays, comme le Sénégal, plaident en faveur d’une adoption rapide, d’autres estiment que des préalables techniques et économiques doivent être remplis avant toute transition. Les questions liées à la convergence des économies, à la gestion des réserves de change et aux critères de stabilité macroéconomique restent des points de discussion majeurs. Malgré ces obstacles, Aminata Touré a affirmé que l’abandon du franc CFA n’était qu’une question de temps et que la volonté politique pour y parvenir était bien présente.

L’ancienne Première ministre a également évoqué l’importance d’une monnaie capable d’accompagner la transformation économique du Sénégal et de l’Afrique de l’Ouest. Pour elle, le franc CFA est un vestige du passé colonial et ne répond plus aux exigences du développement actuel. La transition vers une monnaie propre à la région permettrait aux États de mieux contrôler leur inflation, de favoriser l’industrialisation et de renforcer le commerce intra-africain.

À travers cette déclaration, Aminata Touré confirme que la réforme monétaire reste une priorité pour l’administration du président Bassirou Diomaye Faye. Le gouvernement sénégalais entend œuvrer activement aux côtés de ses partenaires régionaux pour accélérer l’avènement de l’éco et mettre fin à l’usage du franc CFA, une monnaie de plus en plus contestée sur le continent.

Vers une nouvelle dévaluation du franc CFA : Les inquiétudes grandissent au Sénégal et dans la zone UEMOA

La menace d’une nouvelle dévaluation du franc CFA pèse lourdement sur les pays de la zone franc, dont le Sénégal. Selon Jeune Afrique, cette possibilité, qui rappelle la dévaluation de 1994, est de plus en plus envisagée en raison de la situation financière précaire de la région et des débats sur la souveraineté monétaire.

La dévaluation de 1994 a été un choc économique pour les pays de la zone, avec une perte drastique de la valeur du franc CFA et une explosion des prix des produits importés. Aujourd’hui, les économistes pointent plusieurs signes inquiétants qui pourraient conduire à une nouvelle dévaluation. En particulier, la situation difficile de la zone CEMAC, marquée par une croissance lente, une inflation élevée, un endettement croissant et des réserves de change qui diminuent rapidement, met en lumière les fragilités économiques de la région.

Le Sénégal, pour sa part, traverse une crise financière avec un déficit budgétaire dépassant les 10 % du PIB, un facteur alarmant pour la stabilité économique du pays. L’économiste Kako Nubukpo, cité par Jeune Afrique, rappelle que le franc CFA est actuellement « surévalué d’environ 10 %” et que les critères de convergence de l’UEMOA, tels que les limites sur les déficits budgétaires, sont depuis longtemps ignorés, exacerbant ainsi les tensions économiques dans la zone.

Bien que la dévaluation de 1994 ait plongé la région dans une grave crise sociale, elle a permis aux pays africains de se redresser à moyen terme. Mais les économistes sont partagés sur le fait qu’une dévaluation serait bénéfique aujourd’hui. Certains experts, comme Bruno Cabrillac de la FERDI, estiment que la dévaluation est peu probable, car des mesures ont été prises pour renforcer les réserves de change et éviter cette option.

Pourtant, le climat de plus en plus souverainiste dans des pays comme le Sénégal, où des voix s’élèvent pour une alternative au franc CFA, pourrait précipiter un changement radical. Une dévaluation pourrait avoir des répercussions sociales encore plus graves que celles de 1994, dans un contexte déjà marqué par une précarité économique croissante.

Le débat sur l’avenir du franc CFA, héritage colonial, est donc plus que jamais d’actualité. Alors que certains appellent à un renouveau monétaire en Afrique de l’Ouest, la question demeure : le franc CFA survivra-t-il aux défis économiques et politiques qui se profilent à l’horizon ?

Fin de la Validité des billets de la gamme BEAC de 1992 : Dernier appel aux détenteurs

La Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) annonce la fin imminente de la validité des billets de la gamme BEAC de 1992, incitant les détenteurs à les échanger avant le 1er juin 2024.

Dans une note d’information publiée récemment, le gouverneur de la BEAC, Yvon Sana Bangui, a informé le public que les billets de la gamme BEAC type 1992 ne seront plus échangeables aux guichets de la BEAC à partir du 1er juin 2024. Cette décision fait suite à une délibération du Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale lors de sa session du 7 novembre 2022.

Les détenteurs de ces billets sont vivement encouragés à se présenter aux guichets de la BEAC avant la date limite munis d’une pièce d’identité pour les échanger. Passé le 1er juin 2024, ces billets n’auront plus aucune valeur et ne pourront plus être échangés.

Il convient de rappeler que les billets de la gamme BEAC type 1992 ont été démonétisés et privés du cours légal ainsi que du pouvoir libératoire sur l’ensemble du territoire de la communauté depuis le 1er mars 2023. Par conséquent, il est essentiel pour les détenteurs de ces billets de prendre les mesures nécessaires avant la date limite afin d’éviter toute perte financière.

La BEAC encourage tous les détenteurs de ces billets à agir rapidement et à se conformer à cette nouvelle directive. Pour toute question ou information supplémentaire, les détenteurs peuvent contacter les services de la BEAC.

Cette annonce marque la conclusion d’un processus de transition monétaire visant à garantir la stabilité et la fiabilité du système financier de la région. La BEAC remercie le public pour sa coopération et sa compréhension tout au long de cette période de transition.

Pour plus d’informations, veuillez vous référer à la note d’information officielle publiée par la BEAC ou contacter les services compétents de la banque.

Le Sénégal : Débats enflammés sur la présence militaire française et le franc CFA

Dans une récente interview accordée à Bés Bi, Alla Kane, membre influent de Magui Pastef et du cabinet du Premier ministre Ousmane Sonko, a soulevé une controverse en exprimant des opinions radicales concernant la présence militaire française au Sénégal et le maintien du franc CFA comme monnaie nationale.

Kane, manifestant une ferme opposition à la présence des troupes françaises sur le sol sénégalais, a déclaré : « Nous sommes sur le départ de l’armée française au Sénégal. Qu’ils dégagent ! C’est un signe de souveraineté. Cette présence est une façon de nous dire que nous ne sommes toujours pas indépendants. »

L’intervention sans équivoque de Kane reflète un sentiment croissant au sein de certaines factions de la société sénégalaise, dénonçant la présence prolongée des forces armées étrangères comme une atteinte à la souveraineté nationale.

Kane a également remis en question la pertinence du franc CFA, une monnaie héritée de la colonisation française et utilisée par plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. « Nous avons des économistes chevronnés capables de réaliser l’idée de battre notre propre monnaie », a-t-il affirmé avec confiance.

Les propos de Kane ont suscité des réactions contrastées au sein de la classe politique et de la société civile. Alors que certains soutiennent fermement ses appels à une plus grande indépendance économique et militaire, d’autres expriment des réserves quant à la faisabilité et aux conséquences d’une telle démarche.

La question de la présence militaire française au Sénégal et du maintien du franc CFA reste donc un sujet brûlant dans le pays, alimentant un débat en cours sur la souveraineté nationale et l’autonomie économique.

À mesure que les discussions se poursuivent, il est probable que ces questions continueront de jouer un rôle central dans le paysage politique et socio-économique du Sénégal, avec des implications potentiellement profondes pour son avenir.

Le Ministre Français des Affaires Étrangères sur l’Avenir du Franc CFA : « Ce n’est pas à la France d’avoir un avis là-dessus »

Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a déclaré lundi que la France n’avait pas à se prononcer sur l’avenir du franc CFA en Afrique de l’Ouest. Cette déclaration intervient alors que l’élection du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, un candidat prônant une rupture avec la devise actuelle, suscite des interrogations sur le devenir de cette monnaie dans la région.

« Si les pays africains se mettent d’accord pour changer le nom, organiser différemment leur organisation monétaire, c’est de la souveraineté des États », a déclaré M. Séjourné lors d’une interview sur RFI et France 24. Il a ajouté que la France était prête à accompagner ce mouvement, que ce soit pour changer le nom du franc CFA ou pour revoir l’organisation monétaire de la région.

Le franc CFA est actuellement utilisé dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), ainsi que dans six pays d’Afrique centrale. Les critiques à son encontre, notamment en ce qui concerne sa parité fixe avec l’euro et son impression en France, ne sont pas nouvelles. Certains pays, tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont récemment évoqué la possibilité de quitter le franc CFA.

Le ministre français a souligné que la France avait déjà pris des mesures en sortant de la gouvernance du CFA, et que désormais, c’était aux États africains de décider de leur propre avenir monétaire.

Par ailleurs, lors de sa visite en Côte d’Ivoire, Stéphane Séjourné a salué les bonnes relations entre la France et Abidjan, soulignant l’importance d’un partenariat équilibré et bénéfique pour les deux pays. Il a également exprimé le soutien continu de la France à la stabilité régionale en Afrique de l’Ouest.

La déclaration du ministre français souligne les évolutions en cours dans les relations franco-africaines, ainsi que la nécessité pour les pays africains de décider de leur propre destin économique et monétaire.

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