Le Sénégal : Débats enflammés sur la présence militaire française et le franc CFA

Dans une récente interview accordée à Bés Bi, Alla Kane, membre influent de Magui Pastef et du cabinet du Premier ministre Ousmane Sonko, a soulevé une controverse en exprimant des opinions radicales concernant la présence militaire française au Sénégal et le maintien du franc CFA comme monnaie nationale.

Kane, manifestant une ferme opposition à la présence des troupes françaises sur le sol sénégalais, a déclaré : « Nous sommes sur le départ de l’armée française au Sénégal. Qu’ils dégagent ! C’est un signe de souveraineté. Cette présence est une façon de nous dire que nous ne sommes toujours pas indépendants. »

L’intervention sans équivoque de Kane reflète un sentiment croissant au sein de certaines factions de la société sénégalaise, dénonçant la présence prolongée des forces armées étrangères comme une atteinte à la souveraineté nationale.

Kane a également remis en question la pertinence du franc CFA, une monnaie héritée de la colonisation française et utilisée par plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. « Nous avons des économistes chevronnés capables de réaliser l’idée de battre notre propre monnaie », a-t-il affirmé avec confiance.

Les propos de Kane ont suscité des réactions contrastées au sein de la classe politique et de la société civile. Alors que certains soutiennent fermement ses appels à une plus grande indépendance économique et militaire, d’autres expriment des réserves quant à la faisabilité et aux conséquences d’une telle démarche.

La question de la présence militaire française au Sénégal et du maintien du franc CFA reste donc un sujet brûlant dans le pays, alimentant un débat en cours sur la souveraineté nationale et l’autonomie économique.

À mesure que les discussions se poursuivent, il est probable que ces questions continueront de jouer un rôle central dans le paysage politique et socio-économique du Sénégal, avec des implications potentiellement profondes pour son avenir.

Rwanda : Macron évoque la non-intervention française dans le génocide de 1994

À l’approche du trentième anniversaire du génocide rwandais de 1994, les regards se tournent vers la France alors que le président Emmanuel Macron reconnaît publiquement que la France aurait pu intervenir pour arrêter les massacres, mais n’a pas agi. Cette déclaration présidentielle, annoncée par l’Élysée, ravive le débat sur la responsabilité de la France dans cette tragédie et sur la nécessité d’excuses officielles.

L’annonce de Macron intervient alors que les préparatifs pour commémorer le génocide de 1994 au Rwanda sont en cours, et que la question des réparations potentielles se fait de plus en plus pressante. En mai 2021, lors de sa visite à Kigali, Macron avait déjà admis la responsabilité de la France dans ces événements tragiques, mais sans formuler d’excuses officielles.

Cette déclaration du président français met en lumière le rôle controversé de la France pendant le génocide rwandais, où elle est accusée d’avoir soutenu le gouvernement rwandais de l’époque, dominé par les Hutus, malgré les signes évidents de préparation d’un génocide contre les Tutsis. Les critiques portent également sur l’envoi de troupes françaises dans le cadre de l’opération Turquoise, qui aurait potentiellement protégé les responsables du génocide lors de leur retraite au Zaïre.

Le débat sur les excuses officielles de la France reste vif, avec des appels croissants de la part des survivants du génocide et de leurs familles, ainsi que de la communauté internationale. La reconnaissance publique des erreurs passées et des responsabilités historiques pourrait être un premier pas vers la guérison et la réconciliation entre la France et le Rwanda, mais la question des réparations reste un sujet délicat et complexe.

À mesure que le monde se prépare à commémorer cette sombre période de l’histoire rwandaise, la position de la France et la réaction de Macron lors de cette commémoration seront scrutées de près, avec l’espoir que cela contribuera à une meilleure compréhension et à une véritable réconciliation entre les deux nations.

Bamako affirme avoir piraté une entreprise française pour récupérer des données électorales

Les autorités maliennes de transition affirment avoir piraté une entreprise française pour récupérer des données électorales. Mardi soir, dans le journal de la télévision d’État ORTM, un long reportage a été consacré au piratage, par des hackers maliens au service des autorités de transition, de l’entreprise française Idemia accusée d’avoir « pris en otage » ces données.

Avec cette accusation de « prise d’otage » des données électorales, Bamako avait ainsi justifié, fin septembre dernier, le report sine die de la présidentielle prévue ce mois de février. Mardi 13 février au soir, les autorités de transition ont donc expliqué aux Maliens, dans une mise en scène soignée, avoir récupéré les précieuses données.

Son visage est flouté, son nom n’est pas révélé. Le représentant du « Comité technique des experts bénévoles » raconte que son équipe de hackers, qui s’est gracieusement mise au service des autorités maliennes de transition, a travaillé « trois semaines jour et nuit » pour « récupérer tous les mots de passe de tous les serveurs » et accéder aux précieuses données Ravec, le recensement administratif à vocation d’État civil.

Sous les applaudissements du président de transition du Mali en personne, le colonel Assimi Goïta, et du colonel Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale, en charge des élections. Qui, dans la foulée, présente le nouveau fichier Mali Koura Biométrie – « Mali Koura » signifiant « Mali Nouveau », expression devenue la devise des autorités de transition.

« Solution souveraine »

Le « basculement » de l’ancien fichier, créé par l’entreprise française Idemia, vers ce nouveau fichier n’aura « rien coûté » aux finances publiques, se réjouit le ministre. « L’affront » ayant été « lavé » et le « danger écarté », selon le commentaire du journaliste de l’ORTM, les treize hackers « patriotes » ont été décorés Chevaliers de l’ordre national par le Colonel Assimi Goïta.

Le président de transition salue le « travail excellent » de ces « experts nationaux » et la mise en place du nouveau système d’identification biométrique, une « solution souveraine développée par des Maliens ».

« Le Mali a toujours eu accès aux données »

Sollicitées par RFI, les autorités françaises n’ont pas réagi à ce stade. Pas de réaction officielle non plus du côté de l’entreprise mise en cause, Idemia, mais une source proche de l’entreprise assure à RFI que « le Mali a toujours eu accès au système de données » en question.

« La collaboration s’était arrêtée mais ils disposaient des mots de passe et les données étaient disponibles », affirme cette source, qui rappelle ce que les autorités maliennes avaient elles-mêmes indiqué à l’époque, à savoir que c’était le « transfert de propriété du système » qui était au cœur du litige. Une intrusion a-t-elle tout de même été constatée dans les systèmes informatiques de l’entreprise, avec quelles conséquences ? Aucune réponse sur ce point.

Dette et élections

Fin septembre, il y a quatre mois et demi, les autorités maliennes de transition avaient également reconnu, dans leur communiqué, avoir contracté une dette de plus de 5 milliards de francs CFA auprès de l’entreprise Idemia, « raison pour laquelle la base de donnée Ravec est arrêtée depuis mars 2023 », avait encore précisé Bamako. Qui avait apparemment surmonté cette difficulté en juin, pour organiser son référendum constitutionnel.

Les autorités de transition avaient pourtant invoqué ce problème, désormais présenté comme résolu, pour justifier ensuite le report de la présidentielle, qui aurait justement dû se dérouler en ce moment même – selon les dates initialement prévues, nous serions précisément dans l’entre-deux tours.

Les Maliens peuvent-ils, en conséquence, s’attendre à ce qu’une nouvelle date soit enfin fixée pour ce scrutin, qui doit mettre fin à la période de transition ? L’avenir le dira. Mardi soir, l’occasion n’a pas été saisie pour annoncer de nouvelles échéances.

Rfi

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