Le secteur du transport urbain au Sénégal est en pleine crise. Les chauffeurs de taxis, regroupés au sein du Mouvement Dolel Transport, dénoncent l’inaction des autorités face à la concurrence qu’ils jugent déloyale des plateformes numériques telles que Yango, Heetch et Yassir. Frustrés par le quatrième report du procès visant à statuer sur la légalité des activités de ces multinationales, les chauffeurs ont décidé de porter des brassards rouges à partir de ce lundi, en signe de protestation.
Malick Diop, secrétaire national du Mouvement Dolel Transport, a exprimé son indignation face à la situation. « C’est inadmissible. Nous sommes dans un désarroi total. Le système de transport est en crise à cause de ces plateformes qui bafouent les lois et règlements du pays », a-t-il déclaré.
Selon lui, les autorités, du président de la République au ministre des Transports Yankhoba Diémé, sont coupables d’un « mutisme complice », en restant silencieuses face aux revendications des chauffeurs.
Les chauffeurs reprochent à ces plateformes numériques d’opérer sans se conformer aux exigences légales du Sénégal, ce qui crée une situation de concurrence déloyale. En effet, les chauffeurs traditionnels doivent s’acquitter de nombreuses taxes, obtenir des licences et respecter des règles strictes, alors que les plateformes ne subiraient pas les mêmes contraintes.
Modou Seck, président du Regroupement des Taxis Urbains, explique que le métier de chauffeur de taxi devient de plus en plus difficile. « Tout le monde sait que le métier de taxi ne rapporte pas beaucoup, mais nous faisons des efforts pour être en règle, avec nos licences et nos permis. Ces plateformes nous empêchent de travailler correctement. Nous ne pouvons plus payer nos assurances ni rembourser nos prêts bancaires. »
Les chauffeurs dénoncent une situation où ils sont poussés à l’endettement et peinent à maintenir leur activité.
Face à ce qu’ils considèrent comme une impasse judiciaire, les chauffeurs de taxis ont décidé de passer à l’action. À partir de lundi 13 janvier, les chauffeurs arboreront des brassards rouges pendant 48 heures, une initiative qu’ils qualifient de « symbole universel de mécontentement ».
Une conférence de presse est également prévue le mercredi 15 janvier pour annoncer de nouvelles mesures de protestation, si les autorités ne prennent pas des décisions concrètes d’ici là.
Les chauffeurs de taxis demandent aux autorités de protéger les acteurs locaux en appliquant strictement les lois en vigueur et en interdisant les activités des plateformes numériques illégales.
« Nous ne sommes pas contre les innovations, mais elles doivent se conformer aux règles du pays. Si rien n’est fait, nous irons jusqu’à bloquer le transport urbain à Dakar et dans les autres régions », a averti Malick Diop.
Cette crise dans le secteur du transport urbain s’inscrit dans un débat plus large sur l’impact des plateformes numériques dans les économies africaines. Ces innovations, qui apportent de nouvelles opportunités aux consommateurs, rencontrent souvent des résistances de la part des acteurs traditionnels qui peinent à s’adapter aux nouvelles réalités du marché.
Dans plusieurs pays africains, les chauffeurs de taxis traditionnels ont mené des mouvements de protestation similaires, dénonçant une absence de régulation des plateformes numériques.
Le prochain rendez-vous judiciaire est prévu le 18 mars 2025. En attendant, la mobilisation des chauffeurs pourrait s’intensifier, mettant la pression sur les autorités sénégalaises pour qu’elles prennent des mesures concrètes afin d’apaiser les tensions.