Escroquerie de près de 100 millions FCFA : l’homme d’affaires Boris St. Gbegnon face à la justice financière

L’affaire fait grand bruit dans les milieux économiques et judiciaires. Boris St. Gbegnon, homme d’affaires influent établi au Sénégal, a été déféré devant le parquet judiciaire financier pour une affaire d’escroquerie et de blanchiment de capitaux portant sur près de 100 millions de FCFA. Les faits, révélés par L’Observateur, mettent en lumière une escroquerie savamment orchestrée au détriment de l’homme d’affaires français Iv. Kabalane.

Tout commence par une relation d’amitié nouée en France entre Boris St. Gbegnon et Iv. Kabalane, alors étudiants. Les deux hommes gardent de solides liens au fil des années. Une proximité qui va, plus tard, servir de levier à un montage frauduleux. Installé au Sénégal, Boris crée deux entreprises : Al Amine Logistiques, spécialisée dans le transit, et Nob Prestation, axée sur les systèmes informatiques. Face à des difficultés financières, il se tourne vers son vieil ami pour solliciter un appui financier.

En juin 2024, Boris demande un premier prêt de 100 000 euros à Kabalane, soit environ 65,6 millions FCFA. Pour rassurer ce dernier, il évoque l’intervention d’un notaire, Me Grégory Piraud, censé encadrer la transaction, et met en hypothèque un appartement situé à Castres (France). Convaincu, Iv. Kabalane effectue le virement le 25 juin 2024, avec la promesse d’un remboursement au plus tard le 6 janvier 2025.

Le 4 novembre 2024, Boris revient à la charge avec une nouvelle demande : 48 200 euros supplémentaires (environ 31,6 millions FCFA). Pour crédibiliser la requête, il envoie à son ami un mail prétendument signé du même notaire. Sauf qu’il s’agit d’une adresse falsifiée – gregory.piraud@notaires-de-france.com – très proche de l’originale, un détail que Kabalane ne remarque pas. Le virement est exécuté, portant le montant total soutiré à 148 200 euros, soit près de 97 millions FCFA.

Lorsque l’échéance de remboursement arrive en janvier 2025, Boris disparaît des radars. Devant les multiples tentatives infructueuses pour le joindre, Kabalane entame des démarches judiciaires en France. Il découvre alors que le bien immobilier mis en garantie avait déjà été hypothéqué auprès du Crédit Agricole, et qu’il avait également été proposé à d’autres créanciers. Pire encore, le mail du notaire était un faux, sans aucun cachet ni contact téléphonique.

Une plainte est parallèlement déposée au Sénégal par le mandataire d’Iv. Kabalane, N. Wehbeh. La Division des investigations criminelles (DIC) est saisie de l’affaire. L’enquête aboutit à l’arrestation de Boris St. Gbegnon. En garde à vue, ce dernier admet avoir reçu les fonds et reconnaît les faits. Il tente néanmoins de se défendre en affirmant que son ami était au courant de l’état de l’hypothèque.

Le 7 mars 2025, Boris St. Gbegnon a été présenté au parquet judiciaire financier pour les chefs d’accusation de faux et usage de faux, escroquerie et blanchiment de capitaux. L’affaire pourrait connaître de nouveaux rebondissements dans les prochains jours, tant les ramifications de cette escroquerie paraissent multiples.

L’homme d’affaires en cavale arrêté à Paris : retour sur une fuite rocambolesque

Inculpé et placé sous mandat de dépôt en juin dernier, Doro Gaye, un homme d’affaires sénégalais, avait orchestré une fuite spectaculaire après avoir bénéficié d’une mise en liberté provisoire assortie d’un contrôle judiciaire. Cette liberté retrouvée, conditionnée par plusieurs garanties matérielles et médicales, n’aura duré que peu de temps avant qu’il ne quitte clandestinement le territoire sénégalais.

Pour obtenir sa mise en liberté, Doro Gaye avait signé un protocole d’accord avec Zakiloulahi Sow, la partie civile dans son dossier. Un premier acompte de 250 millions de francs CFA avait été versé, et des titres de propriété sur trois appartements et un magasin situés à la Cité Keur Gorgui avaient été remis au juge comme garanties supplémentaires. Par ailleurs, un rapport médical avait été intégré au dossier, attestant que son état de santé nécessitait un suivi permanent, incompatible avec une détention prolongée.

Moins d’un mois après sa libération, Doro Gaye parvenait à quitter le Sénégal via la Guinée-Bissau. Une cavale qui a pris fin à Paris, grâce à une coopération étroite entre les autorités sénégalaises et françaises. Un mandat d’arrêt international avait été émis par le juge d’instruction sénégalais, ce qui a permis de localiser et d’interpeller l’homme d’affaires en territoire français.

Selon des informations rapportées par le quotidien Libération, la police a pisté des transactions effectuées dans des boutiques de luxe à Paris, grâce à une carte bancaire utilisée par sa femme, Clara Gaye. Ces paiements ont servi de piste pour localiser Doro Gaye, qui se croyait hors d’atteinte des autorités.

L’arrestation de Doro Gaye marque un tournant dans cette affaire qui continue de susciter de nombreuses interrogations, notamment sur les failles du contrôle judiciaire ayant permis sa fuite. Désormais sous les verrous en France, son extradition vers le Sénégal semble être une formalité dans le cadre des accords bilatéraux entre les deux pays.

Un homme d’affaires victime d’une escroquerie mystique de 587 millions de francs CFA

Un entrepreneur sénégalais, Ch. Mb. Lèye, a été dépouillé de 587 millions de francs CFA dans une affaire mêlant charlatanisme, escroquerie et manipulation psychologique. L’homme d’affaires a déposé une plainte auprès de la Division des investigations criminelles (DIC) le 13 novembre dernier, exposant en détail sa mésaventure avec un prétendu faiseur de miracles, M. Baldé.

Tout commence par une discussion entre Lèye et son ami B. Barry, à qui il confie ses difficultés personnelles et professionnelles. Barry lui recommande alors M. Baldé, présenté comme un « faiseur de miracles » capable de l’aider à fructifier ses avoirs et à surmonter ses défis.

Lors de leur première rencontre, Baldé demande à l’homme d’affaires une somme modique de 5 000 F CFA et lui remet de l’eau bénite destinée à des bains mystiques. Mais, selon le plaignant, ces bains ont marqué le début d’une emprise psychologique. Lèye affirme s’être senti « marabouté » et incapable de résister aux demandes répétées du charlatan.

De fil en aiguille, les versements se sont multipliés, atteignant des montants faramineux : 10 millions, 27 millions, 130 millions, puis 240 millions. Pour répondre aux exigences financières de Baldé, l’entrepreneur aurait non seulement puisé dans ses propres fonds, mais également sollicité des partenaires d’affaires pour effectuer des transferts directs sur les comptes du charlatan et de ses complices.

Il est même allé jusqu’à vendre ses biens de valeur, y compris deux maisons et une voiture, pour un montant total estimé à 587 millions de francs CFA.

L’enquête révèle que M. Baldé n’a pas agi seul. Ses complices, B. Barry et C. Diao, ont également bénéficié de cette escroquerie organisée. Les autorités ont retrouvé des reçus de transferts bancaires corroborant les accusations portées par Lèye.

Le principal suspect, M. Baldé, est un récidiviste notoire, ayant déjà été condamné pour des faits similaires. Il utilisait plusieurs identités, dont Th. Diallo et A. Diallo, pour dissimuler ses activités. Cette fois-ci, il aurait utilisé son véritable nom.

Les trois mis en cause ont été déférés devant le procureur de la République pour association de malfaiteurs, escroquerie en bande organisée, charlatanisme, blanchiment de capitaux, et détention illégale d’armes à feu.

Cette affaire illustre les dangers du charlatanisme et de l’exploitation de la vulnérabilité des individus en quête de solutions rapides à leurs problèmes. Les autorités rappellent la nécessité de signaler ces pratiques afin de protéger d’autres victimes potentielles et de démanteler les réseaux d’escrocs opérant sous couvert de pratiques mystiques.

L’enquête suit son cours pour déterminer l’étendue des complicités et identifier d’autres victimes éventuelles.

Quitter la version mobile