Rejet de la loi interprétative par le Conseil constitutionnel : Amadou Ba (Pastef) salue une victoire contre l’impunité

Le Conseil constitutionnel a tranché. Par sa décision rendue publique ce mardi 16 avril, il a déclaré anticonstitutionnelle la loi interprétative de la loi d’amnistie, adoptée le 2 avril dernier par la majorité parlementaire dominée par le parti Pastef. Cette loi visait à clarifier que certains crimes graves – notamment les assassinats, meurtres et actes de torture – ne sauraient être couverts par la loi d’amnistie votée en mars.

Cette décision du juge constitutionnel invalide de facto cette tentative d’interprétation de la loi initiale, consacrant ainsi la portée exclusive de celle-ci. En clair, elle ferme la voie à toute relecture parlementaire visant à exclure des faits liés aux violences politiques survenues entre mars 2021 et février 2024, notamment lors des épisodes de répression ayant fait plusieurs dizaines de morts.

Loin d’apparaître comme un revers politique pour les initiateurs du texte, la décision a été accueillie avec satisfaction par Amadou Ba, député de Pastef et principal auteur de la loi interprétative. Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook, il a salué ce qu’il considère comme une avancée pour la justice :
« Fin de l’impunité pour les crimes de meurtres, assassinats et tortures. Merci au Conseil constitutionnel. »

Cette réaction laisse entendre que pour le parlementaire, la loi d’amnistie adoptée en mars 2024 n’a jamais couvert les crimes de sang et de torture, conformément aux engagements internationaux du Sénégal. Ainsi, le Conseil constitutionnel ne fait, selon lui, que confirmer une lecture conforme à l’esprit de l’État de droit.

Cette interprétation rejoint celle exprimée par certains juristes, pour qui la décision du Conseil vient renforcer l’idée que la justice sénégalaise garde la possibilité de poursuivre les auteurs présumés d’actes graves, même dans un contexte post-amnistie. Reste à savoir si cette lecture prévaudra dans les prochaines semaines, alors que plusieurs plaintes ont déjà été annoncées contre des responsables de l’ancien régime.

« La loi d’amnistie de Macky va accorder l’impunité aux auteurs d’homicides… », Seydi Gassama

La décision du président Macky Sall d’introduire une loi d’amnistie générale, visant à couvrir les manifestations politiques entre 2021 et 2024, suscite des critiques virulentes de la part de Seydi Gassama, directeur de la Section Amnesty International au Sénégal.

Selon Seydi Gassama, cette loi d’amnistie est un stratagème pour accorder l’impunité aux auteurs d’actes criminels, tels que les homicides, les actes de torture et les mauvais traitements infligés aux manifestants. Pour lui, elle constitue une tentative de blanchiment des violations des droits de l’homme commises durant cette période tumultueuse.

En effet, cette annonce intervient dans un contexte tendu marqué par des manifestations politiques et des troubles sociaux, notamment en réaction au report de l’élection présidentielle. De nombreux manifestants ont été victimes de violences, faisant craindre une escalade de la répression et une détérioration de la situation des droits de l’homme au Sénégal.

Seydi Gassama met en garde contre les conséquences désastreuses d’une telle loi, qui risque de compromettre les principes fondamentaux de la justice et de l’état de droit. Il appelle à une mobilisation citoyenne pour s’opposer à cette initiative et demander des comptes aux responsables des violations des droits de l’homme.

Cette déclaration de Seydi Gassama souligne les enjeux cruciaux liés à l’amnistie et met en lumière les préoccupations légitimes concernant la protection des droits fondamentaux des citoyens sénégalais. La société civile et les défenseurs des droits de l’homme restent vigilants face à cette mesure et continueront à plaider en faveur de la justice et de la vérité pour toutes les victimes de violations des droits de l’homme au Sénégal.

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