Une légère pluie s’est abattue sur Dakar, révélant une nouvelle fois les failles structurelles de la capitale sénégalaise face aux inondations. L’évacuation des eaux pluviales, déjà pointée du doigt depuis des années, a mis en lumière les défaillances du projet Bus Rapid Transit (BRT), un projet majeur censé révolutionner le transport urbain mais qui, ce jour-là, a montré ses limites.
Le BRT, conçu pour fluidifier la circulation dans une ville en proie à de nombreux embouteillages, est un projet phare du gouvernement sénégalais. Avec un investissement colossal de près de 400 milliards de francs CFA, ce projet devait offrir aux Dakarois une alternative de transport rapide et moderne. Cependant, après les premières averses du 17 août, une grande partie du tracé du BRT est devenue impraticable, submergée par les eaux.
Les images partagées sur les réseaux sociaux montrent des voies inondées, des bus immobilisés, et des usagers contraints de marcher dans l’eau pour rejoindre leur destination. Cet incident ravive les inquiétudes quant à la résilience des infrastructures urbaines de Dakar, face à un problème récurrent : les inondations.
La situation du BRT n’est qu’une partie visible de l’iceberg. Les inondations à Dakar sont un fléau qui, depuis des décennies, causent d’importants dégâts matériels et humains. Pour y faire face, l’État sénégalais avait lancé le Programme Décennal de Lutte contre les Inondations (PDLI). Ce programme, financé à hauteur de 717 milliards de francs CFA, visait à construire des ouvrages de drainage, à réhabiliter les zones inondables et à reloger les sinistrés.
Cependant, malgré ces investissements massifs, les résultats tardent à se faire sentir. Le conseil interministériel du 16 mai 2024, présidé par le Premier ministre Ousmane Sonko, avait déjà mis en lumière les failles de ce programme. « Les 717 milliards de FCFA investis par l’État dans la construction d’ouvrages de drainage, de stockage et de pompage des eaux pluviales, la réhabilitation des zones inondables et le relogement des sinistrés, sans résultats concluants, sont préoccupants et feront l’objet d’un audit approfondi », avait-il déclaré. Ce conseil s’était conclu par l’adoption de 22 mesures censées renforcer la lutte contre les inondations.
L’incident du 17 août 2024 soulève ainsi des questions cruciales. Comment expliquer que malgré les investissements colossaux, les infrastructures, y compris celles du BRT, restent vulnérables aux inondations ? L’audit annoncé par le Premier ministre sera-t-il en mesure de détecter les failles du système et de proposer des solutions concrètes pour que Dakar puisse enfin être à l’abri des eaux ?
En attendant, cet épisode relance le débat sur la nécessité de repenser entièrement la gestion des eaux pluviales à Dakar, et plus largement dans tout le Sénégal. Les autorités sont plus que jamais appelées à revoir leurs stratégies pour éviter que chaque pluie ne se transforme en catastrophe pour les habitants et les infrastructures de la capitale.