Criminalité financière : les chefs d’Interpol en Afrique de l’Ouest planchent sur de nouvelles stratégies à Dakar

La capitale sénégalaise a abrité ce lundi 14 avril la 10e réunion des Chefs des Bureaux Centraux Nationaux (BCN) d’Interpol de la région Afrique de l’Ouest. Une rencontre de haut niveau organisée sous l’égide de l’Inspecteur général de Police Mame Seydou Ndour, Directeur général de la Police nationale du Sénégal.

Tenue dans un contexte marqué par une montée des menaces liées à la criminalité financière et à la corruption, cette réunion a permis aux responsables des forces de l’ordre des pays ouest-africains de faire un état des lieux des défis sécuritaires dans la sous-région, tout en définissant des stratégies communes pour y faire face.

Les échanges ont essentiellement porté sur le renforcement des capacités opérationnelles d’Interpol en Afrique de l’Ouest, notamment en matière de prévention, de détection et de répression des infractions économiques. Les participants ont également évalué la mise en œuvre des recommandations formulées lors de la précédente réunion, tout en définissant de nouvelles orientations pour améliorer la coopération policière régionale.

« Dans un monde où les réseaux criminels deviennent de plus en plus sophistiqués et transnationaux, notre riposte doit être collective, coordonnée et innovante », a déclaré un des participants, soulignant l’importance de la collaboration entre les Bureaux Centraux Nationaux.

La corruption, le blanchiment d’argent, la fraude fiscale, ou encore les détournements de fonds publics figurent parmi les principales menaces évoquées par les responsables présents à Dakar. Des crimes qui sapent les bases des économies ouest-africaines, compromettent les politiques de développement et alimentent, dans certains cas, l’instabilité sociale et politique.

Les experts d’Interpol ont ainsi mis l’accent sur la nécessité de mutualiser les ressources, de partager les informations en temps réel, et de mettre en place des outils technologiques communs pour traquer les réseaux criminels transnationaux.

Cette 10e édition de la réunion des BCN se veut aussi un espace de partage d’expériences et de bonnes pratiques. Elle a réuni des délégations venues de plusieurs pays de la sous-région, avec une volonté commune : hisser le niveau de la coopération policière à un standard plus performant face à des menaces qui ignorent les frontières.

La rencontre de Dakar s’inscrit ainsi dans une dynamique d’harmonisation des stratégies sécuritaires ouest-africaines, dans l’espoir de juguler efficacement la criminalité économique et financière, considérée aujourd’hui comme l’un des plus grands défis du continent.

Sénégal : Huit arrestations dans une escroquerie en ligne de 3,7 milliards FCFA

Dans le cadre de l’opération « Serengeti », une initiative internationale de lutte contre la cybercriminalité, Interpol, en collaboration avec la police nationale sénégalaise, a procédé à l’arrestation de huit individus au Sénégal. Parmi eux figurent cinq ressortissants chinois impliqués dans une escroquerie en ligne de type Ponzi d’un montant colossal de 3,7 milliards FCFA.

Cette opération, qui s’est déroulée du 2 septembre au 31 octobre 2024 dans 19 pays africains, visait des réseaux criminels spécialisés dans les délits financiers en ligne. Le secrétaire général d’Interpol, Valdecy Urquiza, a décrit ces activités comme étant de plus en plus sophistiquées et préoccupantes. Il a expliqué que les infractions identifiées incluaient des systèmes de marketing à paliers multiples et des fraudes à la carte de crédit à grande échelle.

Dans le cadre de l’opération « Serengeti », Interpol a recensé 35 000 victimes à travers le monde, avec des pertes financières estimées à 193 millions de dollars américains, soit environ 153,4 millions de livres sterling. Cette réussite, selon Urquiza, a été possible grâce à la coopération entre les forces de l’ordre locales et les partenaires du secteur privé, tels que les fournisseurs d’accès à Internet.

L’arrestation de ces criminels au Sénégal témoigne de la montée en puissance de la cybercriminalité en Afrique et de l’importance des efforts coordonnés pour lutter contre ce fléau. Cette opération internationale souligne également l’urgence de renforcer les capacités de prévention et de répression des délits numériques à l’échelle mondiale.

Les suspects interpellés sont actuellement en détention et pourraient faire face à des charges graves, dans le cadre des efforts pour traduire en justice les auteurs de ces infractions qui affectent des milliers de victimes à travers le monde.

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