Suspension de médias au Sénégal : le juge des référés déclare irrecevable la première requête du CDEPS, mais la bataille continue

Le juge des référés s’est prononcé ce jeudi sur l’arrêté controversé du ministre de la Communication ordonnant la cessation de parution et de diffusion des médias jugés « non conformes » au Code de la presse. La première requête en annulation introduite par le pool d’avocats dirigé par Me El Hadj Amadou Sall a été jugée irrecevable, relançant ainsi le bras de fer entre l’État et le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de la Presse au Sénégal (CDEPS).

Le CDEPS, qui mène la contestation contre ce qu’il considère comme une dérive autoritaire du ministère de la Communication, a réagi sans tarder : « Ce n’est que partie remise », a déclaré l’organisation patronale de la presse. Elle annonce l’introduction prochaine d’une nouvelle requête, cette fois sur le fond, pour contester l’illégalité de l’arrêté ministériel.

Le CDEPS fustige un acte « inique » et sans fondement légal, qui a entraîné la fermeture brutale de plusieurs entreprises de presse et mis au chômage des milliers de professionnels – journalistes, techniciens, personnels administratifs – à la veille de la fête de la Tabaski.

Selon le CDEPS, cette décision a aussi gravement porté atteinte à la réputation des organes de presse auprès de l’opinion publique, des annonceurs et des partenaires financiers. « L’État devra répondre de ces préjudices », a averti le patronat, qui compte réclamer des dommages et intérêts pour les pertes subies.

Fait notable lors de l’audience : Me Amadou Sall a révélé que l’Avocat général et l’Agent judiciaire de l’État auraient eux-mêmes reconnu l’incompétence du ministre de la Communication à décréter l’arrêt de la parution ou de la diffusion de médias. Une prise de position qui pourrait peser lourd dans les prochaines procédures judiciaires.

Alors que la décision écrite du juge n’a pas encore été communiquée officiellement aux parties, le CDEPS entend poursuivre son combat jusqu’à l’annulation complète de l’arrêté. Pour les acteurs du secteur, il s’agit d’un enjeu de survie, mais aussi d’un combat pour la liberté de la presse dans un contexte où les tensions entre le pouvoir exécutif et les médias semblent se raviver.

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