Journée nationale du dialogue : Ismaïla Madior Fall et Aïssata Tall Sall déclinent l’invitation du Chef de l’État

La journée du dialogue national sur la réforme et la modernisation du secteur de la justice, convoquée par le Chef de l’État, risque de se dérouler sans la présence des deux derniers ministres de la Justice sous l’ère Macky Sall. En effet, Ismaïla Madior Fall et Aïssata Tall Sall ont choisi de ne pas y participer pour des raisons distinctes.

Ismaïla Madior Fall a justifié son absence en évoquant “un engagement antérieur à la réception de l’invitation” qui l’empêcherait d’assister à ces assises. Malgré son absence, il souhaite toutefois plein succès aux travaux et propose de verser à la contribution le rapport de la Commission de modernisation de la justice qu’il avait présidée en 2018 sur instruction de l’ancien Chef de l’État, Macky Sall.

Quant à Aïssata Tall Sall, son successeur, elle estime personnellement qu’un format de discussions et de débats plus approfondis aurait été plus approprié pour aborder la gravité et la densité du sujet lié au système judiciaire. Malgré son absence, elle exprime sa disponibilité à apporter sa contribution à l’amélioration du système judiciaire, soulignant l’importance des conditions matérielles de travail des acteurs de la justice.

Elle rappelle également l’importance du chantier déjà entamé pour la modernisation du système judiciaire, qui a mobilisé d’importants investissements pour la construction de tribunaux, de Cours d’Appel et de prisons.

La journée du dialogue national sur la réforme et la modernisation du secteur de la justice débute avec la présence effective du président de la république Bassirou Diomaye Faye, sous le thème “Réforme et modernisation du secteur de la justice”. Les discussions s’annoncent donc riches malgré l’absence de ces deux personnalités politiques importantes.

La situation politique au Sénégal : Entre Déclarations Officielles et réalités terrain

Le récent Forum de la diplomatie à Antalya, en Turquie, a été le théâtre d’une prise de parole significative du ministre sénégalais des Affaires étrangères, Ismaila Madior Fall, sur la situation politique agitée que traverse le pays. Alors que le report de l’élection présidentielle a suscité des remous et des manifestations, le ministre a défendu la position selon laquelle tout s’est déroulé dans le respect des institutions démocratiques du Sénégal.

Selon Ismaila Madior Fall, le Sénégal maintient un cadre institutionnel solide et un ordre constitutionnel intact. Il a assuré qu’aucun coup de feu ni bagarre n’a été rapporté, et que toutes les décisions prises ont été conformes à la Constitution. Cette affirmation met en avant la stabilité relative du pays, soulignant que malgré les défis, le Sénégal reste attaché à ses principes démocratiques et à la primauté du droit.

Cependant, cette vision officielle contraste avec la réalité vécue par de nombreux citoyens sénégalais. Les manifestations qui ont éclaté après le report de l’élection présidentielle ont été marquées par des affrontements violents entre les forces de l’ordre et les manifestants, entraînant la perte de vies humaines. De même, les protestations antérieures depuis 2021 ont également été confrontées à une répression sévère, suscitant des inquiétudes quant au respect des droits de l’homme et à la liberté d’expression au Sénégal.

Cette déclaration du ministre des Affaires étrangères illustre la volonté du gouvernement sénégalais de présenter une image de stabilité et de légitimité institutionnelle sur la scène internationale. Cependant, elle ne peut ignorer les réalités des contestations et des violences vécues par une partie de la population. Elle soulève également des questions sur la nécessité de promouvoir un dialogue inclusif et respectueux des droits de l’homme pour résoudre les tensions politiques et sociales au Sénégal.

En fin de compte, la situation politique au Sénégal demeure complexe, avec un écart apparent entre les discours officiels et les réalités du terrain. Il est crucial que les autorités sénégalaises et toutes les parties prenantes s’engagent dans un dialogue ouvert et constructif afin de trouver des solutions durables aux défis actuels et de garantir la protection des droits fondamentaux de tous les citoyens.

Comprendre le report de l’élection présidentielle du 25 février 2024 (Par Pr. Ismaila Madior Fall)

1. Qui a initié le report de l’élection présidentielle ?
• Ce n’est pas le Président de la République qui en a pris l’initiative.
• Le report a été initié par le groupe parlementaire du Parti démocratique sénégalais (PDS) ” Liberté, Démocratie et Changement “
• Ce groupe a déposé sur le bureau de l’Assemblée nationale la « proposition de loi constitutionnelle portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution de la République du Sénégal ».
• Article premier. – « par dérogation à l’alinéa premier de l’article 31 de la Constitution aux termes duquel « Le scrutin pour l’élection du Président de la République a lieu quarante- cinq jours au plus et trente jours au moins avant la date d’expiration du mandat du Président de la République en fonction », le scrutin pour l’élection présidentielle est reporté jusqu’au 25 août 2024 ».
• Cette proposition de loi a pour objet de reporter la tenue de l’élection présidentielle en août 2024 et permet au Président en exercice de rester en fonction jusqu’à l’installation de son successeur.
• Un amendement parlementaire a porté la date de la tenue de la prochaine présidentielle au 15 décembre 2024.

2. Quelles sont les raisons justificatives du report ?
• La crise entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel sur une supposée corruption de juges constitutionnels.
• La création d’une commission d’enquête parlementaire pour faire la lumière sur cette affaire et, au-delà, sur les modalités de vérification des candidatures par le Conseil constitutionnel
• La réfutation des accusations par les membres du Conseil constitutionnel qui demandent que la lumière soit faite sur cette affaire.
• La découverte de fraudes commises par des candidats sur leur nationalité pour faire passer leur candidature.
• Le jet de discrédit sur le Conseil constitutionnel juge électoral source d’un rejet du verdict des urnes (potentiel contentieux électoral)
• Risques de contestations des résultats des élections et dedérapage préjudiciable à la stabilité politique du pays.

3. Quelle est la procédure mise en œuvre pour le report ?

• C’est une proposition de loi constitutionnelle émanant des députés, notamment du groupe parlementaire du PDS
• Cette proposition a été envoyée, pour avis, au Président de la République qui en a pris acte.
• La proposition a été adoptée en commission et approuvéeà la majorité des 3/5 des suffrages exprimés par l’Assemblée nationale le lundi 5 février 2024.
• Ce n’est pas une révision ou modification de la Constitution, mais une dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution qui permet un réaménagement du calendrier électoral et non une remise en cause de la durée du mandat prévue par l’article 27 de la Constitution. Pour rappel une loi constitutionnelle peut avoir pour objet de modifier la Constitution ou de déroger à une ou plusieurs dispositions de la Constitution.
• La disposition relative à la durée du mandat et toutes les autres dispositions de la Constitution restent intactes, en l’état.
• La disposition dérogatoire a vocation à être ponctuelle, conjoncturelle, transitoire et cesse d’être en vigueur dès l’organisation de la prochaine présidentielle.

4. Quel est le rôle du Président de la République sur la mise en œuvre du report ?
• Le Président n’en est pas l’initiateur.
• Il doit juste donner un avis favorable ou défavorable oualors en prendre acte. Il a préféré la troisième option.
• Après le vote de la loi constitutionnelle, il appartient au Président de la République de procéder à sa promulgation dans les délais indiqués par la Constitution.

5. Quelle est la date de la prochaine présidentielle ?
• Avec l’approbation de cette loi constitutionnelle, la date de la prochaine présidentielle est celle y indiquée, c’est-à-dire le 15 décembre 2024. Pour rappel, la première présidentielle du Sénégal avait été organisée le 1erdécembre 1963.

6. Quand expire le mandat du Président de la République avec l’adoption de la loi constitutionnelle ?
• Le principe est clairement formulé comme suit : « Le Président en exercice poursuit ses fonctions jusqu’à l’installation de son successeur », c’est-à-dire à l’installation du Président qui sera élu le 15 décembre 2024.
• Cette installation se fera au mois de janvier en cas dedénouement de l’élection en un tour unique et en février en cas de double tour.

7. Est-ce que le Conseil constitutionnel peut censurer la loi constitutionnelle ?

• Non. Il est de jurisprudence constante que le pouvoir constituant est souverain et ne peut faire l’objet de contrôle.
• En conséquence, le Conseil constitutionnel s’est toujours déclaré incompétent pour contrôler une loi constitutionnelle. Autrement dit, il y a une injusticiabilitéde la loi constitutionnelle.
• Dans le même sens, le décret n°2024-106 du 3 février 2024 portant abrogation du décret n° 2023-2283 portant convocation du collège électoral relève, selon une jurisprudence constante, de la catégorie des actes de gouvernement insusceptibles de recours pour excès de pouvoir.
• Au total, la loi bénéficie de l’injusticiabilitéconstitutionnelle, le décret de l’immunité juridictionnelle.

8. Est-ce qu’il y a des précédents de lois constitutionnelles dérogatoires à la Constitution ?

Bien sûr, au moins deux précédents peuvent être cités.

• 1er précédent : Loi n° 62-62 du 18 décembre 1962 portant modification de la Constitution

L’Assemblée nationale après en avoir délibéré, a adopté en sa séance du 18 décembre 1962, à la majorité qualifiée des 3/5.

Le Président de la République promulgue la loi constitutionnelle dont la teneur suit :

Article unique

Il est ajouté à la Constitution de la République du Sénégal un article 66 bis, ainsi libellé :

Art. 66 bis

Par dérogation aux dispositions des articles 25, 53 et 66 de la Constitution fixant les pouvoirs et les attributions du Président du Conseil, le Chef de l’Etat devient Chef de l’Exécutif.

Il peut soumettre au référendum un projet de révision constitutionnelle, après avis du Président de l’Assemblée nationale, du Conseil des ministres et d’une commission spéciale de l’Assemblée.

La présente loi sera exécutée comme Constitution.

• 2ème précédent – Loi constitutionnelle n° 2007-21 du 19 février 2007 modifiant la loi n° 2006-11 du 20 janvier 2006 prorogeant le mandat des députés élus à l’issue des élections du 29 avril 2001

L’Assemblée nationale a adopté en sa séance du mercredi 07 février 2007 et à la majorité des 3/5 des membres la composant ;

Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Article unique.- L’article unique de la loi constitutionnelle n° 2006-11 du 20 janvier 2006 est modifié ainsi qu’il suit :

« Par dérogation à l’alinéa premier de l’article 60 de la Constitution, le mandat des députés élus à l’issue des élections du 29 avril 2001 est prorogé pour être renouvelé le 03 juin 2007 ».

La présente loi sera exécutée comme loi de l’Etat.

9. Est-ce qu’il y a un précédent de report d’une élection présidentielle dans l’histoire du Sénégal ?
• Oui, suite à la première présidentielle de 1963 avec un mandat de 4 ans, la suivante, devant se tenir en début décembre 1967, a été reportée au 25 février 1968.

10. Quelle appréciation faire de cette loi au regard du parcours démocratique ?
• Une loi consolidante qui procède d’un simple réaménagement du calendrier électoral et non d’un report à proprement parler puisque le décalage ne sort pas de l’année d’expiration du mandat (2024), ne déborde pas sur l’année suivante (2025).
• Une loi qui permet de sauver le Sénégal des dérives d’un processus électoral qui aurait pu être désastreux pour notre pays.
• Une loi qui pose les jalons d’un dialogue qui permettra de réunir les conditions d’une élection libre, ouverte et transparente dans un Sénégal réconcilié et apaisé.

Rencontre à Abuja : Le Ministre Ismaila Madior Fall Échange avec la Communauté Sénégalaise de la Sous-région

En marge des réunions de la CEDEAO à Abuja, le Ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur, Ismaila Madior Fall, a rencontré les représentants de la communauté sénégalaise établie au Nigéria et dans les pays voisins tels que le Ghana, le Bénin et le Togo, le vendredi 8 décembre 2023.

Au cours de cette rencontre, des discussions fructueuses ont eu lieu, notamment sur des questions telles que l’obtention des passeports et cartes d’identité, l’acquisition de logements sociaux au Sénégal, le financement des femmes émigrées et les projets en cours, y compris la construction de mosquées.

Les représentants de la communauté sénégalaise ont exprimé leur gratitude envers l’État sénégalais et ont salué les efforts constants du Président Macky Sall pour prendre en charge leurs préoccupations à travers divers projets et programmes. Ils ont particulièrement remercié le Président Macky Sall pour le soutien continu accordé à la diaspora sénégalaise, notamment pendant la pandémie de COVID-19.

Les membres de la communauté se sont engagés à soutenir le candidat choisi par le Président Macky Sall, à savoir le Premier ministre Amadou Ba, lors de l’élection présidentielle de 2024. Ils ont exprimé leur confiance dans l’avenir du pays et leur volonté de contribuer activement au succès du candidat soutenu par Benno lors de l’élection présidentielle à venir. Le Ministre des Affaires étrangères a salué leur gratitude envers le Président, a informé sur les mesures prises par le Gouvernement pour répondre à leurs préoccupations et a salué leur engagement en faveur du candidat de Benno.

Remplacement des membres de la CENA au Sénégal : Ismaëla Madior Fall défend la légalité de la décision présidentielle

Le 15 novembre 2023, le président sénégalais, Macky Sall, a signé un décret portant remplacement de membres de la Commission électorale nationale autonome (CENA). Ismaïla Madior Fall, le ministre d’État, conseiller spécial du président Macky Sall, a défendu cette décision, affirmant qu’il s’agit d’un acte légal qui ne viole aucune disposition.

Madior Fall a expliqué que le décret présidentiel de remplacement des membres de la CENA intervient suite à la démission du président de la Commission, Doudou Ndir, pour des raisons de convenance personnelle. Selon le conseiller spécial, les remplacements effectués ont pour but de maintenir la composition paritaire au sein de la CENA.

La Commission électorale nationale autonome (CENA) est une institution chargée d’organiser et de superviser les élections au Sénégal. Elle joue un rôle crucial dans le processus électoral en garantissant la transparence et l’équité des scrutins.

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