Le célèbre lutteur de Guédiawaye, Lac de Guiers 2, se retrouve mêlé à une affaire judiciaire aux contours bien plus sombres que ses combats dans l’arène. Poursuivi pour association de malfaiteurs et escroquerie au visa portant sur une somme de plus de 53 millions de FCFA, le champion a comparu ce mardi devant le tribunal correctionnel de Pikine-Guédiawaye.
Selon le journal L’Observateur, cette affaire, révélée en mai 2024, s’apparente à une escroquerie bien organisée, centrée autour d’un faux projet de voyage vers l’Europe. Dix-huit jeunes, pour la plupart issus de milieux modestes – commerçants, pêcheurs, tailleurs ou marchands – affirment avoir remis d’importantes sommes d’argent au lutteur et à son complice présumé, Abdou Salam Diagne, aujourd’hui détenu dans une autre affaire.
En échange, les plaignants espéraient obtenir des visas professionnels, motivés par la promesse d’un voyage à l’étranger lié à un supposé combat de Lac de Guiers 2 en Europe.
À la barre, le lutteur a nié toute intention frauduleuse. Il affirme avoir seulement joué un rôle d’intermédiaire, et assure avoir remis l’intégralité des fonds à son acolyte. « Je voulais juste aider », a-t-il déclaré, évoquant les préparatifs de son duel contre Siteu et un quota de cinq accompagnants qui lui aurait été accordé.
Mais pour le parquet, l’argument ne tient pas. Une vidéo présentée lors de l’audience montre le lutteur en train de rassurer les victimes et de leur faire des promesses explicites concernant les visas. Une preuve, selon le ministère public, que Lac de Guiers 2 a sciemment utilisé sa notoriété pour manipuler des jeunes en quête d’un avenir meilleur.
« Ce n’est pas une erreur, c’est une escroquerie en bande organisée », a martelé le procureur, avant de requérir un an de prison ferme à son encontre.
L’avocat des plaignants, tout en saluant le dépôt de 54 millions de FCFA consigné à la Caisse des Dépôts et Consignations par le lutteur, a insisté sur le traumatisme moral causé : « Ces jeunes ont tout perdu. Ils méritent justice. »
En face, la défense a plaidé la clémence, soulignant la bonne foi de leur client, son absence de casier judiciaire et sa volonté manifeste de réparer le tort causé.
Le verdict est attendu pour le 22 avril prochain. En attendant, Lac de Guiers 2 reste libre, mais sous le poids d’une affaire qui pourrait lourdement entacher sa réputation.