Les autorités de la région éthiopienne du Tigré ont mis en garde vendredi contre une famine imminente, due à la sécheresse et aux effets persistants de la guerre qui a opposé pendant deux ans le gouvernement fédéral à cette région du nord du pays.
La famine est imminente au Tigré. Les autorités de cette région du nord de l’Éthiopie ont averti vendredi 29 décembre qu’une famine, due à la sécheresse et aux effets persistants de la guerre avec le gouvernement fédéral, qui a duré entre 2020 et 2022, menaçait la quasi-totalité des habitants.
Plus de 91 % de la population du Tigré est « exposée au risque de famine et de mort », a déclaré sur X Getachew Reda, le président de l’administration intérimaire de la région, en appelant à l’aide le gouvernement éthiopien et la communauté internationale.
Le dirigeant du Tigré est allé jusqu’à comparer la situation à la famine des années 1980, qui fit environ un million de morts en Éthiopie. Son administration a déclaré la situation d’urgence dans les zones sous son contrôle, mais dispose de ressources limitées pour gérer la crise, a-t-il expliqué.
« Le gouvernement éthiopien et la communauté internationale ont fait leur part pour faire taire les armes. Ils doivent désormais faire leur part pour faire face à la catastrophe humanitaire imminente », a lancé Getachew Reda.
« Depuis la signature de l’accord de Pretoria, des milliers de Tigréens sont déjà morts par manque de nourriture », a-t-il assuré, en référence à l’accord de paix de novembre 2022 qui a mis fin à la guerre entre les rebelles de la région et les troupes d’Addis Abeba.
L’aide alimentaire a été « rétablie sur une base limitée »
La situation sur le terrain dans le nord de l’Éthiopie ne peut être vérifiée de manière indépendante, car l’accès des médias au Tigré est restreint par le gouvernement fédéral.
Pour Getachew Reda, le risque de famine imminente est dû aux effets de la guerre, qui a provoqué des déplacements massifs et la destruction des établissements de santé, ainsi qu’à une sécheresse suivie de pluies destructrices. À ces deux facteurs s’ajoute cette année la suspension temporaire de l’aide des États-Unis et du Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU.
En effet, l’USAID et le PAM ont interrompu en juin toute aide alimentaire à destination de l’Éthiopie au motif de détournements fréquents, et leurs livraisons ne reprennent que lentement.
« Bien que l’aide ait été rétablie sur une base limitée, ce qui parvient aux nécessiteux n’est qu’une fraction de ce qui serait nécessaire pour répondre aux besoins actuels », a déclaré Getachew Reda.
Dans un communiqué publié le 22 décembre, l’agence de l’ONU chargée de la coordination humanitaire avait déjà mis en garde contre le risque d’une détérioration de la situation alimentaire au Tigré jusqu’en mai 2024.