Les attaques des Houthis en mer Rouge donnent lieu à de curieuses tentatives de la part des équipages de cargo afin de les déjouer. Depuis quelques jours, les capitaines essayent de faire passer des messages aux rebelles yéménites via le système international AIS, qui permet l’identification des navires. Des données librement accessibles sur lesquelles RFI s’est penchée.
L’AIS est un système d’intensification automatique destiné à rendre plus sûre la navigation maritime, en évitant les collisions en mer. Ainsi les cargos émettent des messages écrits captés par les autres bateaux aux alentours. Ces messages peuvent être récupérés sur un simple récepteur comparable à un boitier GPS. Les données peuvent s’afficher sur un écran à cristaux liquides, une image radar, ou sont accessibles depuis des sites internet comme marine-traffic ou vesselfinder.
Un expert consulté par RFI, affirme que sur l’AIS, on retrouve : « le nom du navire, son numéro d’identification auprès de l’Organisation Maritime Internationale, sa destination, sa route, sa vitesse, pavillon (…) Et tout ce qu’on veut en informations complémentaires »… Certains équipages transitant par le détroit de Bab el Mandeb y ajoutent des messages écrits afin de se prémunir d’une attaque.
Exemple ce cargo transportant du bétail, et battant pavillon togolais qui annonce que « tout son équipage est musulman ». Un pétrolier aux couleurs du Panama précise qu’« il n’y pas d’Israéliens à bord et que tout l’équipage est chinois », un vraquier battant pavillon des iles Marshall annonce pour sa part « n’entretenir aucun lien avec Israël ».
On ne sait pas si ces mesures sont efficaces. Ce 13 février, « des rebelles houthis ont visé lundi au large du Yémen un navire grec qui a continué sa traversée en mer Rouge en direction de l’Iran, n’ayant subi que des dégâts mineurs », a affirmé l’armée américaine qui précise que « les deux missiles ont été tirés vers le cargo grec battant pavillon des Iles Marshall MV Star Iris, qui circulait en mer Rouge, en provenance du Brésil ».
En principe, l’ONU autorise la coupure l’AIS sous certaines conditions, notamment dans un environnement hostile comme dans les zones touchées par la piraterie maritime. Ce fut le cas dans les années 2010 lors des attaques des pirates somaliens dans le golfe d’Aden, avant la mise en place d’un corridor protégé par une force internationale.