La situation politique et judiciaire autour de Farba Ngom, député de l’opposition sénégalaise, prend un tournant décisif. Accusé de blanchiment d’argent à hauteur de 125 milliards de francs CFA, le parlementaire est au cœur d’une affaire qui suscite de vives réactions dans l’arène politique. En réponse, sa coalition politique, Takku Wallu Sénégal, intensifie ses efforts pour contrer ces accusations, avec une équipe d’avocats chevronnés.
La coalition a constitué un groupe de défense composé de six ténors du barreau sénégalais, parmi lesquels Mes El Hadji Amadou Sall, El Hadji Diouf, Oumar Youm et Antoine Mbengue, tous anciens ministres, ainsi que Mes Ousmane Thiam et Adama Fall. Ce choix stratégique vise à répondre aux implications judiciaires et politiques de ce dossier. Ces avocats, bénéficiant à la fois d’une expérience juridique pointue et d’une connaissance approfondie des rouages politiques, s’engagent à contester la demande de levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom.
Tout commence le 3 janvier 2025, avec une correspondance émise par le Procureur général près la Cour d’appel de Dakar. Cette demande, adressée au ministre de la Justice, fait état d’une enquête menée par le Pool judiciaire financier (PJF), visant à élucider des transactions jugées suspectes. Selon les enquêteurs, une somme colossale de 125 milliards de francs CFA aurait transité dans des circuits financiers opaques, laissant présager des opérations de blanchiment d’argent.
Le 10 janvier 2025, le ministre de la Justice a officiellement transmis une requête au président de l’Assemblée nationale pour demander la levée de l’immunité parlementaire de Farba Ngom, étape essentielle pour permettre des poursuites judiciaires contre l’élu.
Face à cette situation, Takku Wallu Sénégal a adopté une approche mêlant stratégie juridique et mobilisation politique. En plus de l’action judiciaire menée par les avocats, la coalition entend dénoncer ce qu’elle qualifie de « persécution politique ». Selon des sources proches de la coalition, cette affaire serait une tentative de déstabilisation visant à affaiblir l’opposition dans un contexte où les élections générales de 2027 se profilent déjà à l’horizon.
La levée de l’immunité parlementaire d’un député n’est pas un acte anodin dans le paysage politique sénégalais. Ce processus, souvent perçu comme un signal fort dans la lutte contre l’impunité, soulève aussi des interrogations sur son instrumentalisation possible. Dans ce cas précis, les lignes de fracture entre majorité et opposition semblent s’élargir, rendant le débat encore plus explosif.
Farba Ngom devra se présenter devant la commission ad hoc mise en place par l’Assemblée nationale pour étudier la demande de levée de son immunité. Selon les avocats de la défense, cette audition sera l’occasion de présenter des arguments solides pour démontrer l’absence de fondement des accusations portées contre leur client.
Dans les jours à venir, la défense de Farba Ngom tiendra une conférence de presse pour détailler ses arguments et dénoncer ce qu’elle considère comme un procès politique. Pendant ce temps, les regards restent tournés vers l’Assemblée nationale, où les discussions sur cette affaire risquent de cristalliser davantage les tensions politiques dans le pays.
Cette affaire illustre une fois de plus les liens étroits et parfois conflictuels entre justice et politique au Sénégal. Elle pourrait avoir des répercussions importantes non seulement sur l’avenir de Farba Ngom, mais aussi sur l’équilibre des forces politiques dans les mois à venir.