La société australienne Woodside Energy, opératrice du projet pétrolier et gazier de Sangomar, a déposé une plainte contre le Sénégal auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), un organe d’arbitrage de la Banque mondiale. Cette procédure, révélée lundi par l’agence Reuters, marque une nouvelle escalade dans les tensions entre le géant énergétique et les autorités sénégalaises.
Selon les informations disponibles, la plainte a été enregistrée le 30 mai dernier. Le document officiel consulté ne précise pas la nature exacte du différend, mais il indique que le ministère sénégalais du Pétrole et de l’Énergie est désigné comme partie défenderesse.
Cette démarche juridique intervient dans un contexte de crispation croissante. Déjà en août 2024, Woodside avait engagé une procédure judiciaire contre l’État sénégalais, cette fois sur le plan fiscal. Le différend actuel pourrait être lié à des désaccords concernant la fiscalité du projet, les conditions contractuelles, ou encore l’évolution de la gouvernance énergétique mise en œuvre par le nouveau régime sénégalais.
Woodside Energy détient 82 % des parts dans le champ offshore de Sangomar, situé au large du Sénégal. Il s’agit du tout premier projet pétrolier en mer du pays, censé marquer l’entrée du Sénégal dans le cercle des producteurs d’hydrocarbures. Le démarrage de la production, prévu pour courant 2024, avait été présenté comme une étape historique vers une plus grande souveraineté énergétique et des recettes budgétaires accrues.
Cependant, le changement de régime intervenu en mars 2024 avec l’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye et la nomination d’Ousmane Sonko comme Premier ministre, semble avoir entraîné une relecture de plusieurs contrats dans le secteur extractif. Le gouvernement a en effet promis plus de transparence, de justice fiscale et une meilleure défense des intérêts nationaux, notamment en matière de ressources naturelles.
Pour le moment, aucune déclaration officielle n’a été faite par le gouvernement sénégalais ni par Woodside Energy sur cette procédure d’arbitrage. Le recours au CIRDI pourrait cependant ralentir les relations entre les deux parties, voire impacter le calendrier de production si le différend n’est pas rapidement résolu.
Le projet Sangomar est stratégique pour le Sénégal, avec des retombées économiques attendues à hauteur de plusieurs milliards de francs CFA. Ce litige ouvre ainsi une période d’incertitude pour un secteur déjà sous haute surveillance.