Quand la vérité triomphe du vacarme – Réflexion après la décision du Conseil Constitutionnel ( Par Badara Gadiaga )

J’ai été insulté. J’ai été menacé. J’ai été traité de tous les noms pour avoir dit, haut et fort, ce que beaucoup murmuraient en silence : la loi interprétative portant amnistie était une grave dérive juridique et politique. Une tentative maladroite de restreindre une loi déjà contestée, au risque de fragiliser davantage notre socle démocratique.

Aujourd’hui, le Conseil Constitutionnel me donne raison. Par sa décision n°1/C/2025, il a rejeté sans ambiguïté cette loi, rappelant deux principes fondamentaux du droit :

On ne peut rétroactivement aggraver le sort de bénéficiaires d’une loi pénale plus clémente, même sous couvert d’interprétation. On ne peut amnistier des crimes imprescriptibles, au risque de violer les engagements internationaux du Sénégal.

Cette décision est plus qu’un rejet juridique. C’est un souffle de vérité et d’équilibre dans un climat où la justice est souvent instrumentalisée. Et surtout, c’est un rappel fort à tous les acteurs politiques : le droit n’est pas un outil de circonstance. Il est la boussole de notre vivre-ensemble.

Je suis heureux de voir le Conseil Constitutionnel jouer pleinement son rôle, en gardien de notre Constitution et non en arbitre partisan. C’est, faut-il le rappeler, la plus prestigieuse juridiction de notre pays.

Je félicite l’opposition parlementaire qui a eu le courage de saisir cette instance. Je salue le travail de la société civile, de la presse libre, des citoyens engagés, qui n’ont cessé de sonner l’alerte. Mention spéciale à nos forces de défense et de sécurité, injustement pointées du doigt dans une tentative de manipulation politique que je n’hésite pas à qualifier de honteuse.

Comme je le dis souvent : il n’y a pas d’alternative à la justice. Il est temps de tourner la page de la politique politicienne. Travaillons. Réparons. Bâtissons.

Ku nek ci deug, boul ragal wëtt.

Celui qui est dans le vrai ne doit jamais craindre de rester debout.

Loi d’amnistie au Sénégal : Madiambal Diagne dénonce une « manœuvre cousue de fil blanc »

Depuis plusieurs semaines, le débat autour d’une éventuelle modification de la loi d’amnistie votée en 2024 enflamme l’opinion publique sénégalaise. Mais pour le journaliste et patron du Groupe « Avenir Communication », Madiambal Diagne, cette agitation n’est qu’un écran de fumée. Sur la plateforme X, il qualifie cette polémique de « manœuvre cousue de fil blanc », visant à maintenir la loi en l’état.

Selon Madiambal Diagne, l’objectif caché derrière cette agitation est clair : empêcher toute abrogation de la loi d’amnistie. « Cette loi, présentée comme nouvelle et qui envenime le débat depuis des semaines, vise à susciter une forte opposition au projet d’une loi d’interprétation pour maintenir la loi d’amnistie en l’état », explique-t-il.

Autrement dit, en alimentant la controverse sur une prétendue révision du texte, ses promoteurs chercheraient à détourner l’attention et à créer un contexte de tension où toute modification, voire suppression, de la loi deviendrait politiquement intenable.

Dans cette situation, la société civile joue un rôle clé, selon le journaliste. Il estime qu’en invoquant une montée des tensions sociales, celle-ci pourrait finalement renoncer à sa revendication initiale – l’abrogation de la loi d’amnistie – pour se contenter du statu quo. Une stratégie qui, selon lui, profiterait à ceux qui veulent voir cette loi rester en vigueur.

Cette position soulève une question cruciale : pourquoi un texte voté en 2024 dans un climat de consensus semble-t-il aujourd’hui diviser autant ? Madiambal Diagne lui-même s’interroge sur l’ambiance qui régnait lors de son adoption. Était-elle sincère ou déjà empreinte de calculs politiques ?

Alors que la controverse persiste, l’analyse du patron du Groupe « Avenir Communication » apporte un éclairage différent sur les véritables enjeux de cette bataille politique. S’agit-il réellement d’une lutte pour la justice et la réconciliation nationale, ou bien d’une stratégie habilement ficelée pour geler toute remise en cause de la loi ?

Badara GADIAGA à Amadou Ba (Pastef) : « Mane ma takh ngaine changé loi bi, sante na yalla »

Badara Gadiaga a récemment suscité la polémique en affirmant qu’il est à l’origine des amendements apportés par le député Amadou Ba, membre du Pastef, sur l’interprétation de la loi d’amnistie. Selon lui, son influence aurait été décisive dans la relecture et la révision de certains points-clés de ce texte controversé.

Cette déclaration intervient dans un climat politique tendu, marqué par des divergences autour de cette loi d’amnistie, perçue par certains comme une tentative de réhabilitation politique pour des figures de l’opposition condamnées par le passé.

Aminata Touré plaide pour une révision de la loi d’amnistie : « Pas de réconciliation sans justice »

Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Aminata Touré, ancienne Première ministre du Sénégal et actuelle haute représentante du chef de l’État, s’est exprimée sur la récente loi d’amnistie adoptée par le gouvernement. Ce texte controversé, qui bénéficie notamment au président Bassirou Diomaye Faye et au Premier ministre Ousmane Sonko, fait l’objet de vives critiques. Mme Touré a exprimé des réserves quant à sa portée et appelé à une révision pour garantir la justice, en particulier dans les cas de crimes de sang.

Interrogée sur les accusations portées contre les bénéficiaires de la loi, Aminata Touré a dénoncé des poursuites qu’elle qualifie de « sans fondement ». Selon elle, ces accusations ont été utilisées pour discréditer des figures politiques de premier plan. Toutefois, elle n’a pas éludé les débats sur la responsabilité des autorités dans la gestion des violences politiques.

« Il n’a aucun sens de parler de poursuites dans ces cas, car elles reposaient sur des bases fictives », a-t-elle affirmé.

Mme Touré a également souligné les lacunes de la loi d’amnistie, notamment en ce qui concerne les crimes de sang commis dans un contexte de troubles sociopolitiques. « Tous les crimes de sang doivent être élucidés, surtout lorsque les victimes ne faisaient qu’exercer leur droit constitutionnel », a-t-elle insisté.

Elle a appelé à un réexamen de cette loi, jugeant inadmissible que des actes graves puissent être effacés sans qu’une justice véritable ne soit rendue aux victimes et à leurs familles. « L’amnistie ne doit pas couvrir les crimes de sang. Il ne peut y avoir d’apaisement et de réconciliation sans justice », a-t-elle conclu.

Les déclarations d’Aminata Touré viennent alimenter un débat national déjà brûlant. La loi d’amnistie, adoptée dans un contexte de tensions politiques, a pour objectif affiché de favoriser l’apaisement et la réconciliation. Toutefois, pour une partie de la société civile et des défenseurs des droits humains, cette mesure risque de consacrer une impunité dangereuse.

Les propos de Mme Touré posent la question de l’équilibre entre justice et réconciliation. Si l’amnistie vise à tourner la page des divisions politiques, sa mise en œuvre pourrait devenir une source de nouvelles tensions si les crimes les plus graves sont passés sous silence.

Alors que le Sénégal traverse une période cruciale pour son avenir démocratique, les appels à une justice équitable et transparente résonnent de plus en plus fort. Aminata Touré, par sa position tranchée, s’affirme comme une voix incontournable dans ce débat. Reste à savoir si ses recommandations seront prises en compte par les autorités en place.

Loi d’Amnistie : La Plateforme Avenir Senegaal Bi Ñu Begg s’Oppose Farouchement

La proposition de loi d’amnistie au Sénégal a suscité des réactions vives et contrastées au sein de la classe politique et de la société civile. Parmi les voix s’élevant contre cette initiative se trouve la plateforme politique Avenir Senegaal Bi Ñu Begg, qui a exprimé son opposition catégorique à cette mesure.

L’initiative de loi d’amnistie, présentée comme un moyen de favoriser la réconciliation nationale et de tourner la page sur les tensions politiques et sociales des dernières années, a été accueillie avec scepticisme par de nombreux acteurs politiques et citoyens. Pour la Plateforme Avenir Senegaal Bi Ñu Begg, cette loi représente une menace pour la justice et les droits humains fondamentaux.

Selon les responsables de la plateforme, cette loi accorderait une « impunité totale et définitive » aux présumés responsables de graves violations des droits humains commises pendant la période couverte par la loi. Cette position est en contradiction avec les principes éthiques inscrits dans la Constitution sénégalaise et constitue une injustice envers les victimes des abus.

Dans un communiqué public, la Plateforme Avenir Senegaal Bi Ñu Begg a vigoureusement condamné la proposition de loi d’amnistie, la qualifiant de politiquement inopportune et moralement inacceptable. Ils ont dénoncé ce qu’ils considèrent comme une tentative du président Macky Sall de manipuler l’opposition en utilisant les prisonniers politiques comme des pions dans un jeu politique.

La plateforme a appelé à la libération immédiate des détenus politiques, dont Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, et a insisté sur le fait que cette libération ne nécessite pas une loi d’amnistie. Ils ont également demandé la tenue d’enquêtes indépendantes pour établir les responsabilités dans les violences et les violations des droits humains.

La Plateforme Avenir Senegaal Bi Ñu Begg a exhorté les députés à voter contre la loi d’amnistie lors du vote à l’Assemblée nationale. Ils ont appelé à la mobilisation de tous ceux qui défendent les intérêts du Sénégal pour rejeter fermement cette mesure et ont encouragé tout candidat de l’opposition qui arriverait au pouvoir en 2024 à travailler pour abroger cette loi.

Enfin, la plateforme a rejeté la tentative de diversion du président Macky Sall et a exigé que la date de l’élection présidentielle soit fixée conformément à la décision du Conseil constitutionnel.

La position ferme de la Plateforme Avenir Senegaal Bi Ñu Begg met en lumière les divisions profondes et les tensions croissantes au sein de la politique sénégalaise. Alors que le pays se prépare à des élections cruciales et à des décisions importantes concernant son avenir politique, le débat sur la loi d’amnistie continue de faire rage, reflétant les enjeux complexes et les divergences d’opinions au sein de la société sénégalaise.

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