Ralentissement de l’économie sénégalaise : Les inquiétudes de Madiambal Diagne et les recommandations du FMI

Le journaliste sénégalais Madiambal Diagne a récemment exprimé ses préoccupations à la suite d’une note du Fonds monétaire international (FMI) mettant en garde contre un ralentissement de l’économie sénégalaise. Sur le réseau social X (anciennement Twitter), il a partagé son analyse de la situation en des termes fermes : « On l’a dit et répété, que l’économie du Sénégal est en train d’aller à vau l’eau et que les ratios se dégradent d’un mois à l’autre. Mais les autorités de l’Etat ne voudraient pas entendre raison. Lisez le communiqué du FMI après sa mission au Sénégal. Les constats sont implacables. »

Cette réaction du journaliste intervient après la publication par le FMI d’un rapport à la suite de sa mission au Sénégal, laquelle a dressé un tableau peu reluisant de la situation économique du pays. Le FMI a observé un ralentissement de l’activité économique au cours du premier semestre 2024, ce qui laisse présager, selon l’institution, des « perspectives difficiles » pour le reste de l’année. Face à cette situation, le FMI recommande que les autorités sénégalaises adoptent des « mesures fortes » afin d’éviter une détérioration plus profonde de l’économie.

Le FMI a signalé une baisse marquée des performances économiques, attribuant cette situation à divers facteurs, notamment l’inflation persistante, l’augmentation des prix de l’énergie, et une gestion budgétaire qui, selon le fonds, nécessite des réformes urgentes. Parmi ces réformes, le FMI a particulièrement insisté sur la nécessité de réduire progressivement les subventions énergétiques non-ciblées et coûteuses, qui pèsent lourdement sur les finances publiques du Sénégal. Cette mesure est perçue comme essentielle pour alléger le fardeau budgétaire et redonner de la marge de manœuvre à l’État pour d’autres investissements prioritaires.

Madiambal Diagne, dans son intervention, met en lumière ce qu’il perçoit comme un déni de la part des autorités face à la gravité de la situation économique. « Les ratios se dégradent d’un mois à l’autre », a-t-il averti, suggérant que le gouvernement ne prend pas suffisamment en compte les signaux d’alarme émis par des institutions internationales comme le FMI. Pour lui, cette inertie risque de coûter cher à l’économie nationale, d’autant plus que la dégradation des indicateurs économiques pourrait avoir des répercussions sociales et politiques importantes.

La suppression progressive des subventions énergétiques, bien que recommandée par le FMI, est une mesure potentiellement impopulaire qui pourrait provoquer des tensions sociales. En effet, dans un contexte où les ménages sont déjà confrontés à la hausse des prix des produits de première nécessité, cette réduction des subventions pourrait aggraver le coût de la vie pour une partie importante de la population.

Le FMI souligne cependant que cette suppression doit être accompagnée de mesures compensatoires pour protéger les populations les plus vulnérables. Cela pourrait inclure une meilleure ciblage des subventions ou des programmes sociaux plus efficaces pour amortir l’impact de ces réformes sur les foyers à faible revenu.

Le Sénégal se trouve ainsi à la croisée des chemins : d’un côté, la nécessité de réformer en profondeur pour éviter une crise économique plus grave, de l’autre, la pression sociale et politique qui pourrait compliquer la mise en œuvre de ces réformes. Les mois à venir seront décisifs pour l’économie du pays, et la manière dont le gouvernement réagira aux recommandations du FMI déterminera en grande partie l’avenir économique et social du Sénégal.

Madiambal Diagne, en alertant sur la situation, met en exergue un débat crucial pour l’avenir du pays. Reste à savoir si le gouvernement saura écouter ces signaux d’alarme et agir en conséquence.

VIVES RÉACTIONS APRÈS SON ANNONCE DE FAIRE LA DPG DEVANT « SON » ASSEMBLÉE : Sonko poursuivi jusqu’à son dernier retranchement

La menace du Premier ministre, Ousmane Sonko, de faire sa Déclaration de Politique Générale (DPG) en dehors de l’Assemblée nationale, devant une assistance qu’il choisira lui-même, a suscité une vague de critiques. Des personnalités publiques, pour la plupart, politiques, comme Zahra Iyane, Juge Dème, Madiambal, Thierno Alassane Sall et Thierno Bocoum ont exprimé leur réticence.

Dans une lettre-réponse au député Guy Marius Sagna, le Premier ministre, a fourni des éclaircissements sur sa prochaine Déclaration de Politique Générale (DPG). Se disant prêt et impatient de s’adonner à cette tâche, le chef du Gouvernement a, toutefois, posé ses conditions. « En cas de carence de l’Assemblée, d’ici le 15 juillet 2024, je tiendrai ma Déclaration de Politique générale devant une assemblée constituée du peuple sénégalais souverain, de partenaires du Sénégal et d’un jury composé d’universitaires, d’intellectuels et d’acteurs citoyens apolitiques. Ce sera l’occasion d’un débat libre, ouvert et, à coup sûr, de qualité largement supérieure », menace-t-il.
En effet, Ousmane Sonko et ses alliés estiment que « le Règlement intérieur de l’Assemblée nationale en vigueur ne tient pas compte du Premier ministre puisqu’il n’a pas été actualisé suite à la restauration du poste de Premier ministre par la loi n°2021-41 du 20 décembre 2021 portant révision de la Constitution ».
Ces allégations ont fait surgir beaucoup de personnalités publiques de leur réserve pour recadrer le Premier ministre.

« Vous ébranlez les fondements mêmes de notre démocratie » : Zahra Iyane Thiam

Zahra Iyane Thiam, ancienne ministre et membre de la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), a récemment exprimé de vives critiques à l’égard de la décision du Premier ministre Ousmane Sonko Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre, elle affirme: « En refusant de vous soumettre à cette obligation, vous ébranlez les fondements mêmes de notre démocratie ».
Pour elle, l’urgence proclamée par le Premier ministre semble contradictoire avec son inaction actuelle. « Si tel est le cas, pourquoi ne pas respecter l’esprit de l’article 55 de la Constitution en la présentant immédiatement ? Votre impatience déclarée contraste fortement avec votre inaction », a-t-elle précisé.
En outre, Zahra Iyane Thiam a contesté l’interprétation restrictive des délais de présentation de la DPG par le Premier ministre, suggérant que cela pourrait être perçu comme une tentative de gagner du temps plutôt que de respecter les obligations constitutionnelles de transparence et de responsabilité.
Elle a également critiqué la justification selon laquelle les dispositions relatives à la DPG avaient été abrogées après la suppression du poste de Premier ministre en 2019. Elle a rappelé que depuis la restauration de ce poste en 2021, les députés de la coalition avaient eu amplement le temps de proposer une mise à jour du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. « Leur passivité à cet égard et l’invocation de cet argument aujourd’hui suggèrent une volonté de contourner vos obligations plutôt qu’une véritable contrainte légale », a-t-elle affirmé.

Ce sont des « procédés dilatoires », d’après le juge Dème

Dans une déclaration écrite, le juge Déme a remis en question la sincérité des députés de la majorité présidentielle et du Premier ministre, Ousmane Sonko, envers les obligations constitutionnelles de transparence et de responsabilité gouvernementale. Il a souligné que malgré les débats juridiques entourant le règlement intérieur de l’Assemblée nationale, l’article 55 de la Constitution est clair : le Premier ministre est légalement tenu de présenter sa DPG devant l’Assemblée nationale après sa nomination.
Thierno Hamidou Dème a exprimé sa déception face aux tentatives qu’il qualifie de « procédés dilatoires » du Premier ministre pour éviter cette obligation constitutionnelle fondamentale, mettant en péril les fondements institutionnels de la démocratie sénégalaise. Il a ajouté que l’engagement envers le respect des institutions et des règles de droit devrait être une priorité indiscutable pour toutes les parties prenantes du pays.
Le député Thierno Alassane Sall regrette que l’opinion et les politiques s’attardent sur une telle question alors que les urgences sont ailleurs tout en conseillant à Ousmane Sonko de se plier aux lois et règlements. « Le Premier ministre menace d’aller faire sa déclaration de politique générale au marché Sandaga si cela lui plaît. Plutôt que de lancer un ultimatum à l’Assemblée nationale, à qui il est tenu de par la Constitution de s’adresser, Ousmane Sonko serait mieux inspiré de se rapprocher de cette institution et de trouver une solution à cette « crise factice »», déplore-t-il.

Un « précédent dangereux », à en croire Thierno Bocoum

Thierno Bocoum, leader du mouvement AGIR, a exprimé une forte désapprobation sur les réseaux sociaux suite à la récente déclaration du Premier ministre Ousmane Sonko. Il a mis en garde contre les implications d’une possible tenue de la Déclaration de Politique Générale (DPG) en dehors de l’Assemblée nationale. « Une DPG en dehors de l’Assemblée nationale serait un précédent dangereux et d’une atteinte grave aux institutions de la République », a-t-il considéré.

« Un coup d’État » pour Madiambal Diagne

L’administrateur du Groupe Avenir Communication et journaliste a dénoncé « un coup d’État ». Sur X, anciennement dénommé Twitter, il écrit : « Ousmane Sonko annonce son coup d’État pour le 15 juillet 2024. Il a osé écrire : En cas de carence de l’Assemblée, d’ici le 15 juillet 2024, je tiendrai ma Déclaration de Politique générale devant une assemblée constituée du peuple sénégalais souverain, de partenaires du Sénégal et d’un jury composé d’universitaires, d’intellectuels et d’acteurs citoyens apolitiques. Ce sera l’occasion d’un débat libre, ouvert et, à coup sûr, de qualité largement supérieure ».


La Dakaroise

Retard de la déclaration de politique générale de Sonko : Madiambal Diagne critique les juristes

Depuis sa nomination en tant que Premier ministre il y a trois mois, Ousmane Sonko n’a pas encore prononcé sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale sénégalaise. Ce retard suscite des critiques et des spéculations quant aux raisons qui pourraient le motiver.

Certains observateurs estiment que M. Sonko n’est pas légalement obligé de faire cette déclaration, tandis que d’autres suggèrent que le chef de Pastef craint une éventuelle motion de censure qui pourrait mettre en péril son gouvernement.

Madiambal Diagne, connu pour ses prises de position vigoureuses, a récemment pris pour cible les juristes qui, selon lui, ne se manifestent pas suffisamment sur cette question cruciale. Dans une tribune acerbe, il dénonce leur silence et accuse la classe politique de compromission.

« Il est étrange de constater que tous les grands juristes, naguère très prompts à défendre le respect des institutions et des règles de la République, se terrent sous les tables des amphithéâtres. Je vous avais prévenu que Sonko trouverait le prétexte le plus fallacieux ou farfelu pour éviter de faire sa déclaration de politique générale », écrit-il.

M. Diagne insiste sur le fait que la déclaration de politique générale devrait se conformer à l’article 55 de la Constitution sénégalaise, lequel prime sur le règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Il souligne également l’importance du principe de la hiérarchie des normes juridiques, qui établit que la Constitution prévaut même si le règlement intérieur est imparfait.

En attendant, l’attente persiste quant à quand et comment Ousmane Sonko présentera sa déclaration de politique générale, une étape cruciale pour définir les orientations de son gouvernement et recevoir la confiance du Parlement.

Les Lundis de Madiambal: « Je refuse de croire que Macky Sall voudrait garder le pouvoir »

Le Président Macky Sall indique que le calendrier électoral sera rigoureusement respecté et que le premier tour de l’élection présidentielle se déroulera normalement le 25 février 2024. Il l’avait confié en privé à des proches et à de hautes autorités religieuses, qui devenaient sceptiques quant à l’intention du pouvoir de respecter ledit calendrier. Il faut avouer que l’on n’avait pas manqué d’être choqué par la remarque narquoise d’un chef religieux, qui se demandait si on pouvait croire encore aux assurances données par le président de la République sur cette question. Mais Macky Sall a été amené à le redire en public, le 26 janvier 2024, à l’occasion de la Ziarra annuelle de la famille omarienne. On peut le croire sur parole, car sa posture et son statut ne devraient pas l’autoriser à agir autrement. Aussi, toute autre démarche de sa part équivaudrait à détruire de ses propres mains tout ce qu’il a construit durant son magistère et véritablement, il pâlirait devant l’œuvre de ses prédécesseurs. En effet, il a hérité d’un Sénégal avec des institutions démocratiques qui fonctionnent et une stabilité que lui envie toute l’Afrique. Le moins qu’on attendrait de lui est qu’il transmette le pouvoir à un successeur, dans les mêmes conditions de paix et de légalité républicaine et démocratique.

Karim Wade allume un feu qui ne le brûlera pas

La décision du Conseil constitutionnel rejetant la candidature de Karim Meïssa Wade à l’élection présidentielle a poussé le Parti démocratique sénégalais (Pds) et son leader charismatique et historique, Abdoulaye Wade, à rejouer la seule musique qu’ils savent jouer, c’est-à-dire celle des attaques, des accusations, des invectives et des menaces contre les institutions de la République et singulièrement les magistrats. Opposants, Abdoulaye Wade et ses camarades avaient acculé des membres du Conseil constitutionnel jusqu’à ce que son président, Kéba Mbaye, démissionne en plein processus électoral. Son vice-président, Babacar Sèye, a été victime des balles tueuses de la bande à Amadou Clédor Sène. Abdoulaye Wade, devenu président de la République, s’empressa de les libérer pour ensuite faire adopter une loi d’amnistie pour effacer leur crime. Cette même bande avait criblé de balles le domicile du juge Youssoupha Ndiaye, qui avait remplacé Kéba Mbaye.

Durant tout son magistère, le Président Abdoulaye Wade n’a eu de cesse de pourfendre le Conseil constitutionnel et ses membres, qu’il aura pourtant nommés, chaque fois qu’ils ont eu l’outrecuidance de s’éloigner de ses volontés. En cherchant à jeter l’opprobre sur le Conseil constitutionnel dont la dissolution est exigée par son parti, avec la conséquence qui sera fatalement un brutal coup d’arrêt au processus électoral, Karim Wade parle de corde dans la maison d’un pendu. Il a certes de qui tenir, mais force est de dire qu’il joue un rôle bien trop facile. En effet, il ne lui arrivera rien de fâcheux, si le feu prend au Sénégal du fait de son initiative. Des Sénégalais pourront en mourir, le pays pourra être à feu et à sang, mais le déluge ne le rattraperait pas jusqu’à son exil doré de Doha.

Ce qui accuse Macky Sall

Un groupe de candidats recalés avait demandé le report de l’élection présidentielle et s’était fendu d’une missive hérétique adressée au chef de l’Etat pour lui demander d’intervenir dans le processus électoral. Contre toute attente, le Président Sall les recevra en audience, pouvant donner l’impression de son intrusion illégale dans les attributions du Conseil constitutionnel. L’audience tourna court et dans un communiqué, la présidence de la République a tenu à réaffirmer le respect du calendrier électoral et a restauré le rôle et les attributions souveraines du Conseil constitutionnel. Les apparences sont sauves. Abdoulaye Wade, qui place toujours son fils Karim au-dessus de tout et de tout le monde, avait demandé la dissolution du Conseil constitutionnel qui a osé refuser la candidature de son héritier. Cet appel était inaudible. Mais le Pds a surenchéri en saisissant le 24 janvier 2024, l’Assemblée nationale d’une demande de mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire sur de supposés faits de corruption au Conseil constitutionnel. Le Pds ne dit pas encore qui a corrompu qui et comment, mais fait savoir partout qu’il détiendrait des preuves accablantes. Dans une procédure d’une rapidité vertigineuse, l’Assemblée nationale pose chaque jour un acte avec une cadence inouïe.

Le Bureau de l’institution a été réuni instamment le jeudi 25 janvier 2024 pour donner une suite à la demande de mise en place de la Commission d’enquête. La Conférence des présidents se réunit le 26 janvier 2024 pour jouer sa partition et fait inscrire à l’agenda de la Commission des lois, cette demande en l’invitant à se réunir le premier jour ouvrable suivant, à savoir le lundi 29 janvier 2024. Des députés croient savoir que l’affaire sera inscrite à l’ordre du jour de la séance plénière prévue pour le mardi 30 janvier 2024 pour son adoption. Le Bureau de l’Assemblée nationale, encore moins la Conférence des présidents, n’a encore vu les fameuses preuves. Quelques journalistes triés sur le volet ont été appelés à écouter quelques extraits sonores de conversations ou à lire des bouts de courriels échangés. Assez léger me direz-vous, encore que la propension qui a cours au Sénégal, ces dernières années, de violer publiquement l’intimité et la vie privée des personnes sur les réseaux sociaux, n’est pas encore de mise dans le cas d’espèce. On peut bien présumer que si des preuves irréfutables existaient, elles seraient déjà sur la place publique pour alimenter les discussions dans les chaumières. La classe politique ne nous a pas habitués à autant de retenue et de pudeur !

De quoi le Conseil constitutionnel serait-il coupable ? D’avoir strictement dit le Droit dans le cas Karim Wade. C’est-à-dire de refuser à un candidat qui a fait une fausse déclaration dans son dossier, de pouvoir revenir pour régulariser sa candidature avec une pièce justifiant postérieurement un état ou une situation. Le Conseil constitutionnel aurait d’ailleurs pu demander au Parquet d’ouvrir des poursuites pénales comme il a eu à le faire avec un autre candidat qui avait présenté une fausse liste de députés dans son dossier de parrainage.

Le parti présidentiel, l’Alliance pour la République (Apr), a sorti un communiqué pour s’associer à l’initiative du Pds. Le crime est signé. Seulement, aucun calcul politicien ne devrait autoriser un tel acte. Pour la première fois, la majorité parlementaire du camp de Macky Sall s’allie officiellement avec le Pds, et à quelle fin ? Une action, sorte de collusion, destinée à jeter le discrédit sur le Conseil constitutionnel, une institution de la République, et entacher l’honorabilité de ses membres qui ont tous été nommés par Macky Sall lui-même. Sacrilège ! Il apparaît surréaliste que le régime politique qui avait fait condamner Karim Wade pour prévarication de ressources publiques et l’a accablé jusqu’à le pousser à l’exil, se réveille un beau matin, sans la moindre explication ou repentir ni contrition, pour l’absoudre de tout et chercher à pactiser avec lui. Peut-on s’imaginer que les magistrats ne feront pas bloc autour de leurs collègues ? Il aura sur les bras un lourd contentieux qu’aucun chef d’Etat n’a jamais eu avec la Magistrature de son pays.

Oseront-ils franchir le Rubicon pour recourir à l’article 52 de la Constitution et donner des pouvoirs exceptionnels au président de la République ?

Tout cela procèderait-il d’un plan ourdi pour maintenir Macky Sall au pouvoir ? Le cas échéant, rester au pouvoir sans aucune base légale, à la fin de son mandat constitutionnel, équivaudrait à un coup d’Etat institutionnel. Je ne vois pas Macky Sall s’engager dans une voie aussi dangereuse pour lui-même et pour la Nation. Il créerait les conditions favorisant de graves troubles politiques. On sait qu’il est si fier et a une haute estime de soi pour finir comme certains de ses pairs africains. Aussi avait-il expliqué tenir tant à sa parole donnée, jusqu’à renoncer à une candidature pourtant parfaitement légale pour la Présidentielle de 2024. Franchement, il ne peut pas renoncer à une possibilité légale pour se risquer à emprunter des chemins de traverse et se voir accusé d’être un vulgaire putschiste. Macky Sall sait aussi que ses courtisans qui l’enjoignent, au vu et au su de tout le monde, à garder le pouvoir, ne l’aiment pas tant pour l’avoir déjà insulté publiquement quand ils étaient en disgrâce ou en désaccord avec lui. Dans un tel schéma, Macky Sall sera l’unique perdant et compromettra toute son aura et le bel avenir qui s’ouvre devant lui à son départ du pouvoir. Il est assez intelligent pour ne pas se laisser embarquer dans une telle folie.

Au demeurant, l’accusation contre des juges du Conseil constitutionnel pourrait les pousser à démissionner, mais le cas échéant, l’institution ne continuerait pas moins de délibérer valablement, encore que le président de la République aurait la latitude de nommer, dans la minute qui suivra, des juges pour les remplacer. Pour ma part, je supplie ces juges de rester stoïques et de demeurer à leurs postes pour ne pas faire le jeu de leurs pourfendeurs. Aussi devraient-ils refuser de répondre aux éventuelles convocations de cette Commission d’enquête parlementaire. Les conjurés ne pourront ainsi rien attendre de cette Commission d’enquête autrement que de jeter en pâture des magistrats. Qu’ils sont bien bavards ces conjurés ! C’est ainsi qu’on sait qu’ils entendent créer, par ce moyen, un conflit artificiel entre le Conseil constitutionnel et l’Assemblée nationale. Mais on oublie qu’il appartient au Conseil constitutionnel de juger des conflits entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. En d’autres termes, le Conseil constitutionnel ne peut être en conflit avec aucun autre pouvoir. L’institution continuerait d’ignorer royalement la Commission d’enquête parlementaire qui violerait le sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs. Il ne faudra pas non plus aller vite en besogne, car on ne saurait préjuger du vote final. Qui pourrait être assuré que la totalité des députés de Benno bokk yaaakar (Bby) vont voter aveuglément avec le Pds ? Quelle sera l’attitude des députés de l’opposition comme ceux de l’ex-Pastef, du Pur, de Taxawu Senegaal ou des députés non inscrits ? Et le plus absurde est que la demande du Pds est portée par des membres de l’Apr, qui sont assez connus pour manifester une hostilité ouverte à l’endroit du Premier ministre Amadou Ba, candidat désigné par Macky Sall. On sait aussi qu’ils se feront un plaisir à mieux lui savonner la planche, en cherchant à l’humilier et l’accuser d’avoir corrompu les magistrats. Le Premier ministre sera le premier client à être entendu par la Commission d’enquête. A sa place, je ne répondrais pas à leur convocation, car l’Assemblée nationale n’a pas compétence pour enquêter sur des faits délictuels relevant exclusivement de la compétence du judiciaire. En sa qualité de Premier ministre, il ne doit pas participer à saper les fondements de l’Etat de Droit et de la séparation des pouvoirs.

Les candidats Khalifa Sall, Idrissa Seck, Mohammed Dionne et autres, gardent-ils le silence parce que l’opération pourrait affaiblir Amadou Ba ?

La mise en place de la Commission d’enquête ne pourra certainement pas être un acte suffisant pour invoquer le blocage des institutions ou une situation devant autoriser le recours à l’article 52 de la Constitution, pour donner les pleins pouvoirs au président de la République. Dans le texte de la Constitution du Sénégal, on lit : «Lorsque les institutions de la République, l’indépendance de la Nation, l’intégrité du territoire national ou l’exécution des engagements internationaux sont menacées d’une manière grave et immédiate, et que le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ou des institutions est interrompu, le président de la République dispose de pouvoirs exceptionnels. Il peut, après en avoir informé la Nation par un message, prendre toute mesure tendant à rétablir le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des institutions, et à assurer la sauvegarde de la Nation (…).» Les «pleins pouvoirs» autoriseront-ils à reporter l’élection présidentielle ou à dissoudre le Conseil constitutionnel et créer une situation d’exception sur une année par exemple, comme l’a déjà précisément indiqué le Pds ? On a connu la spirale du report des élections en Côte d’Ivoire où, à force de reports répétés, d’une année à une autre, le Président Gbagbo avait obtenu «un mandat cadeau». Seulement, on sait comment l’histoire s’était tristement terminée.

On ne soulignera jamais assez le jeu d’apprentis-sorciers assis sur des barils de poudre et s’amusant avec du feu. Jusqu’où tout cela pourra-t-il mener ? A l’autodafé du Conseil constitutionnel comme cela avait été le cas avec le Reichstag en Allemagne ? Il est de la responsabilité du Président Macky Sall de mettre un terme à ces graves périls qui guettent la Nation. Il en a les moyens, il lui suffira simplement de tenir un langage clair, sans ambiguïté aucune, à son camp, pour dire qu’il ne saurait cautionner des pratiques aux antipodes de la légalité. Abdoulaye Wade n’avait pas pu le réussir en 2012 pour garder le pouvoir par le truchement de l’offre d’un rabiot de deux ans préconisé par l’ancien Président nigérian Olesegun Obassanjo et le «droit-de-l’hommiste» Alioune Tine. Justement, cela n’avait pas pu se faire parce que Macky Sall s’y était farouchement opposé. (Voir notre chronique du 22 janvier 2024).

Macky Sall peut-il préférer Karim Wade à Amadou Ba ?

La question reste entière : Macky Sall sera-t-il à la hauteur de son rôle constitutionnel, celui de garant des institutions ? Il s’est engagé à préserver la paix civile et l’ordre républicain, et à rendre le pouvoir à l’issue d’une élection démocratique et transparente. S’il s’est exclu lui-même, de son plein gré, de la compétition électorale, contre l’avis de nombre de ses proches, on ne peut pas le croire possédé par un quelconque démon pour chercher à tordre le cou à la légalité et risquer ainsi de s’éclabousser pour chercher à donner le pouvoir à un autre.

Encore une fois, je ne le crois pas si décevant, en se montrant capable d’une telle forfaiture. Je sais également qu’il ne peut pas préférer Karim Wade à Amadou Ba.

Alors, je reste à Abidjan pour encourager l’Equipe nationale de football, engagée dans la Coupe d’Afrique des nations, et encore avoir des raisons d’être toujours fier de mon beau pays, le Sénégal.
Senego

Sonko et ses «créanciers» : Madiambal Diagne interpelle Birahim Seck, Alioune Tine, «Y’en a marre», «Nio lank»…

Madiambal Diagne interpelle ceux qu’il désigne par un soupçonneux «directeurs de conscience». «Des personnalités de la Société civile comme Birahim Seck (Forum civil), Seydi Gassama (Amnesty international), Alioune Tine (Africajom Center) ainsi que les dirigeants de ‘Y’en a marre’, de ‘Nio Lank’ ou du F24, entre autres activistes et fondateurs de ‘Sam Sunu Momel’, sont en droit, avec toutes leurs exigences pour une gestion transparente et responsable des ressources naturelles, d’exiger une enquête claire et exhaustive pour situer les responsabilités et mettre la lumière sur une situation d’une extrême gravité», lance l’auteur des «Lundis de Madiambal», chronique paraissant chaque début de semaine dans Le Quotidien.

De quoi s’agit-il ? «Le député Matar Diop de la coalition Bennoo Bokk Yakaar (…) a évoqué devant les parlementaires le cas des turpitudes de Ousmane Sonko, (qui) aurait reçu des fonds de bailleurs qui étaient principalement intéressés par une remise en cause d’accords et de contrats sur l’exploitation du pétrole et du gaz découverts au large du Sénégal, rapporte le journaliste. L’honorable député dira que c’est contre une promesse de renégociation de contrats pétro-gaziers que des sommes conséquentes auraient été versées à l’opposant sénégalais.»

Madiambal Diagne rappelle que «le député (…) ira jusqu’à balancer l’existence d’une correspondance, signée de la propre main de Ousmane Sonko, adressée au Président Macky Sall, et demandant assistance et protection pour sa famille qui subirait des menaces et risquerait des représailles».

Le chroniqueur suggère que cette affaire s’est incrustée dans l’agenda du chef de l’État lors de son séjour à Dubaï pour la Cop28. Il écrit : «Un ballet d’audiences et de prises de contact avec le président de la République, Macky Sall (…) a consisté pour des opérateurs de certains milieux d’affaires qui sont venus se confesser à lui sur des ressources qu’ils avaient distribuées au Sénégal pour la poursuite de différents agenda.»

Madiambal Diagne de poursuivre : «Un voile a donc pu être levé sur l’étendue des sommes, les modes d’opération, les canaux de transmission et les facilitateurs de telles opérations qui visaient à terme, à nuire gravement à la paix civile.»       

Le journaliste pointe que l’accusation du député Matar Diop, qui «vaut son pesant d’or», «soulève des lièvres qu’il faudrait pourchasser», soit accueillie «par une certaine indifférence et un désintérêt tant par la Société civile que l’opposition politique, qui ont fait du débat sur la transparence dans la gestion des hydrocarbures leur cheval de bataille». «Pourtant, regrette le journaliste, tout s’offre à l’ouverture d’une enquête pour révéler, au grand jour, toutes les connexions troubles et desseins sombres qui ont pu s’élaborer pour spolier le Sénégal de ses hydrocarbures et les servir à des opérateurs tapis dans l’ombre.»

Madiambal Diagne interroge : «Le poisson est-il tellement gros qu’on chercherait à le noyer coûte que coûte ?» Il ajoute : «Au-delà de l’assurance dont le député Matar Diop a fait montre (…), le silence de ces derniers laisse encore pantois.»

Madiambal Diagne : “Comment je suis devenu riche…”

Dans un portrait que lui consacre Jeune Afrique, Madiambal Diagne lève le voile sur sa trajectoire personnelle. On y découvre des anecdotes croustillantes comme la manière dont le patron du groupe de presse Avenir Communication a acquis sa richesse. 

En 1996, Madiambal Diagne travaille pour la branche sénégalaise de l’USAID, avant que son contrat ne soit rompu par son son employeur. Le journaliste décide alors de saisir la justice américaine. 

En 1999, l’administration américaine reconnaît sa faute et lui propose un règlement à l’amiable. Jackpot !

« Ils m’ont proposé une transaction, qui était à mon avantage, et je suis devenu subitement un homme riche», raconte-t-il à nos confrères. 

Madiambal Diagne ne dit pas cependant le montant de la somme reçue. Mais elle était suffisamment rondelette pour lui permettre d’acheter un immeuble qu’il mettra en location, de construire sa propre maison et de fonder le journal Le Quotidien.

Nouveau livre de Madiambal : l’ombre de Mimran – Amadou Ba sera-t-il le président des lobbies ?

L’empire de Jean-Claude Mimran refuse de mourir. Le fait que Diagna Ndiaye, à travers Madiambal Diagne, adoube Amadou Ba, prédispose à redouter à une persistance des tares du passé.

Diagna Ndiaye, préfacier du bouquin publié aux Editions du Quotidien. «Amadou Ba, la dernière marche». Ainsi le journaliste Madiambal Diagne assume sa dangereuse connivence avec un homme d’affaires craint et dont le nom est associé à la famille du richissime Jean-Claude Mimran, le patron de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css).

Pendant longtemps, des théories du complot ont cherché à établir des connexions entre le fondateur du Groupe Avenir Communication et Mimran.

On se rappelle que Madiambal Diagne était dans le rôle du licteur lorsque Abdoul Mbaye était éjecté de la Primature. Pour souvenir, la mise à l’écart de Abdoul Mbaye était consécutive à son bras de fer avec Mamadou Diagna Diagne. Les deux hommes, qui faisaient partie de l’entourage de premier cercle du boss de la Css, sont les protagonistes d’un duel à mort, qui dure depuis plusieurs années déjà. Les cancans qui minaient son quotidien de célébrité reprochaient au leader du parti ACT de léser le groupe de Jean-Claude Mimran à des fins de règlements de comptes.

C’est dans ce contexte que le thuriféraire attitré du Premier ministre Amadou Ba signait, en 2013, une tribune intitulée « Abdoul Mbaye, pour combien de temps encore ? », comme s’il demandait au président Macky Sall de limoger l’alors chef du gouvernement. Volant au secours de Diagna Ndiaye, Madiambal écrivit : « Le Président Macky Sall voudrait garder aussi longtemps que possible son Premier ministre Abdoul Mbaye, jusqu’à rester sourd à tous les nombreux avis négatifs émis à l’encontre de ce dernier. Le chef de l’Etat, submergé par la presque unanimité qui se dégageait contre Abdoul Mbaye, se serait ému, il y a quelques mois, en confiant à un de ses visiteurs que «jamais quelqu’un ne lui a parlé de son Premier ministre en bien». Qu’à cela ne tienne ! Macky Sall lui garde encore sa confiance, comme qui dirait, «Abdoul Mbaye contre tous !».

Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. Mamadou Diagna Ndiaye est bien introduit dans le « Macky » et l’on n’entend plus Jean-Claude Mimran, qui menaçait de fermer son entreprise et de faire supprimer des emplois, se plaindre.

En d’autres termes, toutes les faveurs que les régimes précédents ont faites au patron de la Compagnie sucrière sénégalaise restent inchangées. Et l’on devine que ce n’est pas Amadou Ba devenu chef d’Etat qui va mettre fin à cette situation.

Le Dakarois Quotidien

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