Serigne Aliou Diouf Lambaye : Un héritier spirituel du Mouridisme

Serigne Aliou Diouf Lambaye est une figure éminente du Mouridisme, l’une des confréries islamiques les plus influentes au Sénégal. Né en 1849 à Ndiengue, dans la région de Diourbel, il a consacré sa vie à la propagation de la foi islamique et aux enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du Mouridisme. Ce qui suit est un aperçu détaillé de sa vie, de son parcours spirituel et de son influence durable.

Serigne Aliou Diouf Lambaye est né sous le nom d’Aly Diouf, dans une famille profondément religieuse. Son père, Birima Ndione Diouf, et sa mère, Coumba Nar Ndiaye, étaient des personnes pieuses, mais leur vie fut marquée par une série de tragédies familiales : plusieurs de leurs enfants sont morts en bas âge. Désespérée, sa mère se tourna vers un savant hal pulaar du nom de Aly, qui lui conseilla de nommer son prochain fils Aly, promettant que cela le protégerait de la mort prématurée. Ainsi, Aly Diouf survécut, mais son destin le conduirait à devenir Serigne Aliou Diouf, un guide spirituel influent.
Dès son plus jeune âge, Aliou Diouf montra une soif insatiable d’apprendre et un intérêt profond pour la spiritualité. Son chemin croisa celui de Serigne Mandiaye, un disciple de Serigne Mor Mané Mbaye, un autre éminent érudit de l’époque. Poussé par sa curiosité et son désir d’acquérir des connaissances, il décida de rejoindre Serigne Mandiaye. Cependant, il se heurta à l’opposition des parents de ce dernier, qui craignaient que leur fils ne soit influencé par Aliou Diouf. Ne se laissant pas décourager, Aliou Diouf rejoignit finalement Serigne Mor Mané Mbaye, où il reçut une formation rigoureuse en théologie islamique et en spiritualité.
C’est au cours de cette période qu’il entendit parler de Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur du Mouridisme. En 1906, à l’âge de 36 ans, il décida de rejoindre ce grand guide spirituel. Leur première rencontre fut marquante. Lorsqu’Aliou Diouf se présenta sous ce nom, Cheikh Ahmadou Bamba lui donna le nom de Serigne Aliou Diouf, symbolisant ainsi son nouveau statut en tant que disciple dévoué et héritier spirituel du Mouridisme.
Après sa rencontre avec Serigne Ahmadou Bamba, Serigne Aliou Diouf se lança dans une série de missions pour répandre les enseignements du Mouridisme. Envoyé à Lambaye, il y trouva un terrain fertile pour développer ses activités religieuses. Malgré les défis, notamment la forte présence du christianisme dans la région, il persévéra, créant des écoles coraniques (daras) et initiant de nombreux jeunes à l’Islam et aux enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba.
Son engagement à Lambaye ne se limita pas à l’enseignement. Il entreprit également des travaux communautaires, construisant des infrastructures religieuses et sociales. Parmi les lieux emblématiques qu’il contribua à ériger figurent Keur Serigne Touba, un complexe religieux, et d’autres centres à Keur Daour, Baakk, Mbadane, Soya, Boukibargua, Tasrona, et jusqu’à Gnibi Lambaye. Ces réalisations firent de Lambaye un centre important du Mouridisme, attirant des disciples de tout le Sénégal.
L’expansion des activités religieuses de Serigne Aliou Diouf ne fut pas sans opposition. Le Teigne, une figure royale locale et neveu de Serigne Aliou Diouf, se convertit à l’Islam sous l’influence de son oncle, prenant le nom d’Ibrahima Diouf. Cette conversion provoqua des tensions familiales, notamment avec la mère d’Ibrahima, qui s’opposa farouchement à cette transformation. Ces tensions se traduisirent par des conflits ouverts avec les autorités locales, qui tentèrent de freiner l’expansion du Mouridisme dans la région.
Malgré ces obstacles, Serigne Aliou Diouf refusa de céder. Il continua ses activités religieuses et ses rassemblements, renforçant ses liens avec la famille du khalife de Touba. Ces liens furent particulièrement forts avec Mame Thierno Ibra Faty, un autre dignitaire mouride, qui lui confia de nombreuses responsabilités au sein de la communauté.
Tout au long de sa vie, Serigne Aliou Diouf effectua de nombreux voyages spirituels, renforçant ses liens avec d’autres figures importantes du Mouridisme. Parmi ses voyages les plus mémorables figure celui en Mauritanie, accompagné de Serigne Mokhtar Mbaye Kéré, Serigne Babacar Ndiaye Tiargane, et Serigne Arfate Cissé, pour rejoindre Cheikh Ahmadou Bamba à Sarsara. Ce voyage renforça ses convictions et sa détermination à propager les enseignements du Mouridisme.
Au cours de ces voyages, Serigne Aliou Diouf tissa des liens solides avec d’autres érudits mourides, tels que Serigne Massamba Fall et Serigne Sada Tall. Ces relations lui permirent de bénéficier de leur soutien et de leurs bénédictions, ce qui fut crucial pour l’expansion de ses activités à Lambaye et ailleurs.
Après ses voyages, Serigne Aliou Diouf retourna à Lambaye, où il continua son œuvre. Son retour marqua une nouvelle phase de son engagement religieux, avec un accent particulier sur l’éducation et la formation spirituelle. Il renforça ses activités dans les daras qu’il avait fondés, attirant de nombreux disciples qui vinrent chercher des enseignements auprès de lui.
Dans ses dernières années, Serigne Aliou Diouf continua à recevoir des visiteurs et à enseigner, malgré son âge avancé. Sa maison à Lambaye devint un lieu de pèlerinage pour les disciples du Mouridisme, et son influence s’étendit bien au-delà de la région de Diourbel.
Serigne Aliou Diouf Lambaye s’éteignit le 14 juin 1951, à l’âge de 101 ans, laissant derrière lui un héritage spirituel profond et durable. Sa contribution à la propagation du Mouridisme et à l’éducation islamique est inestimable. À Lambaye, son nom continue d’être vénéré, et ses enseignements sont transmis de génération en génération.
Son héritage est également visible dans les nombreuses écoles coraniques et infrastructures religieuses qu’il a créées, qui continuent de jouer un rôle central dans la vie spirituelle de la communauté mouride. Sa dévotion, sa persévérance face aux défis, et son engagement indéfectible envers les enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba en font une figure incontournable de l’histoire religieuse du Sénégal.
Serigne Aliou Diouf Lambaye a marqué de son empreinte l’histoire du Mouridisme par son engagement sans faille et sa profonde spiritualité. Son parcours, de Ndiengue à Lambaye en passant par Touba et Saint-Louis, est celui d’un homme de foi, dédié à la cause de l’Islam et du Mouridisme. Aujourd’hui, son nom résonne encore, et son héritage continue d’inspirer de nombreux disciples à travers le Sénégal et au-delà.


Fatoumata BA

Touba : Le Khalife général des mourides lance un appel urgent face à la montée de la nappe phréatique

Le nouveau régime est mis à l’épreuve par une problématique environnementale urgente à Touba. Le porte-parole du Khalife général des mourides, Serigne Bass Abdou Khadre, a exprimé la préoccupation croissante concernant la montée de la nappe phréatique dans la ville. Lors de la réunion du Comité d’organisation, tenue ce mardi en préparation du Magal prévu le 24 août prochain, et en présence du ministre de l’Intérieur, le général Jean Baptiste Tine, il a fermement demandé des solutions immédiates.

« La nappe continue de monter. Le Khalife général [Serigne Mountakha Mbacké] a décaissé près de 100 millions de francs CFA pour trouver une solution à la montée de la nappe qui envahit la place où se tient la cérémonie officielle », a déclaré Serigne Bass Abdou Khadre. Il a souligné que la situation actuelle constitue une véritable « bombe écologique », ajoutant que des études récentes ont révélé que le niveau de l’eau sous la grande mosquée de Touba est à seulement un mètre de profondeur.

Serigne Bass Abdou Khadre a également critiqué les précédents gouvernements pour leur manque d’investissement adéquat à Touba. « Les régimes successifs ont fait des progrès, mais c’est minime par rapport aux besoins de la ville. Par exemple, [l’ancien régime] a investi, en 12 ans, près de 2 000 milliards à Dakar, tandis qu’à Touba, l’investissement n’a pas dépassé 115 milliards », a-t-il déploré.

En réponse, le ministre de l’Intérieur, général Jean Baptiste Tine, a assuré que toutes les dispositions nécessaires seront prises pour que le Magal se déroule dans « les meilleures conditions ». Cet engagement gouvernemental est crucial pour rassurer les habitants de Touba et les pèlerins attendus lors de cet événement religieux majeur.

La montée de la nappe phréatique à Touba nécessite une intervention urgente et coordonnée pour éviter une catastrophe écologique et pour garantir la sécurité et le bien-être des habitants et des visiteurs. Le Khalife général des mourides et son porte-parole ont clairement exprimé la gravité de la situation et l’urgence d’une action gouvernementale substantielle.

Diourbel se prépare pour le magal de Serigne Mame Mor Diarra prévu fin avril

À l’approche du magal de Serigne Mame Mor Diarra, la région de Diourbel se mobilise pour assurer le bon déroulement de cet événement religieux majeur. Cette célébration, honorant le frère aîné de Cheikh Ahmadou Bamba, fondateur de la confrérie mouride, est prévue les 24 et 25 avril prochains à Mbacké Khéwar.

Lors d’un récent comité régional de développement, le gouverneur de Diourbel, Ibrahima Fall, s’est engagé à mettre en place toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité et l’ordre public lors du magal. Un renforcement des dispositifs de sécurité est prévu, avec une opération spéciale de sécurisation avant l’événement pour assurer la tranquillité des pèlerins.

Sur le plan sanitaire, des dispositions seront prises pour assurer la santé et le bien-être des participants. Deux postes médicaux avancés ainsi que deux ambulances seront déployés pour répondre aux éventuels besoins médicaux. Parallèlement, une action de nettoyage sera organisée en collaboration avec les autorités locales et la Société nationale de gestion intégrée des déchets afin de maintenir la propreté des lieux de rassemblement.

La figure de Serigne Mame Mor Diarra, reconnu pour sa générosité et sa dévotion, continue d’inspirer les fidèles mourides. Son magal est un moment de recueillement et de célébration des enseignements spirituels et des actions caritatives de cette figure emblématique de la confrérie mouride.

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