Crise Politique au Mali : L’Impasse entre Autorités et Partis Politiques Persiste

À Bamako, le bras de fer entre les autorités militaires et les partis politiques maliens continue d’aggraver la crise politique. Les partis politiques, indignés par la détention de leurs membres qu’ils qualifient d’acte liberticide, refusent toute reprise des discussions sans leur libération préalable.

La suspension récente de leurs activités politiques, levée la semaine dernière, est jugée insuffisante et tardive par les partis, qui exigent des gestes plus concrets de la part des autorités de transition. Ils affirment que les conditions nécessaires à un dialogue constructif ne sont pas réunies et réclament un retour à l’ordre constitutionnel à travers des élections transparentes et crédibles.

La classe politique malienne, largement écartée de la gestion du pays depuis quatre ans, exprime sa colère et soulève des préoccupations majeures quant à l’avenir du pays. En solidarité avec les 11 membres toujours détenus, une cinquantaine de partis politiques conditionnent leur participation aux discussions à la libération de leurs camarades.

Amadou Goïta, ancien ministre, insiste sur l’importance cruciale de l’organisation d’élections pour la légitimité démocratique et l’exercice du pouvoir. Pour l’instant, le dialogue semble rompu, compromettant gravement la perspective d’une transition apaisée au Mali.

Crise au Sahel : Le Niger et ses voisins rejettent la Cedeao pour former une nouvelle alliance

Le chef du régime militaire au Niger, le général Abdourahamane Tiani, a déclaré lors d’un sommet historique à Niamey que le Niger, le Burkina Faso et le Mali avaient « irrévocablement tourné le dos à la Cedeao ». Cette déclaration marque un nouveau chapitre dans les relations tendues entre ces pays sahéliens et l’organisation ouest-africaine.

Lors du sommet de l’Alliance des États du Sahel (AES), nouvellement formée, le général Tiani a appelé à la création d’une « communauté souveraine des peuples » indépendante des influences étrangères. Cette alliance regroupe des nations dirigées par des gouvernements militaires, tous arrivés au pouvoir à la suite de coups d’État.

Les tensions entre l’AES et la Cedeao se sont intensifiées après le coup d’État de juillet 2023 qui a porté le général Tiani au pouvoir au Niger. En réponse, la Cedeao a imposé des sanctions économiques sévères et a menacé d’intervenir militairement pour restaurer le président déchu, Mohamed Bazoum. Bien que les sanctions aient été levées en février, les relations demeurent glaciales entre les deux camps.

L’AES affirme être une alternative efficace dans la lutte contre le terrorisme, critiquant la Cedeao pour son manque d’engagement dans cette lutte cruciale pour la région sahélienne.

Le sommet de Niamey a marqué la première réunion des présidents de l’Alliance des États du Sahel depuis sa création en septembre 2023. Les dirigeants ont discuté des défis sécuritaires communs, notamment la menace persistante des groupes jihadistes dans la région.

La Cedeao prévoit quant à elle de tenir un sommet à Abuja pour discuter des relations avec l’AES, mettant ainsi en lumière les divergences profondes qui continuent de marquer le paysage politique et sécuritaire de l’Afrique de l’Ouest.

Cette fracture croissante entre l’AES et la Cedeao reflète les défis complexes auxquels la région est confrontée, mêlant politique intérieure, sécurité régionale et relations internationales dans un contexte de lutte contre le terrorisme et de gestion des influences post-coloniales.

En conclusion, l’évolution de cette crise souligne la nécessité d’une coopération régionale renforcée et d’une diplomatie agile pour stabiliser une région aux prises avec des défis sécuritaires de plus en plus complexes.

Une coalition d’opposants au Mali appelle à manifester contre les coupures d’électricité

Mercredi, une coalition d’opposants au Mali a lancé un appel à manifester contre les coupures d’électricité persistantes qui pèsent sur l’économie du pays. Cette coalition, nommée Synergie d’action pour le Mali, regroupe 30 partis et mouvements d’opposition, y compris des partisans de l’influent imam Mahmoud Dicko.

Depuis sa formation en février, la Synergie d’action pour le Mali est devenue l’une des rares voix de la contestation contre la junte au pouvoir, qui a pris le contrôle par un coup d’État en 2020 et a suspendu les activités des partis politiques en avril dernier.

Les Maliens sont appelés à manifester le 7 juin pour protester contre les coupures d’électricité et les coûts de la vie en hausse, ainsi que pour réclamer leurs droits après des mois de résilience. Les représentants de la coalition ont souligné l’impact grave de la crise énergétique sur les hôpitaux, les commerces, les ateliers de métier et les ménages, entraînant des pertes considérables pour l’économie nationale et la vie quotidienne des citoyens.

La junte a réagi en interdisant les activités de la Synergie d’action pour le Mali à Bamako en mars, citant des menaces de troubles à l’ordre public. Les expressions d’opposition sont devenues rares sous le régime de la junte, étouffées par les appels à l’unité nationale et les mesures répressives.

La semaine dernière, un collectif d’opposants en exil a appelé les Maliens à « se soulever contre la dictature » et à soutenir un projet visant à créer un parlement et un gouvernement parallèles. Ce collectif a annoncé la création d’une « assemblée citoyenne du Mali en exil » qui élira un gouvernement de « transition civile » le 25 mai.

En réponse, le procureur de la cour d’appel de Bamako a ouvert une enquête pour « atteinte au crédit et à la sûreté de l’État » contre les auteurs de publications en ligne qui ont relayé les communiqués de ces opposants en exil.

La situation politique au Mali reste tendue, avec des tensions croissantes entre la junte au pouvoir et les voix de l’opposition qui continuent de se faire entendre malgré les restrictions.

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