Audit des finances publiques : Mamadou Faye confirme la transmission de plusieurs dossiers au procureur

Le Premier président de la Cour des comptes, Mamadou Faye, s’est exprimé ce mercredi 10 avril 2025 lors de la 10e Assemblée générale de l’Association des institutions supérieures de contrôle ayant en commun l’usage du français (AISCCUF), à Dakar. Il est revenu en détail sur le rapport d’audit de la gestion des finances publiques du Sénégal entre 2019 et 2024, un document qui continue de susciter de vives réactions à l’échelle nationale.

Selon Mamadou Faye, la polémique née de la publication du rapport est compréhensible et même légitime. « C’est la première fois dans l’histoire du Sénégal, et même dans bien des pays africains, qu’un tel exercice de transparence est conduit », a-t-il affirmé. Pour lui, la Cour des comptes a pour mission de travailler au nom des citoyens, et il est normal que ceux-ci s’expriment. « Cela ne nous dérange pas. C’est un signal pour nous, en tant qu’institution, qu’il nous faut mieux communiquer sur notre rôle et nos méthodes. »

Il a tenu à rappeler que l’audit s’est déroulé dans le strict respect des procédures prévues. « Nous avons appliqué les règles de la procédure écrite, secrète et contradictoire. La contradiction avec le ministère des Finances a bien eu lieu », a-t-il insisté. Toutefois, il précise que la Cour des comptes n’est pas responsable de garantir la contradiction entre le ministère et les autres entités concernées par le rapport.

Mamadou Faye a aussi souligné que le rôle de la Cour est d’instruire à la fois à charge et à décharge. Il a expliqué qu’il peut y avoir deux types de suites : les fautes de gestion, qui relèvent de la chambre de discipline financière, et les faits susceptibles de poursuites pénales, qui sont transmis à la justice. « Le financier ne tient pas le pénal, tout comme le pénal ne tient pas le financier », a-t-il déclaré.

Sur les suites concrètes du rapport, le Premier président a confirmé que plusieurs dossiers ont déjà été transmis au procureur général de la Cour des comptes, lequel les soumettra à la chambre de discipline financière. Par ailleurs, certains dossiers ont également été envoyés au ministère de la Justice, ouvrant potentiellement la voie à des poursuites judiciaires.

Enfin, Mamadou Faye a assuré que la Cour des comptes ne s’immiscera pas dans les enquêtes judiciaires qui pourraient découler du rapport. « Le judiciaire a ses propres procédures, et nous avons les nôtres. Chacun agit dans son champ de compétence. »

Cette déclaration du président de la Cour des comptes intervient dans un contexte politique tendu, alors que l’opposition et la majorité s’affrontent sur les responsabilités dans la gestion financière du pays durant les cinq dernières années. Elle apporte également un éclairage précieux sur le fonctionnement d’une institution de plus en plus exposée, appelée à jouer un rôle central dans l’assainissement de la gouvernance publique.

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