Mame Makhtar Gueye relance le combat pour la criminalisation de l’homosexualité au Sénégal

Le président de l’ONG islamique Jamra, Mame Makhtar Gueye, a de nouveau exprimé ce vendredi 16 mai son opposition ferme à la présence et à la visibilité des personnes LGBT au Sénégal. Lors d’une conférence de presse tenue à Dakar, il a annoncé une série d’actions militantes pour exiger la criminalisation de l’homosexualité, à commencer par un rassemblement prévu le 23 mai devant les ruines de l’immeuble effondré à Ngor, qu’il qualifie de « prière de repentir ».

« Aujourd’hui marque le premier jalon de notre combat pour la criminalisation de l’homosexualité au Sénégal », a-t-il déclaré, appelant à une mobilisation populaire massive.

Appel à l’unité contre « l’agenda LGBT »

Le leader de Jamra a invité les organisations religieuses et civiles à faire front commun contre ce qu’il considère comme une « banalisation des actes homosexuels » dans la société sénégalaise. La marche du 23 mai, selon lui, vise à « rappeler à l’ordre les autorités » et à empêcher toute tentative d’intégration de ce qu’il appelle « l’agenda LGBT » dans les normes sociales et juridiques du pays.

Mame Makhtar Gueye n’a pas épargné le leader français de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, dont la récente visite au Sénégal a été, selon lui, « une ingérence étrangère ». Il l’a accusé d’appartenir à la loge maçonnique du Grand Orient de France depuis 1983, ce qui en ferait, à ses yeux, un symbole de l’influence occidentale sur les questions sociétales.

« Il ne devait pas être invité ici. C’est une erreur », a-t-il lancé à l’endroit du président sénégalais Ousmane Sonko.

L’ONG Jamra reproche au chef de l’État sénégalais un supposé revirement sur la question de la criminalisation de l’homosexualité. Rappelant les engagements passés de Sonko lorsqu’il était dans l’opposition, Mame Makhtar Gueye l’interpelle directement :

« Si Sonko donne une réponse pire que celle de Macky Sall, allons-nous rester les bras croisés ? »

Il dénonce ce qu’il considère comme une « tolérance assumée » du nouveau régime à l’égard des minorités sexuelles, en contradiction avec les valeurs religieuses et culturelles sénégalaises.

Jamra et d’autres organisations religieuses avaient déjà tenté en 2022 de faire voter une loi criminalisant explicitement l’homosexualité au Sénégal, une initiative qui avait été stoppée net par l’Assemblée nationale. Mame Makhtar Gueye entend désormais relancer cette campagne avec un nouvel élan, dans un contexte politique profondément renouvelé.

« Nous ne cherchons ni à diaboliser ni à stigmatiser. Nous voulons protéger notre héritage moral et religieux », a-t-il conclu.

Affaire de l’immeuble effondré à Ngor : Mame Makhtar Guèye annonce une conférence de presse après les révélations d’un touriste homosexuel

Comme on pouvait s’y attendre, Mame Makhtar Guèye de l’ONG Jamra est monté au créneau. Selon le quotidien Les Échos, le fervent défenseur des valeurs religieuses et culturelles sénégalaises prépare une conférence de presse pour réagir à une affaire qui fait grand bruit depuis quelques jours.

L’affaire en question concerne un ressortissant français, se présentant comme homosexuel, qui a déclaré avoir séjourné à Dakar dans l’immeuble effondré récemment à Ngor. Une fois de retour en France, ce dernier a partagé plusieurs images de son voyage au Sénégal sur les réseaux sociaux, notamment dans des lieux réputés de la capitale. Une exposition jugée provocatrice par certains membres de la société civile conservatrice.

Face au silence jugé « coupable » des membres de la coalition And Samm Jikko Yi, Jamra et ses alliés ont décidé de reprendre le flambeau de la « lutte pour la préservation des valeurs ». Selon Les Échos, Mame Makhtar Guèye prévoit d’annoncer, lors de sa conférence de presse, un plan d’actions pour dénoncer non seulement le mutisme des autorités, mais aussi ce qu’il considère comme une banalisation de l’homosexualité dans l’espace public sénégalais.

Cette prise de position intervient dans un contexte où les débats autour des questions LGBTQ+ restent très sensibles au Sénégal, pays à majorité musulmane et où l’homosexualité est pénalement réprimée. L’affaire risque ainsi de raviver les tensions entre partisans d’un durcissement des lois et ceux qui plaident pour plus de tolérance ou au moins une approche moins conflictuelle.

Pour l’instant, aucune réaction officielle n’a été enregistrée de la part des autorités ou du concerné.

Loi d’amnistie au Sénégal : Mame Makhtar Guéye de Jamra appelle Macky Sall à suivre l’exemple d’Abdoulaye Wade

L’ONG Jamra, par le biais de son vice-président Mame Makhtar Guéye, a exprimé son désaccord quant au projet de loi d’amnistie actuellement examiné à l’Assemblée nationale du Sénégal. Lors d’une entrevue avec Seneweb dans l’émission « Entretien Spécial », Mame Makhtar Guéye a souligné que, dans le pire des cas, le président Macky Sall devrait s’inspirer de la manière dont l’ancien président Abdoulaye Wade avait abordé la question de l’amnistie il y a plusieurs années.

« Non seulement nous (Jamra) sommes contre cette loi d’amnistie, mais nous avons également écrit au président de la République pour lui faire part de notre désaccord et des raisons », a déclaré Mame Makhtar Guéye. Selon lui, pour que cette loi puisse être acceptable, elle devrait être encadrée par des formes juridiques et des principes éthiques, à l’instar de l’approche adoptée par Abdoulaye Wade.

« Nous avons demandé à Macky Sall de mettre les formes juridiques et d’entourer cette loi de principes éthiques comme l’avait fait Abdoulaye Wade. Il ne faut surtout pas la faire de cette manière, en fast-track. Il faut juger ces personnes, qu’on puisse situer les responsabilités. Après, s’il (Macky Sall) veut les gracier, qu’il le fasse avant de les amnistier », a ajouté Mame Makhtar Guéye.

Il a insisté sur l’importance de juger les personnes responsables des actes graves commis pendant les manifestations, avant d’envisager toute forme d’amnistie. Il a également rappelé la démarche d’Abdoulaye Wade, qui avait gracié les responsables avant de les amnistier, tout en veillant à indemniser les familles des victimes.

Par ailleurs, la ministre de la Justice, Aissata Tall Sall, a annoncé à l’Assemblée nationale qu’un mécanisme d’indemnisation serait mis en place pour les familles des victimes après l’adoption de la loi d’amnistie.

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