La machine judiciaire sénégalaise poursuit sa croisade contre la corruption. Ce lundi 26 mai, Amadou Mansour Faye, ancien ministre du Développement communautaire et de l’Équité sociale et territoriale, a été placé sous mandat de dépôt par la commission d’instruction de la Haute cour de justice. L’audition s’est tenue au Palais de Justice Lat Dior de Dakar, en présence de ses avocats et de plusieurs proches venus le soutenir.
Personnalité politique influente et beau-frère de l’ancien président Macky Sall, Mansour Faye est visé par une batterie de chefs d’accusation graves : association de malfaiteurs, concussion, corruption, prise illégale d’intérêts, faux et usage de faux en écritures privées, détournement de deniers publics, escroquerie portant sur des fonds publics, blanchiment de capitaux, entre autres. Le préjudice provisoire est estimé à 2 749 927 498 FCFA.
Présent lors de l’audience, Adama Faye, frère de l’ex-première dame Marième Faye Sall, a réagi devant la presse. « Nous rendons grâce à Dieu. Nous connaissons bien Mansour Faye. C’est un homme de valeur et de principes. Il est intègre. Il a reçu une bonne éducation », a-t-il déclaré, manifestant son soutien indéfectible.
Toutefois, il a ajouté : « Nous faisons confiance en la justice de notre pays. Nous disons oui à la reddition des comptes, mais non au harcèlement. » Se montrant prudent, il a refusé de commenter le fond du dossier, qu’il qualifie de « compliqué », tout en assurant que la procédure d’appel d’offres incriminée s’était déroulée normalement, sans aucune surfacturation.
Les avocats de l’ancien ministre avaient tenté de faire valoir une demande de liberté provisoire avec caution, mais celle-ci a été rejetée par la juridiction.
L’incarcération d’Amadou Mansour Faye, figure du régime précédent et proche du cercle présidentiel de Macky Sall, est perçue comme un signal fort envoyé par les nouvelles autorités dans le cadre de la lutte contre la corruption et la reddition des comptes. Elle s’inscrit dans une série d’enquêtes ouvertes sur la gestion des fonds publics sous l’ancien régime.
Pour certains observateurs, cette arrestation pourrait marquer un tournant dans la gouvernance au Sénégal, à condition que le processus judiciaire respecte l’équité, l’impartialité et les droits de la défense.