Il ne reste plus que trois jours avant les élections pour que la Commission électorale nationale indépendante (Céni), termine d’acheminer le matériel électoral dans ce pays immense et parcouru de conflits armés. L’Ituri, dans l’est du pays, fait partie de ces territoires isolés et en proie à la violence. Pourtant, la Céni l’assure, tout sera prêt mercredi.
Grâce à l’appui logistique de la Monusco, la mission de maintien de la paix des Nations unies, 99% du matériel électoral a été déployé dans les chefs-lieux de territoires de l’Ituri, selon la Céni. Y compris, ceux qui se trouvent sous l’influence de milices communautaires, comme Ndjugu, Mahagi et Aru, rapporte notre envoyée spéciale à Bunia, Gaëlle Laleix.
« Ce sont des milices congolaises et ces miliciens ont le droit de vote. Ils ont accepté que nous procédions à l’enrôlement. Nous avons discuté avec les leaders communautaires, ils ont permis que nous puissions nous déployer pour faire l’enrôlement sans incident. Et ces mêmes miliciens acceptent que nous déployons le matériel pour le vote », explique Jimmy Anga Matadri secrétaire exécutif provincial de la Céni.
Situation plus compexe dans l’ouest de l’Ituri
La situation est moins évidente dans l’ouest de l’Ituri. Le triangle entre Irumu, Mambasa et Oïcha dans le Nord-Kivu, subit les incursions des ADF, une milice venue d’Ouganda qui a prêté allégeance à l’État islamique. « Il y a un sérieux problème là-dessus. Il y a des efforts qui restent à fournir, mais cela relève de la compétence des autorités militaires de la province. Nous avons suivi le discours du gouverneur militaire la semaine passée, il a assuré que dans toutes les zones, les électeurs seront aux urnes le 20 décembre », selon Deogratias Bungamuzi, le président du conseil provincial de la jeunesse de l’Ituri.
Ici, selon la Monusco, le déploiement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, ainsi que celle de l’Ituri, se poursuit. Entre avril et mai, les moyens de l’ONU avaient déjà transporté 128 tonnes de matériel électoral. Et depuis le 5 décembre, grâce à l’aide de l’aviation de la Monusco, 127 tonnes supplémentaires ont été déployées. Il s’agit notamment des machines à voter et des bulletins de vote.
Avions égyptiens
Afin de pallier les retards, le gouvernement congolais a, de son côté, annoncé dimanche l’arrivée de deux avions de types Hercules C-130 de l’armée égyptienne pour appuyer le déploiement du matériel électoral, détaille notre correspondant à Kinshasa, Patient Ligodi. Ces appareils compléteront une flotte composée d’autres moyens de transport des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et des hélicoptères de la Monusco.
Les avions, prêtés par l’armée égyptienne, sont reconnus par les experts du gouvernement pour leur polyvalence, leur robustesse, ainsi que leur capacité éprouvée à opérer dans divers environnements, que ce soit dans le cadre d’opérations militaires ou civiles à travers le monde. Leur réputation repose également sur leur aptitude à décoller et atterrir sur des pistes courtes, voire non préparées, ce qui correspond aux conditions du déploiement dans les zones les plus reculées de RDC.
Selon certains experts, deux avions peuvent s’avérer insuffisants, mais le gouvernement l’assure : d’autres moyens aériens de l’armée congolaise seront également mobilisés. Cependant, aucun détail supplémentaire n’a été fourni à ce sujet. En ce qui concerne les autres provinces, la mission onusienne indique qu’elle continue d’échanger avec la Céni pour préciser les besoins spécifiques et les destinations finales des équipements électoraux.