Pastef dénonce les dérives médiatiques et appelle à une régulation stricte de la presse

Dans un contexte marqué par une montée des tensions politiques et médiatiques au Sénégal, le Parti Pastef Les Patriotes a lancé une mise en garde contre ce qu’il considère comme des abus croissants dans l’espace médiatique. Dans un communiqué publié ce dimanche 23 mars, le parti a dénoncé avec fermeté la prolifération des injures publiques, des calomnies et des diffamations dans les médias. Il appelle ainsi les instances de régulation, notamment le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) et le Conseil pour l’Observation des Règles d’Éthique et de Déontologie dans les médias (CORED), à intervenir de manière plus stricte pour encadrer les dérives et rétablir un climat médiatique plus serein et responsable.

Le Parti Pastef, qui se veut garant d’un débat démocratique respectueux des normes éthiques, s’inquiète de la tournure qu’a pris le discours médiatique ces derniers mois. Selon lui, certains médias, au lieu de jouer leur rôle de pilier de la démocratie en relayant une information impartiale et équilibrée, participeraient à une surenchère verbale néfaste, où la diffamation, l’injure et la calomnie prennent le pas sur l’objectivité journalistique.

Le communiqué de Pastef insiste sur le fait que la liberté d’expression et de la presse ne doit en aucun cas être un prétexte pour justifier des dérives. Le parti dénonce notamment certaines émissions de télévision et certains chroniqueurs, qu’il accuse d’utiliser leur statut pour propager des discours haineux et des attaques personnelles contre des figures politiques et des institutions publiques.

« Ces injures publiques, proférées et tolérées par le silence complice de certaines rédactions, soulèvent des interrogations légitimes sur une éventuelle connivence entre certains médias et ces chroniqueurs-insulteurs », indique le communiqué. Pastef estime que certaines rédactions, en ne condamnant pas ces pratiques, cautionnent indirectement des comportements contraires aux principes d’éthique et de déontologie du journalisme.

Le parti met également en lumière une autre problématique : l’utilisation abusive du temps d’antenne sur les médias audiovisuels, en particulier les chaînes publiques, à des fins politiques. Il accuse certaines figures médiatiques de détourner l’information pour attaquer systématiquement des personnalités politiques opposées à leurs intérêts ou ceux de leurs alliés.

Pastef dénonce ainsi un manque d’impartialité dans le traitement de l’information, avec une couverture médiatique parfois orientée qui favoriserait certains acteurs politiques au détriment d’autres. Le parti considère cette situation comme une menace pour la démocratie et la crédibilité des médias, qui devraient, selon lui, garantir un traitement équitable de l’actualité politique et institutionnelle.

S’appuyant sur l’article 10 de la Constitution du Sénégal, qui garantit la liberté d’expression et de la presse tout en posant des limites claires, Pastef rappelle que ce droit fondamental ne doit pas être confondu avec une autorisation de diffamer ou d’insulter publiquement des individus ou des institutions.

Le communiqué insiste sur le fait que l’injure, la diffamation et la calomnie sont sévèrement punies par la loi, notamment par le Code pénal et le Code de la presse. Pastef considère qu’un renforcement des mécanismes de régulation est indispensable pour protéger la réputation des individus et garantir un climat médiatique basé sur la responsabilité et le professionnalisme.

Le parti se dit prêt à « utiliser toutes les voies de droit » pour faire cesser ce qu’il qualifie d’« incivilités et grossièretés » médiatiques, estimant que leur banalisation pourrait contribuer à une radicalisation du débat public et à une perte de confiance des citoyens envers les médias.

Enfin, Pastef exhorte le CNRA et le CORED à exercer pleinement leurs prérogatives en sanctionnant toute infraction aux règles d’éthique et de déontologie journalistique. Pour le parti, ces organismes doivent se montrer plus vigilants et réactifs afin de mettre fin aux dérives verbales qui ternissent l’image des médias et menacent la stabilité sociale du pays.

Crise des médias au Sénégal : Le CDEPS dénonce un état de siège sur la presse privée

La Maison de la Presse Babacar Touré, symbole de l’information et de la liberté d’expression au Sénégal, a été le théâtre d’un événement inédit ce matin. Le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) s’est vu refuser l’accès à la salle de conférence où devait se tenir un point de presse crucial sur la crise profonde que traverse le secteur des médias privés. Une situation dénoncée avec vigueur par le président du patronat de la presse sénégalaise, Mamadou Ibra Kane, qui accuse les autorités d’étouffer délibérément la presse privée.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye en mars 2024, le secteur des médias sénégalais connaît une détérioration sans précédent. Selon le CDEPS, des décisions économiques et administratives hostiles traduisent une volonté claire de marginaliser les entreprises de presse privées.

Lors de son intervention devant un parterre de journalistes réunis devant la Maison de la Presse, Mamadou Ibra Kane a mis en lumière les difficultés financières accrues auxquelles font face les médias privés. Parmi les principaux griefs, le patronat de la presse dénonce :

• Le refus d’effacement fiscal pour les entreprises touchées par la crise du Covid-19.

• L’absence de moratoires sur les dettes fiscales et sociales.

• La saisie des comptes bancaires de plusieurs organes de presse suite à des poursuites judiciaires.

À cela s’ajoute le non-paiement par l’État de dettes colossales envers les médias privés, estimées à plusieurs milliards de francs CFA. Ces dettes concernent notamment des contrats publicitaires annulés unilatéralement et des subventions à la presse pour l’année 2024 qui n’ont jamais été versées.

« Ces mesures ne sont pas accidentelles. Nous sommes face à une stratégie réfléchie pour liquider la presse privée au Sénégal », a martelé Mamadou Ibra Kane.

Outre l’asphyxie économique, le CDEPS dénonce une offensive administrative visant à restreindre la liberté d’expression. Désormais, seuls les médias agréés par le ministère de la Communication peuvent opérer légalement, une disposition qui exclut de facto plusieurs entreprises de presse.

Le refus d’accès à la Maison de la Presse illustre, selon le CDEPS, une escalade des tensions entre le gouvernement et les médias. Mamadou Ibra Kane a souligné l’absence de réponse de la direction de la Maison de la Presse, malgré les démarches habituelles pour organiser l’événement. « C’est une volonté manifeste de museler nos voix », a-t-il déclaré.

Le Sénégal, longtemps considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest, voit sa réputation entachée par ces atteintes à la liberté de la presse. « La presse est un pilier de la démocratie. La priver de ressources et de libertés, c’est menacer l’ensemble de la société sénégalaise », a averti Mamadou Ibra Kane.

Face à cette situation alarmante, le CDEPS appelle à une mobilisation nationale et internationale pour défendre le pluralisme médiatique et l’indépendance de la presse au Sénégal. Le patronat espère un soutien fort de la communauté internationale et des organisations de défense de la liberté de la presse pour faire pression sur le gouvernement sénégalais.

La crise actuelle marque un tournant pour le secteur des médias privés au Sénégal. Les acteurs de la presse sont plus que jamais déterminés à se battre pour préserver leurs droits et leur indépendance. Alors que la bataille ne fait que commencer, l’avenir de la liberté de la presse au Sénégal reste incertain, et les regards sont tournés vers le gouvernement pour un éventuel dialogue.

BADARA GADIAGA, MEILLEUR CHRONIQUEUR DE L’ANNÉE 2024 : Célébration d’une figure plurielle au service du Sénégal

Le journal « Le Dakarois Quotidien » sacre Badara Gadiaga « Meilleur Chroniqueur de l’année 2024 ». Ce titre, largement mérité, récompense non seulement son talent d’analyste politique mais aussi son immense contribution au rayonnement culturel et sportif du Sénégal.

« Le Dakarois Quotidien » a désigné Badara Gadiaga « Meilleur Chroniqueur de l’Année 2024 », consacrant ainsi une carrière remarquable et multiforme. Fils de feu Bathie Gadiaga, ancien secrétaire national chargé des Affaires sociales et religieuses du parti « Rewmi » et maire de Ngaye, Badara a grandi dans un environnement marqué par la politique. C’est donc naturellement qu’il a suivi les traces de son père en intégrant le parti « Rewmi où il a occupé pendant 16 ans des fonctions stratégiques au sein du Secrétariat national et de la Cellule de communication.
Cette immersion prolongée dans le monde politique a affûté son esprit d’analyse, lui permettant de devenir l’un des chroniqueurs politiques les plus respectés au Sénégal. C’est à travers l’émission « Jakaarlo Bi » sur TFM que le grand public a découvert son talent. Ses interventions, toujours basées sur des faits précis et irréfutables, sont un mélange de rigueur intellectuelle et de franchise. Toutefois, son franc-parler, loin de faire l’unanimité, a parfois suscité des réactions vives. L’incident du 15 novembre dernier, lors d’une confrontation avec les éléments de la sécurité de Boubacar Camara, ancien directeur des Douanes, illustre bien les risques de son engagement. Malgré les menaces, Badara Gadiaga reste fidèle à ses principes, refusant de céder à l’intimidation.
Parallèlement, Badara Gadiaga, c’est aussi un ambassadeur des valeurs sportives et culturelles du Sénégal. Passionné de football, il a marqué les esprits lors de la dernière Coupe d’Afrique des Nations (CAN) par ses analyses visionnaires, souvent confirmées par les performances des « Lions » du Sénégal.
Il a, d’autre part, œuvré pour la promotion de la lutte sénégalaise, en contribuant à la reconnaissance internationale de champions tels que Modou Lô. Grâce à son initiative, l’actuel « Roi des Arènes » a été décoré « Citoyen d’honneur » en 2013 par la ville de Compiègne, en France.
Sur le plan culturel, Badara Gadiaga joue également un rôle clé dans l’organisation de spectacles pour des icônes de la musique sénégalaise comme Youssou Ndour et Pape Diouf. Ses compétences en coordination événementielle ont permis la tenue réussie de grands concerts dans des lieux prestigieux tels que le Zénith et Bercy à Paris.
Ces réalisations montrent à suffisance son engagement à promouvoir le savoir-faire sénégalais sur la scène internationale.
Ce parcours exceptionnel fait de Badara Gadiaga une figure d’influence au Sénégal. Son investissement dans la politique, le sport, et la culture contribue à renforcer l’image du Sénégal dans le monde.
À cet effet, la distinction de « Meilleur Chroniqueur de l’Année 2024 » par « Le Dakarois Quotidien » célèbre non seulement son talent, mais aussi son dévouement à des causes qui transcendent les clivages. Badara Gadiaga incarne l’excellence sénégalaise dans toute sa diversité. Aujourd’hui, sa reconnaissance est le reflet d’une carrière marquée par le service de la Nation sénégalaise.


La Dakaroise

Régulation des médias au Sénégal : 690 déclarations enregistrées, mais seulement 112 médias reconnus pour l’instant

Le ministère de la Communication du Sénégal poursuit son processus de régulation des médias en vue d’assurer une conformité aux dispositions légales et réglementaires. Dans un communiqué publié récemment, le ministère a révélé que 307 nouvelles déclarations ont été enregistrées sur sa plateforme après l’expiration du délai de 72 heures imparti aux opérateurs de médias pour régulariser leur situation. Ce chiffre porte à 690 le nombre total de déclarations reçues depuis le début du processus.

Cependant, malgré cet afflux de déclarations, le nombre de médias officiellement reconnus reste pour l’heure fixé à 112, comme l’a annoncé le ministre Alioune Sall lors de la publication de la liste provisoire. Cette situation s’explique par plusieurs irrégularités constatées au sein des entreprises de médias déclarées.

Le ministère de la Communication a identifié plusieurs infractions graves, notamment :

• La cession illégale des autorisations d’exploitation de certains médias audiovisuels, en violation flagrante du Code de la presse.

• L’absence de signature du cahier des charges et des conventions obligatoires pour les Web TV, compromettant leur conformité réglementaire.

Ces manquements traduisent, selon le ministère, une nécessité d’approfondir les vérifications afin de garantir un secteur médiatique respectueux des lois et transparent dans son fonctionnement.

Pour résoudre ces problèmes, le ministère a fait appel à l’expertise du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) et du Ministère du Travail pour mener des investigations supplémentaires. Ces vérifications permettront de distinguer les médias qui remplissent les critères requis de ceux qui opèrent en dehors du cadre légal.

La publication de la liste finale des médias conformes sera effectuée une fois les vérifications achevées. Ce processus, selon les autorités, vise à garantir un paysage médiatique professionnel et structuré, tout en renforçant la crédibilité des organes de presse au Sénégal.

Ce contrôle rigoureux intervient dans un contexte où la régulation des médias est cruciale pour garantir leur indépendance et leur conformité aux exigences du métier. Toutefois, il soulève également des questions quant à la liberté de la presse et la pluralité des opinions dans le pays.

Le CDEPS dénonce des abus dans la publication de la liste des médias conformes au Code de la presse

Le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) a saisi la Cour Suprême pour demander l’annulation des arrêtés du ministre de la Communication relatifs à la publication de la liste des médias conformes au Code de la presse. Cette action juridique reflète les préoccupations grandissantes du patronat de presse face à ce qu’il qualifie d’abus de pouvoir et de menace sur la liberté d’expression au Sénégal.

Selon Mamadou Ibra Kane, membre influent du CDEPS, les médias concernés ont été confrontés à un délai de 72 heures pour compléter leurs dossiers, une période qu’il estime insuffisante. « Ce délai, qui incluait même les médias déjà enregistrés et ayant reçu des notifications pour compléter leur dossier, s’est avéré impraticable. Ces notifications, pour certaines, sont arrivées très tardivement, le jeudi et le vendredi, alors que le délai expirait déjà », a-t-il expliqué.

Cette situation a conduit plusieurs médias à ne pas pouvoir finaliser leurs démarches administratives à temps, les plaçant ainsi dans une position délicate face aux autorités.

Le CDEPS reproche également au ministère de la Communication de dépasser ses prérogatives. « Le rôle du ministère devrait se limiter à l’enregistrement des entreprises de presse. Or, il s’arroge le droit, de manière illégale, de déclarer quelles entreprises ou quels médias sont légaux », s’est insurgé Mamadou Ibra Kane.

Cette pratique, perçue comme un contrôle arbitraire, est dénoncée par les professionnels des médias comme une atteinte à la liberté de la presse, pourtant garantie par la Constitution sénégalaise et les traités internationaux signés par le pays.

Le CDEPS redoute que ces mesures restrictives ne compromettent la pluralité de l’information au Sénégal. La publication de la liste des médias conformes au Code de la presse pourrait être perçue comme un moyen de marginaliser certains acteurs, au profit de médias jugés plus « alignés » avec les autorités.

Pour rappel, le Code de la presse, adopté en 2017, a été salué pour ses avancées dans la régulation du secteur médiatique, mais critiqué pour certaines dispositions considérées comme restrictives.

Face à cette impasse, le CDEPS appelle à un dialogue ouvert entre les acteurs de la presse et le ministère de la Communication. L’objectif serait de garantir un cadre légal clair, équitable et respectueux des principes démocratiques.

Cette affaire met en lumière les tensions persistantes entre le gouvernement et les professionnels des médias au Sénégal, dans un contexte où la liberté de la presse reste un pilier essentiel de la démocratie.

EDITO COMMUN – TENTATIVE D’EXTERMINATION DES MEDIAS : L’HÉRÉSIE DU MONSTRE !

 » L’autoritarisme commence toujours par la police de la pensée et de l’opinion « , disait l’autre. En effet, depuis plusieurs mois, coïncidant avec l’avènement de l’Etat-Pastéfien, la presse sénégalaise vit ses heures les plus sombres. Rien ne justifie l’acharnement dont elle fait l’objet de la part des tenants du nouveau pouvoir. Non content d’avoir asphyxié financièrement la quasi-totalité des entreprises de presse, l’Etat-Pastéfien vient de déclarer la guerre totale aux « médias hostiles », en décidant de publier ce vendredi une short liste d’entreprises de presse « reconnues ». Pour être dans les starting-blocks, il faut avoir une ligne éditoriale politiquement correcte qui cadre avec les desiderata du Prince. Ce dernier a désormais droit de vie ou de mort sur les médias. Cette hérésie d’un autre âge se passe à Ndoumbélane, et nulle part ailleurs. L’Etat-Pastéfien ne s’interdit plus rien. Il a franchi le rubicon oubliant qu’au Sénégal, pays des libertés, la création d’un média n’est soumise à l’approbation d’aucune autorité administrative. Quid des « médias hostiles » ? C’est la géhenne: intimidation, mise en demeure, suspension, poursuites judiciaires… et la liste des sanctions prévues pour non conformité avec la vision du Grand Manitou, est loin d’être exhaustive. « On nous tue mais on ne nous déshonore pas ». La presse, comme le sphinx, renaît toujours de ses cendres. A bon entendeur, salut !


L’ASSOCIATION SÉNÉGALAISE DES ÉDITEURS DE LA PRESSE (ASEP)

Le Dakarois Quotidien & Le Dakarois Sports N°334 – du 28/11/2024

🔴 TENTATIVE D’EXTERMINATION DES MEDIAS : L’HÉRÉSIE DU MONSTRE !

🔴 SOIRÉE DE LIGUE DES CHAMPIONS : LIVERPOOL NOIE LE RÉAL MADRID – BENFICA L’EMPORTE SUR MONACO
🔴 CÔTE D’IVOIRE – COUPE CAF : JARAAF PERD LE NORD FACE À L’ASEC MIMOSAS

Médias reconnus par l’État : le bras de fer entre le ministère de la Communication et les patrons de presse

Le ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique (MCTN) du Sénégal a récemment annoncé son intention de publier, d’ici le 30 novembre, une liste des médias reconnus officiellement par l’État. Cette décision s’inscrit dans le cadre du processus d’enregistrement des entreprises de presse, amorcé par un arrêté ministériel daté du 1er octobre dernier. Cependant, cette initiative fait l’objet de vives critiques de la part des professionnels du secteur, qui la jugent contraire à la législation en vigueur.

Selon le communiqué du MCTN, cette démarche vise à clarifier le paysage médiatique sénégalais en établissant une liste des entreprises de presse dûment enregistrées. Le ministère assure que cette mesure permettra d’assainir le secteur et de lutter contre la prolifération des médias « informels ». Toutefois, cette annonce a suscité des réactions mitigées au sein des acteurs de la presse.

Mamadou Ibra Kane, président du Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (CDEPS), a exprimé son désaccord dans une interview accordée à L’Observateur. S’il reconnaît que l’arrêté ministériel s’appuie sur une base légale, il estime que cette initiative dépasse les prérogatives du ministère. « L’arrêté du ministre sur la partie concernant la validation des entreprises de presse est nul et de nul effet », a-t-il déclaré, dénonçant une atteinte à la liberté de la presse.

Pour Mamadou Ibra Kane, il est illégal pour une autorité administrative de délivrer des autorisations à des entreprises de presse. « Jamais une autorité administrative ne va donner l’autorisation à une entreprise de presse d’exercer sur le territoire national. Cela ne relève pas de sa compétence », a-t-il affirmé. Selon lui, la création d’un média relève de la libre initiative des entrepreneurs, sans nécessiter de validation préalable par une structure administrative.

Le président du CDEPS rappelle que la législation sénégalaise en matière de presse ne prévoit aucune obligation d’autorisation pour créer un média. Cette liberté est considérée comme un droit fondamental, garanti par la Constitution du Sénégal, qui protège la liberté d’expression et de la presse. En ce sens, l’initiative du ministère pourrait être perçue comme une tentative de contrôle excessif de l’État sur les médias, ce qui pourrait nuire à la diversité et à l’indépendance des voix médiatiques.

Les déclarations de Mamadou Ibra Kane ouvrent la voie à un possible affrontement entre les autorités étatiques et les organisations professionnelles de la presse. D’ores et déjà, des voix s’élèvent pour contester la légitimité de cet arrêté, qui pourrait faire l’objet de recours juridiques.

Cette situation intervient dans un contexte où le Sénégal, souvent considéré comme un bastion de la liberté de la presse en Afrique de l’Ouest, a vu son classement baisser dans l’indice mondial de la liberté de la presse ces dernières années. Certains observateurs craignent que cette initiative du ministère ne marque un recul supplémentaire en matière de libertés publiques.

Le ministère, de son côté, justifie cette mesure comme une étape nécessaire pour mieux organiser le secteur des médias au Sénégal, qui connaît une prolifération de nouveaux acteurs avec l’essor du numérique. « Il est important de s’assurer que les entreprises de presse respectent les normes établies, notamment en ce qui concerne la transparence financière et le respect des lois en vigueur », a déclaré un représentant du MCTN.

Cependant, pour les professionnels du secteur, cette régulation ne doit pas se faire au détriment des libertés fondamentales. Le CDEPS, à travers la voix de son président, appelle à une concertation plus large avec l’ensemble des parties prenantes pour définir un cadre légal respectueux des libertés tout en répondant aux défis du secteur.

Alors que la date butoir du 30 novembre approche, le débat sur la reconnaissance officielle des médias au Sénégal est loin d’être clos. Le bras de fer entre le ministère de la Communication et les acteurs de la presse pourrait bien se déplacer sur le terrain juridique. Dans un contexte où la liberté de la presse est perçue comme un baromètre de la démocratie, ce différend met en lumière les tensions persistantes entre volonté de régulation et respect des libertés.

Rappel du CNRA aux médias : Dispositions du code électoral pour la précampagne et la campagne électorale de 2024

Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a publié un communiqué, relayé par Dakaractu, visant à rappeler aux médias sénégalais les règles strictes à respecter durant les périodes de précampagne, de campagne électorale et la veille du scrutin, conformément aux dispositions du code électoral.

La précampagne débutera le vendredi 27 septembre 2024 à 00 heure et prendra fin le samedi 26 octobre 2024 à minuit. Durant cette période, le CNRA interdit toute diffusion par les médias – presse écrite, en ligne, radio et télévision – de manifestations ou déclarations publiques de soutien à un candidat, parti politique, ou coalition, qu’elles soient directes ou indirectes.

Cette interdiction s’étend à toutes les formes de communication, qu’elles soient émises par des individus, des associations ou tout autre groupe de personnes, quel que soit leur statut. De plus, les visites et tournées des autorités de l’État à caractère économique, social ou autre sur le territoire national ne doivent pas être utilisées pour véhiculer des messages politiques ou assimilables.

La campagne électorale officielle s’ouvrira le dimanche 27 octobre 2024 à 00 heure et se terminera le vendredi 15 novembre 2024 à minuit. Durant cette période, tous les médias sont soumis à des règles précises pour garantir une couverture équitable et équilibrée des différentes listes de candidats.

La RTS, à savoir la Radio Télévision Sénégalaise, est tenue de respecter le principe d’égalité dans le temps d’antenne accordé aux différentes listes de candidats. Cette obligation vise à assurer une représentation juste et non biaisée des divers acteurs politiques en compétition.

Quant aux autres médias, qu’ils soient privés ou en ligne, ils doivent également respecter les règles d’équité et d’équilibre dans la couverture des activités des candidats. Le CNRA rappelle l’importance de ces dispositions pour garantir un traitement impartial des informations, évitant ainsi toute forme de favoritisme ou de déséquilibre dans la couverture médiatique de la campagne.

La veille du scrutin, à partir du 16 novembre 2024 à 00 heure, et jusqu’à la fermeture des bureaux de vote, il est formellement interdit aux médias de diffuser ou rediffuser des activités pouvant être considérées comme des campagnes électorales. Cette interdiction vise à préserver la neutralité des dernières heures avant le vote et à éviter toute influence sur les électeurs.

Le CNRA appelle ainsi à la responsabilité de tous les acteurs concernés, les invitant à un strict respect de ces règles pour garantir la transparence et l’équité du processus électoral.

En conclusion, le CNRA réitère son engagement à assurer une régulation stricte de la couverture médiatique pendant cette période électorale cruciale pour le pays, tout en préservant les principes de pluralisme et d’équité.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE : Application de l’article 94 du Code de la presse : L’APPEL invite à une mise à jour du CNRA d’abord

L’Association des Éditeurs et Professionnels de la Presse en Ligne (APPEL) a appris à travers un communiqué que «le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) rappelle aux éditeurs, distributeurs et diffuseurs que selon l’article 94 de la loi n°2017-27 du 13 juillet 2017 portant Code de la presse : « L’exercice de toute activité d’édition, de distribution et de diffusion de services de communication audiovisuelle quelle que soit la technologie utilisée, est subordonné à une autorisation délivrée par le Ministre chargé de la Communication, après avis conforme de l’organe de régulation, dans les conditions définies par le présent Code». Elle est surprise que le CNRA attende maintenant pour rappeler cette importante disposition. Et pourtant, il a eu le temps d’organiser des concertations avec les radios et télévisions traditionnelles en février 2021 jusqu’à signer des conventions et cahiers de charges avec leurs directions. Pourquoi les éditeurs de la presse en ligne notamment des WebTV et WebRadio n’étaient pas conviés dans ces pourparlers ?

APPEL a, toujours, eu cette position de principe qui consiste à rappeler aux autorités compétente que le CNRA est caduque et qu’il ne peut plus assurer la régulation d’un secteur où le numérique a fini par s’imposer. Elle la réitère et demande ainsi à tous ses membres et acteurs de l’écosystème digital média à ne pas donner suite à cette injonction du CNRA.

L’article 94 du Code de la presse parle de « communication audiovisuelle quelle que soit la technologie utilisée ». Or, le CNRA est créé par la loi n° 2006-04 du 4 janvier 2006. A l’époque la presse en ligne était à ses balbutiements et les médias sociaux pas encore aussi développés en Afrique. Jusqu’à présent, ces textes n’ont pas fait l’objet de mise à jour malgré les prescriptions du Code de la presse. De plus, cette disposition énonce, mais il n’y a aucun encadrement prévu par les dispositions légales du CNRA qui précisent et fixent les conditions ainsi que les modalités d’application. Au-delà des normes, APPEL estime que ce communiqué de l’autorité de régulation devrait être précédé par des discussions afin d’étudier avec les acteurs les pièces et modalités de mise en œuvre de l’article 94 du Code.

Le Code de la presse qui est fortement en avance sur les textes du CNRA propose la création d’un nouvel organe de régulation adapté au contexte et aux enjeux de l’heure. L’avant-projet de loi instituant la Haute Autorité de Régulation des Communications Audiovisuelles (HARCA) a été adopté par consensus par les acteurs du secteur, le ministère de la communication, des membres du CNRA qui ont tous convenu qu’il faut désormais une régulation transversale, une autorité qui coiffe tous les types de médias avec des prérogatives étendues qui permettent de mettre de l’ordre durablement dans la profession.

Cette conviction est davantage motivée par l’article 229 dudit Code qui dispose : « le Conseil national de Régulation de l’Audiovisuel, organe de régulation au moment de l’adoption du présent Code, poursuit SA mission, jusqu’à l’installation du nouvel organe de régulation de la chaîne de valeur audiovisuelle».

Aussi, il serait surprenant que nos entreprises de presse soient soumis à la fois aux dispositions qui concernent la presse en ligne et à celles qui concernent la presse audiovisuelle. La presse en ligne, faut-il le rappeler, agrège plusieurs contenus : l’écrit, la photo et la vidéo. Et les autres supports utilisés (Facebook, X, youtube) ne sont que des réseaux sociaux affiliés au médias en ligne pour lui permettre de disséminer son contenu. D’où la nécessité de mettre en place un régulateur qui comprenne les enjeux et les spécificités de chaque type de médias.

Les Editeurs de la presse en ligne souhaitent se conformer à la loi. Ils n’ont de cesse de le clamer. Toutefois, ils appellent les nouvelles autorités à rouvrir les discussions sur l’avant-projet de la HARCA qui est au secrétariat général du gouvernement pour opérer les mises à jour nécessaires. C’est le moment d’engager ces travaux qui seront d’un grand apport dans la normalisation du secteur des médias.
Le Bureau Exécutif National de l’APPEL

MAISON DE LA PRESSE : Les grandioses projets du Dg Sambou BIAGUI pour les acteurs des médias

Le nouveau directeur général de la Maison de la presse Babacar Touré a rencontré, ce week-end, de nombreuses associations de la presse sénégalaise et étrangère pour leur présenter ses projets destinés aux acteurs des médias.
Cette rencontre de prise de contact et d’information a permis à Sambou Biagui de présenter ses grands chantiers qui vont, désormais, ouvrir les portes de la maison de la Presse à toute la presse.

Dans son agenda, il sera d’abord question de la mise en œuvre d’un centre de perfectionnement et de renforcement de capacité destiné aux professionnels de l’information et de la communication. Ce centre permettra de développer le Programme « BAATU WOLOF » pour faciliter aux jeunes journalistes une meilleure compréhension de la langue de « Kocc Barma » qui, il faut le reconnaître, occupe de nos jours, une place primordiale dans le milieu médiatique.

Ensuite, sera mis en œuvre un programme intitulé « Carte Presse » qui devra permettre aux journalistes écrivains de mieux vulgariser leurs œuvres avec des séances de dédicaces et de présentation en partenariat avec les services de la Maison de la Presse Babacar Touré (MPBT).

Le nouveau Dg mettra aussi en compétition « le prix Babacar Touré », l’un de ses projets phares. Ce prix sanctionnera positivement l’entreprise de presse qui se sera occupé le mieux de ses employés sur le plan professionnel, organisationnel et social.

Parmi ses grandioses projets, figure en grande place l’organisation prochaine de la première édition du Salon International des Médias d’Afrique (SIMA) qui sera lancé au courant l’année 2025 en partenariat avec le ministère de la Communication et de la Culture du Sénégal.

Est aussi inscrit dans l’agenda de M. Biagui, le projet de dotation de siège ou de local aux Associations de Presse qui ne sont pas encore bénéficiaire à la MPBT pour servir de bureaux pour leurs réunions.

Le Dg de la Maison de la presse annonce également la mise en place d’un restaurant au 8ème étage, sur la terrasse panoramique avec un service de haute qualité et une parfaite vue sur mer dont les tarifs seront subventionnés par la MPBT dont l’ouverture est prévue le 1er Août prochain pour tous les professionnels de l’information et de la communication ainsi que le personnel de la MPBT et de l’Agence de Presse Sénégalaise (APS).

A signaler aussi que le grand hall du rez-de-chaussée où se trouvait le restaurant sera transformé à un espace média avec toutes les commodités où les professionnels des médias pourront passer après un reportage au centre ville pour écrire leurs papiers et l’envoyer à leurs rédactions.

Parmi les projets phares de Sambou Biagui, on peut aussi noter sa volonté d’une prise en charge médicale de certains cas particuliers par la Maison de la presse pour l’allègement des factures médicales et le bien être des journalistes.

Une visite guidée des locaux de la MPBT, notamment, l’emplacement du nouveau restaurant au 8ème étage, des chambres et du hall qui va abriter l’espace média, a été le clou de la rencontre avec les associations de presse.

A. Saleh

Le torchon brûle entre la presse Bissau-guinéenne et le président Umaro Sissoco Embaló

Dans un communiqué paru avant hier (dimanche 14 juillet 2024), le Syndicat des Journalistes et Techniciens de la Communication Sociale de Guinée Bissau exhorte le Président de la République Umaro Sissoco Embaló, à améliorer son comportement social et professionnel et surtout à avoir un respect particulier pour les professionnels de la Communication Sociale qui promeuvent et « lapident systématiquement » leur image publique.

Le président Sissoco a répondu au journaliste avec des grossièretés sur les élections
DW (Deutsche Welle) | Braima Darame | Luse | tm

À son retour de Chine, le chef de l’État guinéen a proféré des injures à l’égard d’un journaliste lorsqu’il l’a interrogé sur les élections présidentielles. Le syndicat appelle au boycott de Sissoco.

Lors de déclarations à la presse, à l’aéroport international Osvaldo Vieira, à Bissau, le journaliste en question a demandé à Sissoco pourquoi il était déterminé à programmer des élections législatives, alors que les partis d’opposition réclamaient des élections présidentielles pour novembre. Le président guinéen a répondu par des grossièretés : « allez au diable »

A la suite du communiqué de protestation Syndicat des Journalistes et Techniciens de la Communication Sociale de Guinée Bissau, l’union des journalistes angolais répudie les attaques du président Umaro Sissoco Embaló contre les journalistes de Guinée Bissau, en apportant sa soutien à leurs confrères de Bissau à travers un communiqué publié hier lundi 15 juillet 2024.

Le Syndicat des Journalistes Angolais (SJA) exprime son soutien au Syndicat des Journalistes de Guinée-Bissau et à ses membres, qui ont été la cible des attaques du Président de la République, Umaro Sissoco Embaló.

Le SJA souligne que même si le président Embaló a le droit de refuser des déclarations à la presse, cela ne lui donne pas le droit d’insulter les journalistes.

La position adoptée par le Président est considérée comme basse et inappropriée pour un chef d’État ou toute autre autorité publique.

En solidarité, le SJA encourage les journalistes guinéens à suivre le boycott déterminé par leur syndicat, car un leader avec le comportement d’Umaro Sissoco Embaló ne mérite pas l’attention et le respect de la classe journalistique.

AS – Le Dakarois Ziguinchor


AS – Le Dakarois Ziguinchor

Ousmane Sonko et la presse, une relation d’amour-haine !

Il n’y a aucun doute : entre la presse et le Premier ministre Ousmane Sonko, c’est du « je t’aime, moi non plus ». La polémique autour de la dette fiscale de certains groupes de presse, en dépit de la mesure ou promesse faite par le président sortant Macky Sall de l’effacer, et la convocation de deux journalistes pour des informations relayées dans l’affaire relative à l’affectation du Général Souleymane Kandé à New Delhi, en ont rajouté une couche. Et le Rubicon semble franchi quand Ousmane Sonko, dans une déclaration, en perspective de la journée du nettoiement de ce 1er juin, a encore lancé des piques à l’endroit des professionnels des médias. Il estime ainsi qu’il n’a « pas à rendre compte ni aux journalistes, ni aux politiques », mais seulement au peuple, oubliant sûrement que les acteurs de la presse et les membres de la classe politique font partie intégrante du peuple. 

Conséquence, cette nouvelle pique est prise par beaucoup de professionnels de l’information comme l’ouverture (ou la reprise ?) des hostilités entre le patron de Pastef et la presse nationale. Paradoxe. 

Car Ousmane Sonko, tout comme l’essentiel des hommes politiques sénégalais, s’est dès le début, entouré de journalistes qui s’occupent de sa communication. Les nouvelles nominations en disent long ! Il a donc très tôt compris que pour réussir dans sa carrière politique, la presse constitue le principal levier sur lequel il devait s’appuyer. D’ailleurs, combien de fois a-t-on entendu des citoyens dire que le leader de Pastef a été créé de toute pièce par la presse, ou encore qu’il est le ‘’chouchou‘’ des journalistes qualifiés quelquefois de ‘’disciples’’ de Sonko ?

Ce n’est pas un hasard si Ousmane Sonko est devenu l’homme politique sénégalais le plus médiatisé. Et cette « proximité » avec l’ex-pensionnaire du Cap Manuel a poussé des responsables du défunt régime à accuser, à tort ou à raison, la presse de « rouler » pour l’ancien inspecteur des impôts et domaines. Celui-ci, visiblement allergique aux informations en sa défaveur, n’a jamais raté l’occasion pour critiquer sévèrement « une certaine presse » qu’il taxe de « corrompue ».

Aussi, rappelons-le, dans ses nombreuses sorties, l’opposant d’alors a de très rares fois daigné accorder une seule seconde aux nombreux journalistes qui s’attendaient, à chaque fois, des questions-réponses. Face aux critiques, il aimait rappeler que son message passe avec « la magie » des réseaux sociaux, faisant croire à beaucoup de ses sympathisants qu’ils peuvent se passer des médias classiques.

Au-delà des paroles, pas mal d’actes pris par Ousmane Sonko lui-même ont conforté cette sorte de relation d’amour-haine entre l’actuel chef du gouvernement et les médias sénégalais. 

En juin 2022, le leader du Pastef s’est fendu d’une série de tweets pour sévèrement critiquer le traitement médiatique de certains dossiers par la presse nationale. Ousmane Sonko dénonçait ainsi le fait qu’elle ne s’intéressait pas assez, à ses yeux, à des sujets d’intérêt public. Il va même jusqu’à reprocher à certains organes de presse de se comporter comme la sinistre Radio des Mille Collines. « Est-ce trop que de demander à la presse sénégalaise de relever le niveau du débat au lieu de diffuser haine et attaque contre la vie privée, etc ? ».

Une question qui n’a pas d’ailleurs laissé de marbre le directeur général du groupe Emedia Invest. En guise de réponse, Mamoudou Ibra Kane l’a invité à se joindre à lui dans sa traditionnelle messe dominicale, le Jury du dimanche. Pas de réponse !

Quatre années plus tôt, soit en juin 2018, il a encore tiré à boulets rouges sur la « presse [qui] s’est employée à un traitement minimal, sinon nul », de l’accord gazier entre le Sénégal et la Mauritanie, qu’il considérait comme un important tournant de notre pays et ses impacts sur nos intérêts stratégiques actuels et futurs.

Pour beaucoup de ses ouailles, si, aujourd’hui, Ousmane Sonko a obtenu cette aura politique, c’est grâce aux réseaux sociaux. De l’autre côté, pas mal de journalistes regrettent le fait qu’à chaque fois, ce sont eux-mêmes, qui traitent et diffusent les sorties de l’ancien député. Même si, ce dernier répète, à chaque fois, n’avoir « aucun problème avec la presse ».

La presse, va-t-elle vivre ce qu’elle a vécu sous Macky Sall ? En tout cas, même si le chef de l’Etat Bassirou Diomaye Faye a rendu un hommage appuyé aux professionnels des médias à l’occasion de la journée du 3 mai dernier, la dernière sortie de Dame Mbodj, proche du tandem Diomaye-Sonko, laisse présager des relations tendues. L’enseignant-syndicaliste et directeur général de la société Sogip Sa a, sur un ton menaçant, souligné que le régime allait « fermer les groupes de presse qui donneront des informations qu’ils ne devront pas donner ». Un discours va-t-en guerre qui risque d’empirer les rapports entre l’Exécutif et le quatrième pouvoir.

Quoi qu’il en soit, feu, le Cardinal Hyacinthe Thiandoum affirmait que « la liberté d’informer juste et vrai, accordée au journaliste dans l’exercice de son métier, constitue le rempart ultime de la citadelle de toutes les libertés. Si on y porte atteinte, on s’achemine tout droit vers la dictature et le terrorisme ».

Les médias dont le rôle premier est d’éduquer les populations, de véhiculer des informations et de former une opinion, sont et demeurent indispensables dans une démocratie comme la nôtre. La presse contribue à forger des centres d’intérêt communs, construire des réflexes identitaires, voire des sentiments de solidarité, ne serait-ce qu’en couvrant pour l’ensemble des citoyens d’un pays la même actualité politique.

Opposants, ils sont pratiquement tous bons, mais chaque régime avec ses propres appréhensions à l’égard de ce secteur si important. Pire, au-delà de l’inexistence d’un cadre juridique viable pour encadrer la profession, le journaliste a toujours été la cible de ceux-là qui, pourtant, sont censés le protéger dans des circonstances pareilles. C’est devenu une tradition au Sénégal : la presse est indésirable, lors des manifestations populaires. Pourtant, c’est elle qui « porte » dignement les revendications des autres. C’est la voix des sans voix. Elle est sollicitée, partout, à n’importe quelle heure. Elle « fabrique » même de futurs présidents de la République. Comme elle sait en « détruire », me répondrait-on. C’est selon le bord politique.

Mais chez nous, c’est cette même presse qui est fortement critiquée, vilipendée, matée, traquée, bâillonnée, accusée, et souvent gratuitement. Elle a donc bon dos. 

Le Dakarois Quotidien & Le Dakarois Sports N°189 – du 31/05/2024

🔴 ARRESTATIONS DE DIRECTEURS DE PUBLICATION : LA PRESSE S’ÉRIGE EN BOUCLIER
🔴 Coopération Bilatérale : Le Sénégal attendu de recevoir 100 Milliards de FCFA avant fin 2024

🔴 Primes des Lions : La Ministre des Sports propose de changer la règle
🔴 Foot-Cameroun : Samuel Eto’o présente ses excuses et maintient Marc Brys

Violences contre des journalistes : Le Forum civil exprime sa condamnation

Birahim Seck, le coordonnateur du Forum civil, a exprimé son inquiétude face aux événements récents au Sénégal, notamment les actes de violence perpétrés contre des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions.

Dans un tweet, Birahim Seck a condamné fermement ces agressions contre l’intégrité physique des journalistes et a assuré ces derniers du soutien indéfectible du Forum civil. Il a spécifiquement mentionné Absa Hane de Seneweb, tout en exprimant sa solidarité envers tous les professionnels des médias qui ont été persécutés.

Cette déclaration du Forum civil souligne l’importance de protéger la liberté de la presse et l’intégrité des journalistes, qui jouent un rôle crucial dans la démocratie en informant le public et en rendant compte des événements d’intérêt public.

Solidarité des médias de Saint-Louis avec Walfadjri : Appel au rétablissement de la liberté de la presse

Les médias de Saint-Louis ont manifesté leur soutien au groupe de presse Walfadjri, suite au retrait de sa licence de télévision en raison des tensions politiques au Sénégal. Réunis sur la place Baye Ndar, les acteurs des médias ont exprimé leur solidarité avec le groupe fondé par feu Sidy Lamine Niasse.

Dans un mémorandum, les journalistes, cameramen et techniciens des médias ont vivement dénoncé la décision de l’État sénégalais, critiquant le ministre de tutelle, Me Moussa Bocar Thiam, pour ne pas avoir protégé la liberté de la presse. Ils ont accusé le gouvernement d’essayer de réduire au silence les professionnels des médias en suspendant le signal de Walf TV et en retirant sa licence.

Les signataires ont fermement rejeté cette atteinte à la liberté de la presse, qualifiant la situation d’inacceptable mascarade. Ils ont rappelé au président Macky Sall et à son gouvernement que la presse n’est pas l’ennemie de l’État et ont exigé le rétablissement immédiat du signal de Walf TV ainsi que la levée de la suspension de sa licence.

Cet appel souligne l’importance cruciale de la liberté de la presse dans toute société démocratique et met en lumière les défis persistants auxquels sont confrontés les médias au Sénégal.

TELECOMMUNICATIONS / L’ARTP tire un bilan « remarquable » d’une décennie de régulation

Le secrétaire général de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP), Yellamine Goumbala, a qualifié, mardi, de  »remarquable », le bilan de cette structure étatique de contrôle ces dix dernières années (2014- 2024).

 »L’ARTP a eu un bilan remarquable qui a permis de mettre notre pays au rang des nations qui ont réussi le virage du numérique, à travers des technologies comme la 3G, la 4G et maintenant la 5G », a dit Yellamine Goumbala.

Il présidait l’ouverture du 7-ème Forum de partage et d’échanges avec des professionnels des médias sur les secteurs régulés, qui se tient à Saly-Portudal (Mbour), à l’initiative de l’ARTP.

« Depuis 2001, pas moins de cinq textes ont modifié ses missions, élargi ses compétences et adapté ses modes de fonctionnement, jusqu’à la loi de 2018 portant Code des communications électroniques », a ajouté M. Goumbala.

Dans la période 2014, a-t-il poursuivi,  »beaucoup de projets ont été coordonnés et déroulés par l’ARTP ».

Il a notamment cité la mise en place d’un centre de supervision du trafic des opérateurs et de la lutte contre la fraude, la participation aux travaux sur la TNT et l’attribution de fréquences pour le système de communication du Train Express Régional (TER).

Le responsable de l’ARTP a listé « l’encadrement des promotions par décision de l’ARTP » parmi les projets coordonnés et déroulés depuis 2014, de même que « le réaménagement des bandes de fréquences 2,6 GHz et 800 MHz pour disposer des ressources nécessaires à l’exploitation de la 4G par les opérateurs, et la mise en place du Free Roaming en Afrique de l’Ouest ».

Pour l’année 2023 , Yellamine Goumbala a souligné que « 10 nouvelles priorités ont été érigés en projets  urgents », avant d’ajouter que « 95% des actions ont été réalisées dont l’extension successive du périmètre des licences de SONATEL et de Free à la technologie 5G , la mise en place du Roaming national, la certification de l’ARTP à la norme ISO 9001 / 2015″.

 »Pour les 23 ans d’existence de l’ARTP, le directeur général a décliné 10 priorités pour l’Autorité en 2024 », a fait savoir le secrétaire général de la structure.

SENEGAL-MEDIAS -REPORTAGE / A Dakar, les médias peaufinent leur plan de couverture de la CAN et de la présidentielle

Avoir de la matière. Cette expression trouve tout son sens dans le journalisme où elle est même rangée dans le registre du jargon. Et de la matière, la presse sénégalaise ne pouvait rêver mieux. Deux actualités la lui offrent :  la trente-quatrième Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football, en Côte d’Ivoire, qui démarre ce samedi, et l’élection présidentielle du 25 février.

Deux évènements qui feront battre le pouls du Sénégal pendant deux mois. Pour le premier, qui se tient du 13 janvier au 11 février, le Sénégal aura à cœur de défendre son titre de champion d’Afrique. Pour le second, il s’agira de choisir, le 25 février, l’homme ou la femme qui présidera aux destinées du pays durant les cinq prochaines années.

Du pain béni pour les rédactions sénégalaises. Dans deux d’entre elles, le quotidien L’Observateur et le site d’informations Seneweb, sises à Dakar, on a presque fini de peaufiner les plans de couverture de ces deux évènements, qui se chevauchent quasiment. En effet, si l’équipe nationale du Sénégal arrive jusqu’à la finale de la compétition, l’on sera dans le même temps dans la ferveur de la CAN et de la campagne électorale qui démarre le 4 février.

A L’Observateur, quotidien dakarois parmi les plus forts tirages, la coïncidence entre la compétition continentale de football et le début de la campagne pour le scrutin présidentiel sénégalais ne signifie pas une plus grande pression pour l’équipe éditoriale.

‘’L’expérience des grands évènements’’

‘’Nous avons l’expérience des grands évènements avec des journalistes qui ont l’habitude de couvrir la CAN et les échéances électorales sénégalaises’’, confie, sans fausse modestie, Saliou Gackou, le rédacteur en chef.

En cette veille de CAN, le service des Sports est évidemment mis en première ligne. Son principal responsable, Idrissa Sané, a déjà la tête en Côte d’Ivoire. Il devrait y aller en compagnie d’un autre journaliste et d’un photographe. La politique des quotas établie par la Confédération africaine de football pour faire face à un nombre record de demandes d’accréditation, en hausse de 90% par rapport à l’édition précédente, au Cameroun, ne permet pas à son journal d’envoyer une équipe plus conséquente de reporters.

Pour autant, Sané, quatre CAN et deux Coupe du monde à son actif, maintient intact son enthousiasme. ‘’Il faut se réinventer à chaque CAN pour offrir à nos lecteurs une bonne couverture – nous le leur devons, mais également rivaliser avec la concurrence’’, dit-il.

A en croire son rédacteur en chef, Gackou, ‘’L’Observateur mettra l’accent sur des papiers découvertes et des papiers magazine’’. ‘’Comme nous l’avions fait lors de la dernière édition, en 2019, avec des plongées dans les familles de joueurs’’, renchérit Sané, qui se remémore ‘’l’immersion’’, un reportage de leur correspondant à Louga (nord), dans la famille de Pape Guèye, le milieu de terrain sénégalais.

‘’Pour la présente, nous privilégierons les dossiers, les reportages, les enquêtes et portraits, notamment dans les pays voisins qui partagent le même groupe à la CAN avec le Sénégal : la Gambie et la Guinée’’, ajoute Gakou. ‘’Il s’agit de faire plus que ce que nous avions l’habitude de faire, c’est-à-dire ne pas seulement se limiter aux comptes-rendus de matchs et à ce qui tourne seulement autour de la compétition. L’instantanéité de la radio et de la télé, qui a l’avantage de montrer des images, nous commande d’aller au-delà », poursuit-il.

Une couverture décalée

Pour la campagne électorale et le scrutin proprement dit, ‘’nous avons concocté un plan de couverture avec des innovations que je ne vais pas divulguer, bien entendu’’, fait savoir Gackou, avec un léger sourire. L’homme n’est pas très disert. De sa voix posée, il répond néanmoins à toutes les questions sans trop entrer dans les détails.

Une prudence compréhensible, sans doute guidée par la volonté de ne pas dévoiler la cuisine interne de son canard. Tout juste consent-il à dire que ‘’les journalistes des autres desks seront mis à contribution pour la couverture, de même que nos dix correspondants dans les régions, et les journalistes de tout le groupe Futures Médias’’, qui compte également en son sein une radio, une télé et un site d’informations.

A Seneweb, l’un des médias en ligne sénégalais les plus visités, on met les bouchées doubles pour assurer une bonne couverture de la CAN et de la présidentielle. Le site éponyme et la chaîne Youtube du média sont en pleins préparatifs. Pour l’évènement footballistique, ‘’nous avons pris les dispositions idoines’’, assure le rédacteur en chef, Adama Ndiaye. Plus précisément, ‘’une équipe d’une dizaine de journalistes et de cadreurs sera dépêchée en Côte d’Ivoire’’. Dans ce groupe d’envoyés spéciaux figurent même des présentateurs, car ‘’il est prévu de réaliser des plateaux télé’’, ajoute-t-il.

Pour mettre tout ce beau monde dans les meilleures conditions de travail, ‘’Seneweb a pris en location ses propres locaux, à Abidjan et à Yamoussoukro’’, confie ce jeune rédacteur en chef, passé par Nouvel Horizon et Intelligences Magazine. Il ajoute : ‘’Nos équipes resteront jusqu’à la fin de la compétition, quels que soient les résultats obtenus par l’équipe du Sénégal’’. D’ores et déjà, quelques journalistes et cadreurs sont sur place, appuyés par la rédaction d’Ivoire Matin, l’autre site d’informations de Seneweb ouvert à Abidjan.

Bien que le média en ligne dakarois n’ait pas encore arrêté un plan définitif de couverture de la présidentielle, ‘’la rédaction multiplie les réunions, en attendant la publication de la liste définitive des candidats’’, précise Adama. Mais, jure-t-il, ‘’ça sera une couverture qui sortira de l’ordinaire’’.

De nouvelles rubriques pour la CAN  

A Seneweb, l’équipe éditoriale a fait preuve de créativité. ‘’Pour la CAN, nous avons lancé de nouvelles rubriques dont certaines, +En route pour la CAN+, par exemple, ont déjà démarré »’, informe le chef de la rédaction. ‘’En plus des reportages sur la CAN, des chroniques, des entretiens avec des spécialistes du football’’, ses équipes en réaliseront de plus ‘’décalés, sur la vie de tous les jours dans des villes ivoiriennes. Nous allons prendre l’accent ivoirien’’, sourit-il. Le nouchi – ce savoureux argot, mélange de dioula, de français et de malinké parlé notamment par les jeunes au pays d’Ahmadou Kourouma ? Voire.

Toujours est-il que ‘’la rédaction de Seneweb organisera des plateaux spéciaux, diffusera des duplex sur sa chaîne YouTube’’, fait savoir Adama. L’un des journalistes préposés à leur animation piaffe d’impatience à l’idée de les présenter. Ndèye Astou Konaté, journaliste multitâches, n’est pas du genre à se limiter à un seul desk. Elle rédige des articles pour le site internet et anime des émissions sur la chaîne YouTube. ‘’Je suis polyvalente’’, dit-elle, dans un sourire à faire fondre le plus obtus des prédicateurs.

C’est pour cette polyvalence qu’elle a été choisie pour faire partie de la délégation devant se rendre en Côte d’Ivoire. Dans la spacieuse salle de rédaction de Seneweb, où elle reçoit, un détail a toute son importance : la prédominance de journalistes féminins…

À Abidjan, la capitale économique ivoirienne et à Yamoussoukro, le camp de base de l’équipe nationale du Sénégal, qui abrite la célèbre basilique Notre-Dame-de-la Paix, Ndèye Astou s’acquittera, ‘’bien sûr de la couverture de la CAN proprement dite, mais également de la production de sujets décalés, plus softs, portant sur des volets sociaux, culturels, économiques, le quotidien de villes ivoiriennes’’. Sans doute de quartiers emblématiques d’Abidjan (Cocody, la coquette ; Treichville, le quartier le plus sénégalais de Côte d’Ivoire ; la populaire et noctambule Yopougon …).

La journaliste n’est pas novice dans la couverture de la CAN. Elle en sera à sa deuxième, après celle qui a vu les  »Lions » du Sénégal remporter au Cameroun, le premier titre continental de leur histoire. Sans se risquer à un pronostic, elle croit toutefois en leur chance, et ‘’espère que la bande à Sadio Mané rééditera le coup de 2019’’.

Le coût de l’investissement humain et logistique  

Pour réussir l’ambitieux pari d’une couverture inoubliable de la CAN et de la présidentielle, Seneweb n’a pas hésité à casser sa tirelire pour renforcer son équipe éditoriale et ses moyens logistiques. Selon le rédacteur en chef, ‘’ des recrutements et des acquisitions de nouveaux matériels vidéo ont été opérés pour la couverture des deux évènements’’. Et le média n’entend pas s’arrêter là. A en croire Adama, ‘’l’objectif est d’avoir jusqu’à une quinzaine de nouveaux collaborateurs : des rédacteurs et des cadreurs, pour également étoffer notre équipe de veille à la rédaction centrale et assurer un plus large maillage du territoire avec plus de correspondants régionaux.’’

Dans le cadre de ces recrutements et le financement de la couverture de la CAN, l’équipe commerciale de Seneweb, sous la houlette de Mme Diallo Fatou Kiné Diouf, a fait preuve d’ingéniosité. ‘’Rien que pour la CAN, un budget prévisionnel de plus d’une dizaine de millions de francs CFA est exécuté sous forme de préfinancement sur fonds propres, après nous être assuré de l’apport des sponsors et de nos partenaires’’, explique-t-elle.

Elle sera d’ailleurs du déplacement en côte d’Ivoire pour démarcher de nouveaux prospects, ‘’convaincre certains annonceurs partis en Côte d’Ivoire à cause des évènements politico-judiciaires sanglants de mars 2021’’.

Pour Mme Diallo, le plus grand rendez-vous évènementiel du continent, dans la première puissance économique de la zone ouest-africaine, de surcroît, offre de réelles opportunités marketing.

En attendant, dans les rédactions de Seneweb et de L’Observateur, les plans de couverture de la CAN ivoirienne et de la présidentielle sénégalaise sont déjà peaufinés et les journalistes fins prêts.

APS

SENEGAL-POLITIQUE-MEDIAS / Thiès: divers acteurs lancent un appel pour une élection présidentielle apaisée

Des acteurs politiques, des hommes de médias, des religieux et des membres de la société civile ont uni leurs voix lors d’un panel, vendredi à Thiès, pour appeler à une élection présidentielle apaisée le 25 février 2024, a constaté l’APS.

Ils s’étaient retrouvés dans un hôtel de la capitale du rail, au deuxième jour des “ 72 heures de la presse locale“, une série d’activités initiées par l’Association de la presse locale de Thiès (APL), et lancées jeudi par le gouverneur Mamadou Oumar Baldé.

Lors d’un panel sur le thème : “La presse face aux défis de la présidentielle », des représentants de partis de la mouvance présidentielle et de l’opposition, comme l’APR, le Rewmi, le PDS, Jammi Rewmi, la Plateforme pour le développement local Njerinu askan-wi, dont le responsable est aussi candidat à la présidentielle, entre autres, ont insisté sur l’impérieuse nécessité de préserver la stabilité du pays.

Ils ont aussi diagnostiqué les causes de violences en période d’élection, en insistant sur le rôle de la presse.

Décrivant la délicatesse du contexte dans lequel doit se tenir le scrutin présidentiel, Maodo Malick Mbaye, un responsable de l’APR qui a préféré intervenir en tant que médiateur, a fait part de ses craintes.

 »J’ai peur et je sais pourquoi j’ai peur », a-t-il dit, faisant remarquer que jamais une élection présidentielle sénégalaise n’a été organisée auparavant avec “autant de floraison de médias et de réseaux sociaux ».

Ces échéances électorales se tiendront dans un climat où “on ne se parle plus, on se crache dessus, on ne communique plus, on s’invective“, avec à la clef, un  »appel à la haine », qui commence à se faire entendre, a-t-il poursuivi.

Les participants ont aussi pris en compte, dans leur analyse situationnelle la perspective d’exploitation du gaz et du pétrole, à un moment où le Sénégal est entouré d’une “ceinture de feu“.

Autant d’ingrédients qui fondent Maodo Malick Mbaye, journaliste de formation, à croire que l’on s’achemine vers une “élection à haut risque“ et à prôner “la censure et l’autocensure“.

Le modérateur de la rencontre, Abdoul Aziz Diop du Forum civil a évoqué avec  »nostalgie » ce Sénégal où la rivalité politique était policée, où les candidats se donnaient des sobriquets “sans animosité“. “C’est ce Sénégal-là dont nous sommes nostalgiques », a-t-il dit.

“L’exception sénégalaise, c’est aussi, a-t-il poursuivi, ce dialogue interreligieux, inter-confrérique, interethnique », où le premier président sénégalais d’obédience chrétienne, à la tête du pays pendant vingt ans, avait parmi “ses principaux soutiens“, des chefs religieux musulmans.

Un objectif qu’avait, d’emblée, campé Pierre Pouye, président du comité d’organisation des “72 heures de la presse locale“.

 »Nous voulons lancer un appel (à la paix) à partir de Thiès, pour que cela fasse tâche d’huile à travers le pays“, a-t-il dit, avant de rappeler : “nous sommes d’abord des citoyens avant d’être des journalistes“. Il n’a pas manqué d’évoquer à quel point les journalistes, à l’instar de toutes les couches de la population ont été affectés par les évènements politiques que le pays a connus ces dernières années et qu’ils ne souhaitent plus revivre.

Pouye a souligné la “grande responsabilité“ de la presse dans la stabilité du pays, tout comme celle des autres entités de la société, qui doivent chacune jouer sa partition pour préserver le pays de tout chaos.

Pour lui, cette  »alerte » était destinée à faire prendre conscience à tous les acteurs que le Sénégal survivra à la présidentielle du 25 février 2024.

Mor Talla Ndiéguène, qui était venu représenter son père Serigne Mounirou Ndiéguène le khalife de Keur Mame Elhadji, a relevé que la prochaine présidentielle, partie pour être “la plus disputée“ de l’histoire du pays, sera un scrutin dans lequel “la clarté du discours sera déterminante“.

Les pratiques politiques anciennes de promesses et de manipulation sont démodées, a-t-il laissé entendre, car au-delà du Sénégal, “le monde s’est réveillé (suite à) un bouleversement cosmique et cosmologique“.

Vu leur position d’interface entre les candidats et les électeurs et leur rôle dans le façonnement de l’opinion, les journalistes ont été surtout invités à la responsabilité, à la sélection dans la distribution de la parole publique, au respect de l’éthique et de la déontologie.

Certains participants ont recommandé aux hommes de média de se spécialiser davantage, pour mieux maîtriser les sujets qu’ils sont appelés à traiter, et donner ainsi de la plus-value à leurs productions.

Le journaliste Cheikh Diop de la RTS (télévision nationale) a, pour sa part, tenu à relativiser la supposée menace qui planerait sur le pays lors de la prochaine présidentielle, rappelant que le Sénégal est une vieille démocratie où les gens votent depuis le 19-ème siècle. Il a appelé la presse à ne pas accepter d’être  »mis dans le carcan » consistant à penser que la présidentielle de 2024 sera la plus violente de toutes.

Convoquant l’histoire, il a noté que le Bloc démocratique sénégalais (BDS) de Senghor et la SFIO de Lamine Guèye s’étaient livré une bataille sanglante, faisant des morts dans le cadre d’une élection, avant l’indépendance. L’élection de 1988 avait aussi donné lieu à des violences, a-t-il rappelé.

Par contre, les scrutins de 2000, 2012, 2019, pour lesquels des “scénarios catastrophes“ avaient été prédits, s’étaient déroulés sans heurts, les électeurs sénégalais ayant démontré leur maturité.

Il a souligné parmi les maux à mettre en exergue pour avoir une  »presse de qualité », la  »précarité » des hommes  de média, mais aussi la  »prolifération d’écoles de journalisme » dont le choix des formateurs laisse à désirer.

Cheikh Diop a invité les journalistes à  »faire de la recherche pour se cultiver », estimant que même sans spécialisation, des supports existent sur Internet pour permettre au journaliste de se faire un background et avoir la  »posture » attendue de lui.

Pour Abdoul Aziz Diop du Forum civil, cet  »appel de Thiès » qui tenait lieu de  »pacte verbal de non-violence », n’était qu’un premier pas que les autres régions du pays sont invitées à emboîter, pour contribuer à une élection apaisée.

APS

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