Elzo Jamdong transcende les frontières de la créativité pour livrer un projet profondément engagé et innovant : « Mën na nek ». Plus qu’un album, cette œuvre se veut un manifeste social, porté par un format symbolique et un appel vibrant à la jeunesse sénégalaise pour croire en son potentiel et bâtir un avenir prometteur sur son sol.
Elzo Jamdong continue de surprendre et de fasciner, livrant une fois de plus un projet qui dépasse les attentes et redéfinit les normes. Avec son dernier album intitulé « Mën na nek » – « c’est possible » en langue wolof – , l’artiste démontre que créativité et engagement peuvent se conjuguer pour inspirer un véritable élan de transformation sociale.
C’est ainsi qu’après avoir marqué les esprits en 2016 avec un album présenté sous forme de bracelet USB, il innove cette fois-ci avec un format inédit : le passeport, décliné en version ordinaire et diplomatique. Ce choix audacieux, bien plus qu’un simple objet, traduit une volonté symbolique de porter le public vers un voyage culturel et introspectif.
GESTATION DU PROJET
Ce nouvel opus s’inscrit dans un projet ambitieux amorcé en 2022 en partenariat avec la coopération allemande au Sénégal (GIZ). L’initiative vise à encourager la jeunesse sénégalaise à trouver des voies de réussite au sein de leur propre pays. À travers son slogan “mën na nek”, Elzo Jamdong incarne un message d’espoir et de persévérance, affirmant que le succès n’est pas réservé à l’ailleurs. Lui-même revenu au Sénégal après de longues années passées à l’étranger, il symbolise cette philosophie et s’impose comme un modèle d’inspiration.
Pour concevoir cet album, le rappeur a parcouru les quatorze (14) régions du Sénégal. Une démarche qui traduit son profond attachement aux racines culturelles de son pays.
Chaque région, avec ses spécificités et ses talents, a contribué à enrichir le projet, tant sur le plan musical qu’humain. L’artiste a également utilisé ce périple pour produire quatorze (14) émissions télévisées, faire le même nombre de podcasts et de concerts. Ceci dans l’optique d’engager des dialogues avec les jeunes afin de mettre en exergue les ressources inestimables de chaque localité. Ces échanges se veulent un écho aux potentialités locales, souvent méconnues, mais capables d’offrir des perspectives d’avenir prometteuses.
Toutefois, malgré ce succès éclatant, l’artiste n’ignore pas les défis auxquels est confronté le secteur culturel et en particulier le hip-hop. À cet effet, il a soulevé l’importance de reconnaître les métiers qui composent cette industrie, souvent relégués dans l’ombre. L’auteur de « mbi fé », quatrième track de l’album, en collaboration avec Baïdy de « Biddew bou bess » et Coco Cissoko, plaide pour une meilleure valorisation des acteurs culturels. Aussi, déplore-t-il l’évolution des habitudes des gens, trop souvent cloîtrés chez eux, absorbés par les réseaux sociaux. Ainsi, il invite les Sénégalais à renouer avec les spectacles vivants, indispensables pour maintenir une dynamique artistique et culturelle. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’idée ingénieuse du passeport a surgi pour, en réalité, fidéliser son public. Le passeport permet à ses détenteurs de bénéficier de réductions ou d’entrées gratuites à ses concerts. Ce geste, loin d’être anodin, témoigne de son désir de rendre la culture accessible tout en soutenant le développement du secteur musical.
SÉANCE D’ÉCOUTE
Pour célébrer la sortie de cet album, Elzo Jamdong a organisé une séance d’écoute au Grand Théâtre National Doudou Ndiaye Coumba Rose de Dakar. Cet événement, qui s’est déroulé dans une atmosphère conviviale et chaleureuse, a réuni des figures emblématiques du hip-hop sénégalais telles qu’Awady, Kilifeu et Ndongo D. Le directeur du Grand Théâtre, Serigne Fall Guèye, et d’autres acteurs influents du secteur culturel ont également répondu présents pour saluer cette réalisation artistique d’envergure.
Dans cette ambiance réunissant la crème du hip-hop sénégalais, Elzo n’a pas manqué de rappeler combien ces personnalités ont marqué son enfance et influencé son parcours musical qui ne reflète rien d’autre que sa force fédératrice et son humilité qui ne s’est pas fanée malgré l’usure du temps.
Toutes ces qualités font qu’à travers cette dernière trouvaille dénommée « Mën na nek”, le rappeur offre bien plus qu’un simple album. Il livre une vision, un cri d’espoir et une invitation à croire en la capacité de bâtir un avenir prospère au Sénégal. À travers sa musique, ses initiatives et son engagement, il prouve que, oui, tout est possible pour ceux qui osent rêver et persévérer.
Penda THIAM