CHOISIR ENTRE LA FRANCE ET LA RUSSIE : Diomaye Faye maintient la diplomatie sénégalaise centriste

Depuis le début des hostilités entre la Russie et l’Ukraine, le Sénégal, sous la direction de Macky Sall et maintenant, sous celle de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, adopte une politique de neutralité, priorisant la lutte contre le terrorisme et le développement économique. La rencontre de Diomaye et Macron à Paris ainsi que l’audience accordée par le chef d’État sénégalais au vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mickaïl Bagdanov, illustrent cette posture.

Le Sénégal, depuis le début de la guerre russo-ukrainienne, adopte la neutralité. En juillet 2023, le président de la République, Macky Sall, disait en Russie : « C’est le même discours qu’on tient à Dakar, ici où à Washington ». Le quatrième chef d’État du Sénégal avançait, à l’époque, que l’urgence pour l’Afrique est ailleurs. « Chaque génération a son combat à mener. Le nôtre, c’est d’abord de combattre le terrorisme qui est en train de gangréner notre continent, mais aussi de travailler pour le développement de notre continent », précisait-il, afin de faire entendre aux belligérants que l’Afrique, en général, et le Sénégal, en particulier, ne devraient pas accepter – ou même ne permettront pas pour certains – de subir encore une guerre par procuration entre différentes puissances.

Aujourd’hui, le successeur de Macky Sall, le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, semble opter pour la même posture. Ce dernier, s’étant rendu en France, juin dernier, devant son homologue français, a tenu un discours équilibriste, appelant à un nouveau souffle dans les rapports sénégalo-français. Les deux dirigeants, sans évoquer la crise russo-ukrainienne, sont tombés d’accord sur « un respect mutuel, un partenariat équilibré au service des intérêts réciproques des deux peuples, unis par des valeurs démocratiques partagées, par un lien humain et une relation d’amitié ». Et pourtant, la France, premier investisseur étranger du Sénégal, avec 12 % des parts de marché en 2023, contre 10,9 % pour la Chine, est un allié sûr de l’Ukraine.

D’ailleurs, c’est la raison pour laquelle, après ce voyage à l’Hexagone, que Diomaye Faye a subi les foudres des adeptes d’une rupture totale avec l’ancien colon, qui auraient voulu que le Sénégal rejoigne l’Alliance des États du Sahel (AES).

Cependant, malgré l’attitude renfermée des putschistes de cette confédération, le président sénégalais continue à vouloir maintenir le dialogue, favorisant l’union au 65e Sommet ordinaire des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) où il a été désigné facilitateur en vue de pourparlers avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Un rôle qu’il partagera avec Denis Sassou-Nguesso, président la République du Congo.

C’est ainsi que, dans la même dynamique de maintenir, apparemment, la diplomatie sénégalaise centriste, le président Diomaye Faye a reçu, ce mercredi, Mikhaïl Bogdanov, envoyé par Vladimir Poutine, le chef d’État russe. Le vice-ministre des Affaires étrangères a échangé avec Diomaye du renforcement de la coopération bilatérale diversifiée entre le Sénégal et la Russie. Par ailleurs, dans la facilitation des échanges commerciaux entre les deux pays, l’ouverture de la chambre de commerce et d’investissement d’Afrique, de Russie et d’Eurasie (CCIAR) était également au programme, hier.

À noter que, d’autre part, jusqu’à présent, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, ne s’est pas encore prononcé clairement sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Après son élection, il s’est contenté de rassurer les partenaires du Sénégal. « Je voudrais dire à la communauté internationale, à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux que le Sénégal tiendra toujours son rang, il restera le pays ami et l’allié sûr et fiable de tout partenaire qui s’engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive », affirmait l’alter ego du Premier ministre, Ousmane Sonko.

Le Dakarois

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