Selon une récente étude de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), la consommation de cannabis en prison est largement répandue, avec un détenu sur quatre affirmant en fumer quotidiennement. Cette enquête, appelée ESSPRI (Enquête sur la santé et les substances en prison), a été menée auprès de 1 094 hommes détenus âgés de plus de 18 ans et ayant passé plus de trois mois en détention. Elle constitue la première enquête représentative à l’échelle de la France sur ce sujet spécifique.
Les résultats de l’étude révèlent que près de quatre détenus sur cinq (77%) ont déjà consommé au moins une fois l’une des sept substances psychoactives étudiées : tabac, alcool, cannabis, cocaïne, crack, MDMA et héroïne. En ce qui concerne le cannabis, la moitié des détenus (49%) déclarent en avoir consommé au moins une fois pendant leur détention, et la prévalence d’usage quotidien est estimée à 26%.
Outre le cannabis, l’étude met en évidence la consommation d’autres substances telles que le tabac et l’alcool, qui sont également largement répandues en prison. En effet, 73% des détenus ont déclaré fumer du tabac en 2023, avec 63% d’entre eux en fumant quotidiennement, soit 2,5 fois plus qu’en population générale.
Selon les experts, la prison ne semble pas être un lieu d’initiation à la consommation de drogues, mais plutôt un endroit où les consommations sont plus élevées qu’en population générale. Ils soulignent également que la représentation de l’accessibilité du cannabis et de l’alcool en détention diffère de la réalité, le cannabis étant considéré comme plus facilement accessible que l’alcool.
Pour lutter contre ce phénomène, les experts recommandent une densification des consultations en addictologie en prison, ainsi que des mesures visant à limiter l’introduction de substances illicites. Une seconde enquête est prévue en 2025, cette fois-ci en incluant les femmes incarcérées et en se concentrant sur les détenus en Outre-mer.