Le Mouvement pour la Transformation Nationale (MTN), dirigé par le professeur Marie Teuw Niane, connaît un profond malaise avec le départ de 39 responsables départementaux qui ont choisi de quitter le parti. Ces dissidents, reprochant au leader de négligences et de favoritisme, ont annoncé la création d’une nouvelle entité, l’Action pour le Développement et la Souveraineté (ADS). Ce départ massif reflète une fracture croissante au sein de la formation politique, autrefois unie autour de la vision de Marie Teuw Niane.
Parmi les griefs exprimés par les dissidents, la nomination du fils de Marie Teuw Niane au poste de trésorier général occupe une place centrale. Selon les ex-membres, cette décision prise le 8 octobre contrevient aux principes de transparence et de neutralité qui devraient régir les associations politiques, en particulier celles dont l’objectif n’est pas commercial. Abdou Wakhab Kâ, ancien secrétaire général du MTN, exprime son indignation : « Le choix de nommer son fils rappelle des tendances dynastiques déjà observées sous Abdoulaye Wade, puis Macky Sall. Ce type de gestion confine à une forme de patrimonialisation du parti. »
Les dissidents rappellent également que même l’acronyme « MTN » évoque directement les initiales de Marie Teuw Niane, un choix initialement controversé au sein du mouvement. Pour eux, cette nomination et la personnalisation du parti marquent une dérive anti-démocratique et une tentative de monopolisation de l’appareil politique.
Les anciens responsables du MTN dénoncent également un éloignement de leur leader, devenu, selon eux, injoignable depuis sa nomination dans les hautes sphères de l’État sous le président Macky Sall. « Durant cinq mois, aucun membre du MTN ne pouvait entrer en contact avec lui », confie le porte-parole des dissidents, soulignant le malaise profond ressenti par les cadres du parti. Les efforts pour rétablir le dialogue, y compris une réunion du comité exécutif, n’ont pas suffi à apaiser les tensions.
L’exclusion des membres du MTN des listes de la mouvance présidentielle pour les récentes élections législatives a également été perçue comme un signe de mépris. Aucun cadre du parti n’a été désigné comme candidat ou suppléant. Ce manque de reconnaissance a été interprété par les dissidents comme un échec de Marie Teuw Niane à défendre les intérêts du MTN auprès de la coalition au pouvoir, renforçant la déception et l’amertume parmi les responsables régionaux.
En réponse à ces frustrations, les 39 responsables dissidents ont décidé de créer l’Action pour le Développement et la Souveraineté (ADS), un nouveau mouvement politique qu’ils espèrent plus démocratique et transparent. Cette scission affaiblit considérablement le MTN et met en lumière des critiques de plus en plus récurrentes dans la sphère politique sénégalaise concernant les dérives dynastiques et le manque de transparence au sein des partis.
Le professeur Marie Teuw Niane, jadis respecté pour sa vision de transformation nationale, se retrouve face à une crise majeure qui pourrait redéfinir l’avenir de son parti. Tandis que l’ADS émerge, le MTN semble sur le point de perdre son unité et peut-être son influence.