Nationalité ivoirienne de Tidjane Thiam : entre bataille judiciaire et enjeu politique à la veille de la présidentielle de 2025

Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et candidat désigné à la présidentielle d’octobre 2025, Tidjane Thiam, se retrouve au cœur d’une tempête politico-judiciaire. Selon le média ivoirien 7info, l’ancien ministre et haut cadre international a officiellement saisi le ministère de la Justice pour obtenir un certificat de nationalité ivoirienne, une démarche confirmée par son avocat, Me Ange Rodrigue Dadjé.

Cette requête intervient dans un contexte juridique tendu, marqué par une décision du Tribunal de Première Instance d’Abidjan suspendant temporairement la délivrance du certificat, en attendant l’issue d’une procédure judiciaire en cours. Au cœur du litige : une plainte déposée par Valérie Yapo, militante politique, contestant la légitimité de Tidjane Thiam à la tête du PDCI, arguant qu’il n’était pas de nationalité ivoirienne au moment de son élection à la présidence du parti.

L’affaire repose en grande partie sur la naturalisation française de Tidjane Thiam en 1987, qui, selon un jugement rendu le 22 avril 2025, aurait entraîné automatiquement la perte de sa nationalité ivoirienne, conformément à la législation ivoirienne sur la nationalité. Cette décision a conduit à sa radiation de la liste électorale, compromettant de fait sa participation à l’élection présidentielle.

Pourtant, dans une tentative de clarification, le ministère de la Justice a déclaré, le 28 avril 2025, que Tidjane Thiam “n’a jamais été apatride” et reste “indiscutablement Ivoirien”, du fait de sa nationalité d’origine acquise à la naissance. Cette position semble en contradiction avec la décision judiciaire, révélant ainsi un flou juridique sur l’interprétation des textes relatifs à la double nationalité et à la perte automatique de la nationalité d’origine en cas de naturalisation étrangère.

Afin de clarifier sa situation et de réaffirmer son attachement à la Côte d’Ivoire, Tidjane Thiam a officiellement renoncé à sa nationalité française, une décision publiée au Journal officiel français le 20 mars 2025. Cependant, cela n’a pas modifié la décision du tribunal, qui estime que la perte de la nationalité ivoirienne est intervenue dès 1987 et que la renonciation récente ne suffit pas à rétablir ses droits civiques sans une démarche légale formelle de réintégration.

À cinq mois d’une élection présidentielle cruciale, cette controverse soulève des suspicions d’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Les partisans de Thiam dénoncent une manœuvre destinée à l’écarter du processus électoral, au moment même où il apparaît comme une figure centrale de l’opposition et une alternative sérieuse au pouvoir en place.

De leur côté, ses détracteurs insistent sur le respect strict des dispositions constitutionnelles, affirmant qu’aucune faveur ne devrait être accordée à un candidat, quel que soit son statut ou son parcours.

La délivrance du certificat de nationalité demeure suspendue à une décision de justice à venir, alors que la pression monte sur les institutions pour clarifier la situation. Si la procédure ne lui est pas favorable, Tidjane Thiam pourrait être empêché de se présenter à l’élection présidentielle, un scénario qui redéfinirait radicalement l’équilibre politique ivoirien à l’aube de 2025.

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