L’Unicef estime que 300 000 garçons et filles sont actuellement enrôlés de force dans des groupes armés dans le monde, un chiffre en constante augmentation ces dernières années, particulièrement sur le continent africain.
L’Unicef rappelle dans son plaidoyer que ces filles et ces garçons, « témoins d’horreurs, de conflits ou forcés d’y prendre part, sont avant tout des victimes ». L’organisation onusienne rappelle que ces enfants ne sont pas forcément envoyés au front, mais qu’ils sont contraints de travailler au quotidien, soumis, parfois à 6 ou 7 ans, frappés, violés.
Les zones de conflit sont donc le terreau des enlèvements d’enfants, des enrôlements forcés accentués dans ces territoires où les groupes armés interdisent aux populations d’aller notamment aux champs. L’Unicef note d’ailleurs que les zones de conflit coïncident aussi de plus en plus avec les régions touchées par les sècheresses.
Dès qu’elle le peut, l’Unicef alerte et travaille avec les États concernés, comme en Somalie en 2002 où 600 mineurs ont été libérés et où, ensuite, ont été mis en place des processus de réintégration, avec appui psychologie et avec recherche des familles. Au sein de l’organisation onusienne, les responsables rappellent que la résilience de ces enfants est remarquable et que leur capacité à se reconstruire est très importante, malgré les traumatismes vécus. Questions à Adele Rutsobe, chargée de la protection de l’enfant en action humanitaire en Afrique.
Ce 12 février marque la Journée internationale des enfants-soldats. Quelle est la situation en Afrique ?
Adele Rutsobe : Malheureusement, le nombre d’enfants associés aux forces armées et groupes armés augmente chaque année à cause de plusieurs facteurs. Notamment, il y a l’instabilité politique, l’augmentation des conflits armés, la région de l’Afrique de l’Ouest et du Centre dans laquelle je travaille est la région avec le plus grand nombre de cas de recrutement et utilisation des enfants. Nous avons plus de 48 000 enfants recrutés et utilisés, avec la RDC, le Nigeria, la République centrafricaine et le Mali parmi les pays les plus affectés au monde.
Les programmes que vous mettez en place donnent des résultats. Les enfants-soldats qui sont sortis de la guerre réintègrent très bien la société…
Je peux confirmer que cela fonctionne. Un enfant qui a été associé aux forces armées et groupes armés peut retrouver une vie normale. Et ayant travaillé déjà dans ces domaines pendant plus de douze ans, je peux donner l’exemple du Mali où j’ai travaillé pendant plus de cinq ans. Donc j’ai été témoin d’un nombre d’enfants qui ont été séparés, des groupes armés qui ont bénéficié des soutiens qui sont redevenus aujourd’hui des membres sur lesquels toute la communauté compte.
Il s’agit des enfants du nord du Mali et du centre du Mali. Des centaines d’enfants qui ont été recrutés et utilisés par des groupes armés, donc qui ont bénéficié de ces services, des protections et de réintégration socio-économique et qui ont retrouvé leur vie normale. Et cela grâce à une prise en charge adéquate et des services de réintégration socio-économique, mais aussi d’un suivi psychosocial. Donc le cas du Mali n’est pas le seul, il y a aussi beaucoup d’autres cas de succès dans d’autres pays.